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Suisse

Heidi.news dans la tourmente

La presse spécialisée en ligne a mal à son modèle d’affaires 


Maude Bonvin

Maude Bonvin

7 juin 2023 à 23:12

Temps de lecture : 1 min

Médias » Les scientifiques de l’info ont le moral dans les chaussettes. «Dans l’équipe, il y a une grosse déception», confirme le rédacteur en chef d’Heidi.news, Serge Michel. Un employé craint tout particulièrement que le média en ligne spécialisé dans la science, la santé et l’environnement se transforme en coquille vide. Signe que l’ambiance s’avère tendue, aucun autre salarié n’a osé s’exprimer dans nos colonnes. Les journalistes d’Heidi.news oscillent entre désespoir et colère. 

Selon un article du Blick.ch publié fin mai, les activités du site d’information devraient être en partie reprises par Le Temps. Le maintien de tous les emplois n’est pas garanti, d’autant plus que le quotidien économique fait face à des difficultés financières. Il enregistrerait un déficit de trois millions de francs pour l’année en cours, une information non confirmée par le journal. Depuis sa création il y a 25 ans, le média romand n’a enregistré que quelques exercices bénéficiaires. 

Le Temps appartient à la fondation Aventinus, créée en 2019 pour soutenir la diversité de la presse romande. Composé de quatre personnes dont l’ancien conseiller d’Etat genevois François Longchamp, son conseil de fondation ne compte aucun journaliste. Aventinus a refusé de répondre à nos questions. Elle regroupe notamment trois fondations romandes: Leenaards, Jan Michalski présidée par Vera Michalski-Hoffmann, l’une des héritières des fondateurs de Roche, et Hans Wilsdorf, propriétaire de Rolex. 

Pas un puits sans fond

Lors du rachat au groupe de presse Ringier Axel Springer en 2020, François Longchamp prévenait: «Le quotidien disposera de moyens supplémentaires notamment pour la couverture dans les régions mais ne sera pas un puits sans fond.»

De son côté Heidi.news emploie une quinzaine de collaborateurs à Genève et compte des correspondants aux quatre coins du monde. 

En avril, le magazine en ligne Republik annonçait se séparer de huit collaborateurs, faute de rentabilité. D’après un spécialiste du secteur, la presse en ligne ne souffre pas davantage que les autres médias. C’est le modèle d’affaires reposant sur les abonnements qui affronte désormais des vents contraires. 
Heidi.news se finance uniquement par ce biais. Le nombre d’abonnés a augmenté entre son lancement en 2019 et 2021. Depuis, il stagne voire s’érode légèrement. Début mai, le portail d’information comptait 6200 personnes abonnées, loin des 15’000 visées au départ. Les abonnements standards vont de 50 francs par an pour l’offre de base à 240 francs. 

Financement participatif

La marque appartient majoritairement au Temps depuis mai 2021. Ce rachat a été rendu possible grâce au financement d’Aventinus. Il a débouché, quelques mois plus tard, sur l’engagement de quatre journalistes. 
Pas question donc aujourd’hui d’une fusion. Le média en ligne continuera d’ailleurs d’exister. Il compte toujours publier de grandes enquêtes, des reportages et des scoops. Pour rappel, il a notamment révélé l’affaire de maltraitance sur des enfants autistes au foyer de Mancy dans le canton de Genève.

A la rentrée, il lancera une nouvelle formule de sa newsletter phare du matin, le Point du jour. Serge Michel précise que ce service compte 16’000 inscrits aux formules payantes et gratuites. Il désire l’étoffer avec de nouvelles rubriques, de nouveaux auteurs et de nouvelles villes d’envoi, au côté de Hong Kong, Moscou, Milan, Niamey et New York. Le site d’information met par ailleurs sur pied une opération de crowdfunding pour son enquête sur les entreprises suisses qui collectent les données personnelles, appelée «Ma vie Cumulus». 

Plan d’économies

Du côté du Temps, aucun poste n’est supprimé à ce stade. «Le journal connaît une année publicitaire difficile et doit donc prendre des mesures pour encore mieux maîtriser ses coûts», reconnaît son administrateur-délégué, Tibère Adler. Le quotidien a perdu un gros annonceur: Credit Suisse en voie d’absorption par UBS. Diverses mesures sont à l’étude, y compris sur d’éventuelles suppressions de postes. Les employés devraient être fixés sur leur sort ces prochaines semaines. 

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