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Suisse

Deux visions sur le consentement

Pour Amnesty International, c’est un principe qui représente le meilleur moyen de lutter contre le viol

En 2019, Amnesty International lançait une pétition visant à imposer la solution du consentement dans la définition du viol.

 Sophie Dupont

Sophie Dupont

13 avril 2022 à 04:01

Violences sexuelles » «Seul un oui est un oui.» Alors que le droit pénal en matière sexuelle est en cours de révision par le Parlement fédéral, Amnesty International a défendu hier l’introduction du principe du consentement dans la loi afin de lutter contre les violences sexuelles. «Dans la société et au niveau politique, la thématique du consentement est toujours plus présente. Pour les plus jeunes, le consentement va davantage de soi», se réjouit Alexandra Karle, directrice. L’organisation a présenté une étude sur la perception des violences sexuelles par la société.

Les résultats montrent que 45% des Suisses seraient en faveur de l’introduction du consentement dans la loi (sur 1000 personnes interrogées). Pour 27% des sondés, la solution «Non, c’est non», soit un refus clairement exprimé, est la meilleure manière de combattre les violences sexuelles. Enfin, 15% n’ont pas d’avis et 13% se prononcent en faveur du statu quo, soit la reconnaissance d’un viol s’il y a contrainte.

«Deux fois plus de personnes favorisent la solution du consentement à celle du refus. Plus la personne est jeune, plus c’est le cas», observe Cloé Jans, de Gfs-bern. Les personnes ne se reconnaissant dans aucun genre soutiennent massivement le consentement. Elles sont aussi plus à risque d’être victimes de violences. L’enquête a été menée en ligne, sur base volontaire.

Diverses interprétations

Une large majorité des personnes sondées (81%) affirment s’assurer du consentement de leur partenaire dans leurs pratiques. Mais les interprétations du consentement et la vision des relations divergent. Un quart des sondés pensent que se taire équivaut à un oui. Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à estimer que la personne est consentante si elle a déjà dit oui dans le passé. Ils relèvent plus souvent qu’ils ont déjà dépassé les limites de leur partenaire, de manière involontaire. Les hommes ont aussi davantage tendance à penser que demander l’accord à son partenaire nuit au romantisme.

«De manière générale, ils voient moins les problèmes de violence sexuelle que les femmes. Par contre, les jeunes en sont davantage conscients», poursuit Cloé Jans.

Stéréotypes ancrés

Alors que s’assurer du consentement est important pour les sondés, communiquer sur ses besoins reste difficile. Une majorité affirme avoir de la peine à parler de ses préférences et de ses limites. Et plus d’un tiers trouve compliqué d’évaluer ce que souhaite son partenaire.

Certains stéréotypes ont encore la vie dure, comme le fait que les femmes auraient des besoins sexuels plus complexes. Pour les sondés, les violences sexuelles ne sont toutefois pas une affaire privée. La société, le parlement, et les institutions de formation sont cités comme acteurs de premier plan pour les combattre.

Verbal ou non verbal

Amnesty International rappelle que seule l’introduction du consentement dans la loi respecte la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, ratifiée par la Suisse. «Le consentement peut être verbal ou non verbal, l’introduire dans la loi est le meilleur moyen de couvrir toutes les violences sexuelles», affirme Cyrielle Huguenot, responsable des droits des femmes à Amnesty.

Elle rappelle que dans certaines situations, les victimes sont dans l’incapacité d’exprimer un refus. Cela arrive lorsqu’elles sont prises par surprise, trompées sur l’intention de leur agresseur ou lorsqu’elles se trouvent dans un état de sidération, moyen de défense psychologique qui empêche de réagir. «Un partenaire ne peut pas simplement se servir tant qu’il n’y a pas de non», souligne Cyrielle Huguenot.

Soutien des pères

L’introduction du consentement dans la loi est également soutenue par männer.ch, faîtière des organisations suisses d’hommes et de pères. «Après d’intenses discussions à l’interne, nous avons été convaincus qu’il était temps d’ancrer le principe selon lequel seul un oui est un oui», rapporte Markus Theunert, directeur général.

Dans toute relation humaine, il est du devoir de chacun de s’assurer que ses actions conviennent aux autres et il ne voit pas de raisons pour que les relations sexuelles dérogent à ce principe. «Il n’est pas question de signer un contrat au lit, comme cela a parfois été présenté de manière trompeuse. Il s’agit simplement de rester en contact avec son partenaire et de ne pas l’utiliser comme un objet», conclut-il. Le Courrier

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