Un retour abrégé mais émoustillant

Tennis » Dix ans. Dix ans que, pour des raisons de santé et de choix de calendrier, pour des raisons contractuelles aussi, Stan Wawrinka n’était plus revenu à Gstaad, là où il avait disputé sa première finale sur le Circuit ATP, en 2005. Autant l’écrire tout de suite: les retrouvailles avec le public bernois ont été brèves, très brèves, mais émoustillantes.

«Emoustillé», un qualificatif sorti de la bouche de ce spectateur venu très tôt sur la Roy Emerson Arena, soucieux de ne pas manquer l’arrivée d’un joueur qu’il n’avait plus revu en chair et en os depuis «la Coupe Davis à Fribourg», il y a 11 ans déjà. Alors, Wawrinka n’était pas encore «Stanimal» ni même «Stan the man», ce joueur physique qu’un revers d’une pureté absolue avait rendu charismatique, malgré une timidité elle-même absolue.

Les 13 premiers points

Retombé à la 74e mondiale, il n’a plus la régularité qui était la sienne il y a quelques belles années encore, lorsque les blessures s’accordaient pour épargner son corps de trentenaire. Hier pourtant, le Vaudois est redevenu 40 minutes durant ce triple vainqueur de grand chelem qui se plaisait à martyriser les plus grands, le «Big Three» y compris. Roberto Carballes Baena (ATP 60) ne dira pas le contraire, lui qui, roué de coups, la nuque (ou le dos?) en vrac, a jeté l’éponge à 6-1 3-1, après avoir imploré l’aide de ses proches puis celle de la «physio», à même le court.

Biaisé, ce premier tour? Oui, bien sûr que oui, l’Espagnol s’étant déjà retiré du double la veille, preuve que quelque chose ne tournait déjà pas rond. Mais la manière dont Stan Wawrinka a abordé son «come-back» – il a gagné les 13 premiers points – laisse à penser que le père de famille inquiet du bien-être de sa fille alors même qu’il honore ses obligations médiatiques est en forme. «Ce n’est pas comme cela que l’on espère finir un match, soupire-t-il, mais si je regarde mon niveau de jeu et seulement mon niveau de jeu, je suis content. Le fait d’avoir réussi à être concentré et relâché en même temps m’a permis de montrer un très bon tennis.»

Peut-il aller au bout?

Il y a deux semaines déjà, à Wimbledon, le natif de Saint-Barthélemy n’avait pas été ridicule face à un Novak Djokovic à qui il aurait pu, dû piquer un set. La terre battue de Gstaad n’est pas le gazon de Londres. Mais la vague sur laquelle surfe Stan Wawrinka semble résolument positive. Considérant que la première tête de série du tableau est Roberto Bautista Agut (ATP 25) et que la deuxième se nomme Miomir Kecmanovic (ATP 44), un Serbe, une question brûle les lèvres: peut-il aller au bout?

«Jamais je ne me suis inscrit à un tournoi en me disant que je pouvais le gagner, nuance-t-il. Je ne le faisais pas lorsque j’étais 3e mondial et je ne vais pas commencer à le faire à 38 ans. Je sais que les gens n’aiment pas entendre ce que je vais dire, mais chaque match est différent. Personne n’est à l’abri d’une défaite.» Et de conclure sur une touche résolument optimiste, avant de rejoindre ses proches venus le soutenir: «Je sais que je suis capable de battre chaque joueur que j’affronte. Cela ne veut pas dire que je vais le faire, mais j’ose croire que j’ai encore un peu de tennis devant moi. En tout cas, tant que je me sentirai compétitif, je continuerai, car la passion est toujours là.» Jaume Munar (ATP 110), son prochain adversaire, est averti: Stan Wawrinka aussi est émoustillé.

Résultats

Gstaad. Swiss Open. ATP 250 (630 705 euros/terre battue). Simple. Premier tour: Dominic Stricker (SUI) bat Arthur Fils (FRA) 7-6 (7/4) 7-6 (7/4). Stan Wawrinka (SUI) bat Roberto Carballés Baeña (ESP/6) 6-1 3-1 w.o. Albert Ramos (ESP) bat Fabio Fognini (ITA) 6-1 2-6 6-2. Facundo Bagnis (ARG) bat Arthur Rinderknech (FRA) 6-2 2-6 6-3. Pedro Cachin (ARG) bat Taro Daniel (JPN) 6-4 6-1. Juan Pablo Varillas (PER) bat Olli Virtanen (FIN) 6-2 6-3.