Novak Djokovic. Le meilleur pour les statistiques aussi

Tennis » «Je n’ai jamais travaillé pour lui mais j’ai travaillé contre lui, dans la mesure où deux de mes clients l’ont déjà battu. Est-ce grâce à la préparation du match par les statistiques? Je ne sais pas. Mais le fait est qu’ils ont pu s’imposer.» Joint par téléphone, Fabrice Sbarro est au tournoi ATP 500 de Dubai, où se trouve aussi Novak Djokovic, lequel a étrenné hier sa 378e semaine à la place de No 1 mondial. Un record absolu que l’Allemande Steffi Graf détenait mais ne détient plus, dépassée par un trentenaire serbe à l’ambition intacte.

Né à Grandson, Fabrice Sbarro, 43 ans, se destinait à une carrière d’entraîneur, qu’il est devenu, avant de se spécialiser dans l’analyse et l’interprétation des statistiques, indissociables du tennis. A son compte depuis 2019, année où il a pu se faire un nom sur le Circuit, il dirige en parallèle le département «analyses» de l’agence Edge international quand il n’écrit pas de livre. Non, le Vaudois n’est pas un fan de Djokovic. «De par mon métier, je ne suis fan de personne, même s’il y a eu une période où j’aimais beaucoup Rafa (Nadal)», tient-il à préciser. Il n’empêche: l’expert en «datas», qu’il collectionne depuis plus de 15 ans, pense comme beaucoup d’autres que «Djoko» est le meilleur joueur de tous les temps, ce que les chiffres dont il raffole tendent à prouver. Démonstration.

Depuis l’ère Open

«Djokovic a gagné 55% des points qu’il a disputés en 2022. Un résultat exceptionnel», commence Fabrice Sbarro, qui ne se base pas sur la seule saison écoulée mais sur des données qui pour certaines datent du début de l’ère Open, à savoir 1968, année où professionnels et amateurs ont été autorisés à participer aux tournois du grand chelem. Une révolution. A partir de 1968 donc, l’homme a compilé, et le travail est colossal, les statistiques de chaque membre du top 10, toutes époques confondues, faut-il le rappeler.

«J’ai pris les cinq coups de base: le service, le retour, le coup droit, le revers et la volée, explique-t-il. Pour chaque coup, j’ai créé deux catégories: le nombre de points et le nombre de fautes. Il s’avère que Djokovic est le seul à faire en moyenne plus de points que de fautes dans l’ensemble des compartiments du jeu.» Et Fabrice Sbarro d’insister: «Evidemment, s’il joue John Isner (un double mètre américain qui sert le plomb, ndlr), il fera moins d’aces ou de services gagnants que lui. Evidemment, s’il joue Maxime Cressy (un autre géant américain qui occupe actuellement la 36e place mondiale), il réussira moins de points au filet que lui. Mais je parle bien d’une moyenne sur l’ensemble d’une carrière.»