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Commentaire. inimitable Djokovic

«Novak Djokovic, c'est une ambition revancharde qui se nourrit encore et toujours du désamour du public», commente Pierre Salinas au sujet du 24e sacre en grand chelem du Serbe.

Novak Djokovic a remporté dimanche l'US Open. Une victoire en finale en trois sets face à Daniil Medvedev. © Keystone

Pierre Salinas

Pierre Salinas

12 septembre 2023 à 12:00

Commentaire

Tennis » Quarante-huit heures après le sacre de Novak Djokovic à l’US Open, son 24e en grand chelem, il ne s’agit pas de revenir sur ce caractère volcanique, ces prises de position polémiques ou ce besoin anti-confraternelle au possible de narguer l’adversaire en imitant ses gestes. Non. «Djoko», c’est une ambition revancharde qui se nourrit encore et toujours du désamour du public, bien que celui-ci soit de moins en moins flagrant, il est vrai. C’est aussi un corps de 36 ans corvéable à souhait, du muscle élastique qui tient plus de l’équilibriste que de la pom-pom girl. Ça, on savait.

Dimanche, spectateurs et téléspectateurs ont découvert un No 1 mondial, car Novak Djokovic règne à nouveau sur le classement ATP, plus offensif et généreux que jamais. Pour un renvoyeur frénétique qui prend d’habitude un malin plaisir à gagner en «détruisant» les belles intentions de ses adversaires, voilà qui n’a pas manqué de piquer la curiosité. Conscient du caractère historique que revêtait un nouveau titre, «Nole» a pris son destin en main en multipliant les montées au filet. A son actif, la bagatelle de 22 services-volées lors de la seule finale, alors qu’il ne s’était essayé à l’exercice que 8 fois lors des 6 précédents matches du tournoi new-yorkais. Preuve que, face à un Daniil Medvedev qui campe à Manhattan, et plus loin encore, en retour, la tactique était préméditée.

Avec un taux de réussite irréel de 91% (21 sur 22), elle a fonctionné au-delà des espérances, le Serbe n’étant pas un attaquant-né. Là où Stefan Edberg, Boris Becker, Pete Sampras, Pat Rafter ou encore Roger Federer, comment l’oublier, accompagnaient chacune de leur volée de petits pas vers l’avant, Novak Djokovic les frappe toujours de manière arrêtée, ce qui n’est pas recommandé. On chipote? Les professeurs diraient que non. Ils diraient aussi que le «Djoker» est trop habile, et ce dans toutes les positions, jusqu’aux plus scabreuses, pour que l’on s’acharne sur des considérations purement techniques, voire stylistiques.

Inimitable Novak Djokovic, dont le physique de marathonien-gymnaste et le tennis d’équarrisseur-funambule n’entrent dans aucune case, ni aucun manuel. Mais qui au chapitre «comment faire évoluer son jeu pour rester au sommet» sera à jamais le premier.

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