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Tennis

«Federer sera à nouveau compétitif»

L’année 2021 sera celle du retour du Bâlois. Elle pourrait aussi faire de Djokovic le No 1 des Nos 1


 Pierre Salinas

Pierre Salinas

5 février 2021 à 02:01

Tennis » L’année 2021 aurait dû être celle du retour de la petite balle jaune dans son plus simple appareil: sans bulle, masque ni gel hydroalcoolique. L’espoir d’un monde débarrassé du coronavirus est remis à plus tard, mais la saison qui arrive, aussi fragile et incertaine soit-elle, ne manque pas d’enjeux. Les anciens conserveront-ils leur suprématie? Et qu’est-on en droit d’attendre de Roger Federer? A 72 heures du début de l’Open d’Australie, certaines questions sont plus brûlantes que d’autres. Ancien capitaine de l’équipe de Suisse de Coupe Davis aujourd’hui consultant pour la Télévision suisse italienne (RSI), Claudio Mezzadri, 55 ans, donne son avis.

1 Federer peut-il encore gagner?

Pour la première fois depuis 1998, Roger Federer ne participera pas à l’Open d’Australie, où il avait atteint les demi-finales l’an passé, battu en trois sets par Novak Djokovic. Déjà, quelque chose ne tournait pas rond chez le Bâlois qui, opéré puis réopéré au genou droit, n’a plus disputé le moindre match officiel depuis. Selon une interview accordée à SRF, l’homme aux 20 titres majeurs n’a pas fait le déplacement de Melbourne parce qu’il pensait ne pas être suffisamment prêt physiquement. Dans ce même entretien radiophonique, il a annoncé la date de son retour: le 9 mars au tournoi de Doha. A 39 ans, et après 13 mois sans compétition, que peut-on attendre de celui qui manque beaucoup au tennis et à qui le tennis a beaucoup manqué? Est-il encore capable de s’imposer en grand chelem? Et 2021 sera-t-elle sa dernière saison? Plus que jamais, Federer alimente les rumeurs les plus folles. A moins qu’il faille utiliser le mot «craintes»…

L’avis de Claudio Mezzadri: «Federer a déjà prouvé par le passé qu’il savait gérer de longues pauses. S’il revient, c’est parce qu’il pense qu’il sera à nouveau compétitif, et je le pense aussi. Mais gagner un grand chelem, c’est encore autre chose…»

2 Stan est-il encore «The Man»?

Pour Stan Wawrinka, qui a récemment dévoilé avoir subi le Covid-19 de plein fouet, l’Open d’Australie arrive sans doute un peu trop tôt. Mais à 35 ans, le Vaudois dit avoir encore envie. Peut-il redevenir «Stan The Man», l’homme qui a remporté trois tournois du grand chelem en battant à chaque fois le N° 1 mondial en finale?

L’avis de Claudio Mezzadri: «Pour tous les joueurs de plus de 30 ans, l’élément le plus important est le physique. C’est encore plus valable pour Wawrinka, qui a parfois manqué de constance. Alors oui, s’il est en bonne forme, je le crois encore capable de réussir de belles choses.»

3 Djokovic, No 1 des No 1?

Le gagnant de la pandémie, c’est lui. Grâce au nouveau système de classement établi sur la base des résultats des 24 et non plus des 12 derniers mois, Novak Djokovic a eu beau jeu de terminer l’année 2020 à la première place mondiale. Et ce pour la sixième fois, record de Pete Sampras égalé. S’il devait rééditer cet exploit en novembre prochain, le Serbe, qui possède environ 2000 points d’avance sur Rafael Nadal et 3000 sur Dominic Thiem, pourrait alors être considéré comme le N° 1 des N° 1. Voilà qui doit parler à l’ambition du «Djoker», lequel battra à coup sûr, et très vite, un autre record: celui du nombre de semaines passées au sommet du tennis mondial détenu par Roger Federer (310 contre 305 à Djokovic).

L’avis de Claudio Mezzadri: «Djokovic est toujours aussi motivé et, physiquement, c’est peut-être le plus fort. Pour moi, il y a 80% de chances qu’il finisse l’année à la première place mondiale. Cela ferait-il de lui le meilleur de tous les temps? Pour les statistiques peut-être, mais sur le plan du jeu, non, je ne suis pas d’accord.»

4 Vingt et un, voilà Nadal?

En s’imposant le 11 octobre dernier pour la 13e fois à Roland-Garros, Rafael Nadal avait rejoint Federer au nombre de titres du grand chelem: 20. Et le 21e, c’est pour quand? Car pour l’Espagnol plus que pour son «meilleur ennemi», le 21e n’est plus qu’une question de temps. Si ce n’est à Melbourne, où «Rafa» n’a gagné qu’une seule fois (2009), il y a fort à parier qu’il arrivera en juin. Sur la terre battue parisienne, pardi!

L’avis de Claudio Mezzadri: «Sur dur, Nadal n’ose pas pousser la machine à fond. A cause de son dos et de ses genoux. Mais il y a fort à parier qu’il sera à nouveau le favori à Roland-Garros, même si je m’attends à des confirmations, celles de Thiem, Zverev et Tsitsipas notamment.»

5 Thiem est-il prêt?

Dominic Thiem a gagné l’US Open, ce qui fait de lui un vainqueur en grand chelem. Chose rare à l’ère dite des «cannibales.» Sans rien enlever aux mérites de l’Autrichien de 27 ans, force est de constater que ce dernier a aussi profité de circonstances favorables: le forfait du tenant du titre, Nadal, en est une, la disqualification de Djokovic, une autre. Déjà, Thiem (ATP 3) a prouvé qu’il était un No 1 en puissance. Mais peut-il rivaliser avec ses deux aînés sur la durée?

L’avis de Claudio Mezzadri: «Thiem est devenu un mec: il a gagné un grand chelem! Parce qu’un poids est tombé de ses épaules, il n’en sera que plus dangereux.»

6 C’est qui la patronne?

Ashleigh Barty est un No 1 qui n’a plus joué depuis que le Covid-19 est arrivé dans sa vie, dans la nôtre aussi. Sa dauphine Simona Halep n’a guère brillé en grand chelem l’an passé, au contraire de la 3e du classement, Naomi Osaka, victorieuse à l’US Open. Et si c’était la joueuse aux doubles origines japonaise et haïtienne, la vraie patronne du circuit? Une chose est sûre: redescendue à la 11e place mondiale, Serena Williams ne l’est plus. Ne pas enterrer l’Américaine pour autant. A 39 ans, la petite sœur de Venus cherche à conquérir son 24e titre majeur, ce qui la mettrait au même niveau que l’Australienne Margaret Court. Problème, Serena Williams court après ce nombre d’or depuis janvier 2017! Le temps passe. Est-il déjà passé?

L’avis de Claudio Mezzadri: «Chez les femmes, c’est l’incertitude la plus totale. Barty repart de zéro et Osaka offre davantage de garanties. Quant à Serena Williams, je la crois toujours capable de réussir un exploit, à condition que toutes les planètes soient parfaitement alignées. On peut dire la même chose de Federer.»

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