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Tennis. Bacsinszky, Allegro et Bossel racontent leur première fois sur l'herbe

Timea Bacsinszky, Yves Allegro et Adrien Bossel racontent leur première fois, mémorable, sur gazon

Le gazon, une surface qui a ses propres codes auxquels il faut se familiariser.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

10 juin 2022 à 04:01

Tennis » «La famille où je loge est membre du club de Roehampton, où se déroulent les qualifications de Wimbledon. Le père accepte de nous emmener pour qu’on tape la balle pendant une heure, mais il faut que l’on soit habillé en blanc. Le tee-shirt au moins. Là-bas, ils sont encore à cheval sur les traditions…» Quand son collègue lui a annoncé la bonne nouvelle, le ciel de Londres s’est soudain éclairci et il a sorti de sa valise son polo le plus blafard. Seules les chaussures n’étaient pas immaculées mais, perdues dans les herbes hautes du court No 10, elles ne se verraient pas. Car le gazon était peu entretenu, sinon mal, et, loin des standards du All England Tennis and Croquet Club, la journée découverte des deux amis s’est résumée à une succession de faux rebonds qui ont le mérite de tester patience et réflexes des visiteurs. Au moins ça.

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le nombre de terrain en gazon en Suisse

Ne pas se plaindre. Faire l’expérience du tennis sur gazon a ceci de mémorable qu’il existe peu de courts en cette même matière. En Suisse, il n’y en a que deux ouverts au public: à Bienne, dans l’ancien stade de football de la Gurzelen, où l’association Tennis Champagne a aménagé son jardin mi-hippie, mi-bobo, mais 100% convivial. Utile aussi, puisque c’est là que le Bernois Dominique Stricker a préparé le tournoi ATP de Stuttgart (lire plus bas).

L’herbe, une ennemie qui vous veut du bien mais qui exige le plus souvent du temps pour l’apprivoiser. Ancien matricule 262 à l’ATP aujourd’hui étudiant en 3e année d’architecture, le Fribourgeois Adrien Bossel (35 ans) y a signé ses meilleurs résultats. A Newport, où il s’est extrait par deux fois des qualifications. Spécialiste de double, Yves Allegro (43 ans) a remporté le tournoi de Halle aux côtés de Roger Federer en 2005. Quant à Timea Bacsinszky (33 ans, ex-No 9 mondiale), elle ne l’a pas aimée tout de suite. Mais elle l’a aimée quand même. Pour preuve, son quart de finale à Wimbledon en 2015. Tout est bien qui finit bien. Et la première fois, c’était comment?

1 » Adrien Bossel marchait sur des œufs

«La première fois, c’était en 2010. A Halle. Malgré des chaussures spéciales que j’avais achetées directement sur place, je marchais sur des œufs! Jouer sur gazon, en fait, c’est comme courir sur gazon: tu as une espèce de texture mi-solide, mi-flasque sous tes pieds et tes appuis se dérobent. Sur court en dur, pas de souci: tu contrôles le déplacement. Sur terre battue aussi: la glissade, tu la maîtrises, pour peu que ce ne soit pas le désert du Sahara. Mais sur herbe, bouger est très différent.

Le gazon est pourtant devenu ma meilleure surface. Parce que le rebond est plus bas, il fallait fléchir sur les jambes, et je n’étais pas bon pour cela. Mais la balle ne dépassait pas la hauteur de hanche et, comme elle glissait un peu et qu’elle allait vite, tu avais moins besoin de générer de la vitesse qu’utiliser la vitesse générée par la surface. Pour résumer: ce n’était pas le gros «lift» de Nadal à Roland-Garros qui t’arrache à chaque fois l’épaule. Je dis ça mais, en vérité, je n’en sais rien car je n’ai jamais joué Nadal à Roland-Garros. Ni nulle part, d’ailleurs.»

2 » Timea Bacsinszky et les deux écoles

«La première fois, c’était à Wimbledon juniors, en 2003, et… Et cela avait été un fiasco! J’avais perdu au 2e tour contre la tête de série No 1, sans avoir pris le temps de faire une préparation ad hoc. J’aurais peut-être dû mais, à l’époque, on m’avait dit: «Timea, tu sais, il y a deux écoles. Soit tu t’entraînes d’arrache-pied pendant dix jours pour te familiariser avec la surface, soit tu arrives au dernier moment et tu trouves des solutions toute seule. Au feeling.» J’avais pris l’option No 2 et, dans mon souvenir, je n’avais pas trop, trop vu le puck. D’ailleurs, je ne me rappelle plus du tout du score (6-3 6-0), signe que le match avait été très rapide.

Il a fallu du temps pour trouver mes marques. Le déclic est arrivé en 2014. Il a été mental mais aussi physique, car le gazon exige que tu renforces certaines parties de ton corps que tu utilises moins sur les autres surfaces.»

3 » Allegro, l’exception qui confirme la règle

«La première fois, ce devait être aux qualifications de Wimbledon. Je suis peut-être l’exception qui confirme la règle, mais je me suis tout de suite senti à l’aise. Alors que bon nombre de joueurs éprouvaient des problèmes sur leurs reprises d’appui, je parvenais à bien m’accrocher au sol. Cela peut paraître bizarre, qui plus est sorti de la bouche d’un Suisse. Mais, pour moi, glisser sur terre a toujours été compliqué, alors qu’évoluer sur gazon était naturel. La technique joue un rôle aussi. La mienne était simple, avec des prises pas du tout fermées qui favorisent le jeu à plat et en toucher. Il y a un aspect mental à ne pas sous-estimer non plus. Beaucoup ont peur de l’herbe. Je ne sais pas s’il faut faire un lien de cause à effet, mais j’ai joué au football quand j’étais jeune et je n’avais pas ce frein psychologique.

J’aimais le gazon, je l’aime toujours puisque je suis membre du Tennis Champagne, et la saison n’était jamais assez longue à mon goût. Et pour cause: il m’est arrivé de gagner en trois semaines les deux tiers des points que je faisais en une année!»

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