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Sports motorisés

«Ce nouveau défi me botte»

Deux fois champion en Superstock, Robin Mülhauser découvre la catégorie supérieure en endurance

Robin Mülhauser reprend la compétition ce week-end au Mans.

 Patricia Morand

Patricia Morand

10 juin 2021 à 04:01

Endurance » Vainqueur des deux derniers championnats du monde d’endurance en catégorie Superstock avec son équipe française Moto-Ain, Robin Mülhauser reprend la compétition ce week-end au Mans. Toujours en endurance, mais dans la catégorie supérieure, la principale. La Yamaha R1 Superstock évolue désormais en configuration EWC, toujours avec le numéro 96. «C’est un nouveau défi, un regain de motivation», assure le Fribourgeois de 29 ans. Après les reports, Covid oblige, des 24 Heures du Mans prévues en avril et des 8 Heures d’Oschersleben, en Allemagne, en mai, la saison commence enfin.

Depuis son sacre 2020, acquis l’automne dernier au Portugal, la vie de Robin Mülhauser a changé. «J’ai fini mes études l’année dernière. J’ai terminé mon travail de master en marketing sportif en pleine période du Covid. Pour le valider, je devais effectuer un stage de six mois chez Hostettler à Sursee. En raison des restrictions sanitaires, le stage a finalement duré un an.» Le Sarinois travaille toujours chez l’importateur suisse de Yamaha, comme spécialiste marketing. Un poste à 80%. Avec son travail, son activité de pilote d’endurance et tout ce que cela implique, ses rôles de coach ou de consultant pour la télévision, Robin Mülhauser n’oublie pas sa petite amie. «Je n’arrête jamais, mais c’est cool», s’exclame-t-il.

Le physique, essentiel

L’essentiel de sa préparation a été physique. «Je m’entraîne dix à douze heures par semaine. C’est indispensable. Je fais beaucoup de cardio, car on monte haut dans les pulsations en course, et des intervalles, mais aussi du renforcement, de l’équilibre et du gainage. Les muscles des avant-bras, les triceps, mais aussi ceux de la nuque sont particulièrement sollicités.» Pour se mettre en selle, c’est par contre difficile. «C’est impossible de rouler en Suisse», rappelle Robin Mülhauser. «Et le motocross, je ne fais pas. C’est trop dangereux pour un pilote de vitesse.»

Les heures au guidon ont quasiment été inexistantes. «Le team organise de temps en temps des entraînements. Mais, avec mon job, c’est compliqué», expose le Fribourgeois qui avait donc bien peu roulé avant les essais privés de mardi sur le circuit du Mans, où se déroulera ce week-end la première manche du mondial d’endurance. Il a eu des tests en Espagne, une séance en avril sur le circuit de la Sarthe et des entraînements sous une pluie battante en mai à Bresse (où son équipe est basée) à se mettre sous le poignet. «Nous sommes tous logés à la même enseigne.»

«C’est possible de rivaliser»

Engagé depuis 2017 en endurance, Robin Mülhauser va découvrir cette saison le plus haut niveau. «Il y a pas mal à apprendre dans le domaine du pilotage, mais également de la technique, souffle-t-il. «La concurrence est plus grande. Il y a des équipes d’usine qui disposent d’un budget trois fois supérieur au nôtre avec notre Yamaha R1 privée. Mais c’est possible de rivaliser. En Superstock, tout le monde avait la même moto. Tout était défini. En Superbike, c’est quasi libre. On peut changer toutes les pièces de la moto. Pour faire des économies, nous travaillons les pièces nous-mêmes avec un ingénieur. Nous avons eu quelques pépins, mais nous avons encore des choses à découvrir…»

L’idée du changement de catégorie est venue de l’écurie Moto-Ain elle-même, écurie fondée en 1997 par Pierre Chapuis. «Nous, les pilotes, le désirions aussi après avoir gagné deux fois le titre et surtout remporté trois épreuves sur quatre en Superstock l’année dernière», rappelle Robin Mülhauser. Pour cette saison 2021, le Fribourgeois sera toujours associé à l’Italo-Suisse Roberto Rolfo, mais comptera un nouveau coéquipier, le Français Randy de Puniet qui a passé quinze ans en mondial de vitesse (Moto3, Moto2 et MotoGP). «Il a 41 ans, mais il est super fort. Sa grande expérience des motos d’usine nous est précieuse», assure le Sarinois.

Un budget quadruplé

Le passage dans la catégorie supérieure représente également un défi financier. «En Superstock, le budget de l’équipe était de 150 000 euros. Il se situe désormais entre 600 000 et 800 000 euros. Mais nous nous battons contre des équipes qui tournent avec deux millions» compare Robin Mülhauser. Notons que les pilotes sont défrayés pour les week-ends de course et touchent des primes d’arrivée.

Le Fribourgeois compte sur des soutiens personnels et s’occupe de sa communication. «Je soigne ma présence sur les réseaux sociaux. J’avais commencé lorsque je courais en Grand Prix. On est de plus en plus jugé au nombre de followers. J’ai un petit v bleu sur Instagram (le badge d’authenticité, ndlr). Cela donne plus de visibilité.» Et de certifier: «Même si nous n’avons pas les mêmes moyens que d’autres, nous avons tout de même une carte à jouer.»

«C’est de plus en plus difficile de trouver des partenaires, constate le futur trentenaire. Je ne pense pas encore rouler mille ans. Le rythme est toujours plus difficile à tenir. Cela va dépendre des opportunités, mais je ne me vois pas courir encore longtemps.» L’heure de la retraite semble donc se profiler pour le Fribourgeois. «Ce nouveau défi me botte, affirme-t-il. Et j’aimerais bien finir ma carrière sur Yamaha. J’ai le cœur bleu, comme on dit.»

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