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Sports de combat

C’est à Morat que son cœur bat

A la fois combattant, bénévole et entraîneur, Jan Waeber ne chôme pas durant «son» tournoi

A 27 ans, Jan Waeber a encore quelques belles années de judo devant lui.

 Pierre Schouwey

Pierre Schouwey

27 septembre 2019 à 04:01

Judo » Organisé depuis 2003 par le JC Hara Sport Morat, le dernier Ranking 1000 de la saison accueille chaque année à la fin septembre un petit millier des meilleurs judokas helvétiques (lire ci-après). Un passage obligé avant les championnats de Suisse pour la grande majorité; un événement marquant pour les judokas du club lacois. Tête de gondole de ce dernier au même titre que Severin Lüthi, Jan Waeber n’a raté aucune édition ou presque. «La première fois, c’était en 2005 ou 2006. C’est un peu mon tournoi, sourit le poids léger de 27 ans. Je l’ai remporté à deux reprises chez les élites: en 2016 et l’année dernière. Je suis trop concentré pour le constater, mais il paraît que l’ambiance monte d’un cran dans les tribunes durant mes combats.»

Demain à la halle de gymnastique Prehl qu’il aura lui-même aidé à aménager, Jan Waeber tâchera de défendre son titre. «Nous lui donnons congé le samedi après-midi pour qu’il puisse combattre. Et le reste du temps, il met la main à la pâte comme les autres», explique le président du club, Stefan Portmann. Bénévole avant, pendant et après la manifestation, le chef de chantier cumule les casquettes jusqu’au dimanche, où il enfile celle d’entraîneur jeunesse.

Judo, boulot, dodo

Le week-end du Lacois s’annonce intensif. Pas plus que la semaine, en somme. Employé à 80% dans un bureau moratois de géomètre et de génie civil, Jan Waeber suit parallèlement des cours dans une école de techniciens à Berne. Une ville dans laquelle le combattant écume les tatamis du SC Nippon dans le cadre du championnat par équipes de ligue nationale A. Quand il ne transpire pas dans la capitale, le Fribourgeois fait des allers-retours entre son lieu de travail et le dojo du Hara Sport. Durée du trajet porte à porte: 10 secondes. Ou quand boulot et loisir ont élu domicile dans le même bâtiment. Pratique et nécessaire lorsque, comme pour lui, le jeudi débute à 7 h pour se terminer à 22 h après trois longues séances à enchaîner ippons et waza ari.

Jamais, jure-t-il, le natif de Cormondes aujourd’hui installé à Morat ne rechigne à enfiler son kimono, qu’il ne quitte plus depuis l’âge de 8 ans. «Le judo, je l’ai découvert grâce à mon voisin de l’époque. Petit, je souffrais de très fortes allergies au pollen, ce qui m’empêchait de pratiquer des sports en plein air.» Sans le rhume des foins, Jan aurait probablement marché sur les traces de son père, Hermann, hyperimpliqué dans le football fribourgeois, et emboîté le pas à son frère Joel, joueur du FC Ueberstorf.

Il rêve du titre national

A la place, le jeune homme a persévéré dans les arts martiaux et bien lui en a pris: n’a-t-il pas fait partie du cadre national espoir et participé aux championnats d’Europe de la même catégorie d’âge avant qu’une grave blessure au genou ne le freine dans son élan? «A mon retour à la compétition, je n’ai plus reçu de convocation, ni même la proposition d’intégrer un centre régional de performance.» Sans regrets, assure-t-il: «J’ai toujours eu conscience qu’il était compliqué de vivre du judo en Suisse. Et je n’ai jamais eu de mauvais résultats à l’échelle nationale en m’entraînant dans mon coin.»

Monté trois fois sur la troisième marche du podium aux championnats de Suisse élites, Jan Waeber attend toujours le titre suprême. «La concurrence est redoutable en –66 kg. Il n’y a pas de cador mondial comme Nils Stump chez les –73 kg, mais des judokas pratiquement professionnels comme Lionel Schwander, Adam Batsiev ou Janos Schorno côtoient de bons amateurs comme Jonathan Deillon, Simon Rosset ou moi-même.»

Le 16 novembre à Macolin, Jan Waeber se présentera, sauf contre-performance dans son jardin, aux joutes nationales dans la peau du N° 1 au classement helvétique des –66 kg. Un statut qu’il doit à ses victoires à Spiez et Weinfelden – des tournois Ranking, au même titre que celui de Morat – et au fait aussi que certains de ses rivaux combattent plus sur la scène continentale qu’en Suisse. «Je garde un excellent souvenir de Macolin, où j’avais été champion de Suisse espoir en 2008. Dans un bon jour, je peux gagner.» Pas grave s’il rentre bredouille de la salle de la Fin du Monde: Jan Waeber reviendra alors à Morat, où son cœur bat. Et où le parfait clubiste a prévu, à partir de la saison prochaine, d’aller renforcer et relancer la formation engluée dans les tréfonds de la 1re ligue du championnat par équipes. Une énième preuve d’amour.

Au programme

Tournoi Ranking 1000 de Morat, halle de gymnastique Prehl. Samedi: début des combats (espoir, junior, élite, master) à 9 h 15. Dimanche: début des combats (écoliers, A, B, C et filles) à 9 h.

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