Ils sont où, les descendeurs romands?
Didier Défago, retraité depuis 2015, est le dernier descendeur romand à avoir participé à des mondiaux
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Grégory Cassaz, Cortina D’ampezzo
13 février 2021 à 02:01
Nouveau cycle » Le grand favori Beat Feuz, les outsiders Marco Odermatt et Carlo Janka ainsi que Niels Hintermann: demain à Cortina, les Alémaniques seront représentés en force sur la descente des championnats du monde. Une constante depuis la retraite sportive de Didier Défago. Depuis que le Morginois a pris sont ultime départ de descente en mars 2015, aucun skieur romand ne s’est élancé sur la discipline reine en championnat du monde ou en Coupe du monde. «Certains jeunes pointent le bout de leurs spatules», remarque Didier Défago.
Le Bas-Valaisan compare la situation actuelle à celle de la période s’étalant de 2008 à 2012. «On était neuf dans les trente, rappelle-t-il. Quand il y a autant de monde, il faut se faire une place et réussir à faire le saut de la Coupe d’Europe à la Coupe du monde.»
Un problème de riches
Certains y sont presque. A commencer par le Martignerain Arnaud Boisset, proche d’un premier départ en descente à Wengen en 2020 puis à Garmisch la semaine dernière. Avant que d’autres skieurs ne lui furent préférés.
D’autres spécialistes romands de vitesse, à l’instar du Fribourgeois Alexis Monney, champion du monde juniors de descente il y a une année, des Vaudois Yannick Chabloz et Gaël Zulauf ou encore du skieur d’Arbaz Christophe Torrent, sont également actifs en Coupe d’Europe. «Il me manque des kilomètres encore. Je ne dois pas m’affoler», reprend Arnaud Boisset qui constate que «Swiss-Ski se retrouve face à un problème de riches. La roue va tourner. Certains skieurs de l’équipe actuelle n’ont pas encore dix ans devant eux. Cela libérera de la place.»
Et les jeunes Romands ont le temps. «Ils ne doivent pas griller d’étapes, consolider certains éléments, leur technique notamment, et engranger l’expérience nécessaire en vitesse. La descente requiert davantage de patience que les disciplines techniques», complète Didier Défago qui rappelle qu’on peut aussi aborder le problème d’une autre manière. «On dit qu’il manque des Romands en descente. Mais je vois plutôt le côté national: on a une bonne équipe de descente suisse. Outre-Sarine, ils pourraient d’ailleurs se demander pourquoi il y a une majorité de Romands en technique.»
L’utilité de la concurrence
Arnaud Boisset, 22 ans, tient peut-être une explication. «Les membres de l’équipe de slalom actuelle ont bénéficié d’une saine concurrence depuis qu’ils sont jeunes. Elle leur a permis d’atteindre le haut niveau. En descente, les gars nés en 1994 ou 1995 (Hintermann, Roulin, Rogentin ou Kryenbühl, ndlr) ont vécu le même phénomène. Ils viennent du même endroit et se sont tiré la bourre. Certains entraîneurs de l’époque ont aussi orienté les athlètes dans telle ou telle direction, la vitesse ou la technique.»
Le nouveau cycle, celui des athlètes nés dans les années 1998-1999-2000 arrive. Pour le plus grand bonheur d’Arnaud Boisset. «Il y a deux ans, j’étais le seul Romand. Aujourd’hui, on est plusieurs. Une belle dynamique s’est créée avec Alexis (Monney), Yannick (Chabloz), mais aussi Gaël (Zulauf). Le nouveau cycle est là.»
Et les prochains cycles? Ils peuvent prendre leurs racines aujourd’hui. A condition qu’on les laisse skier dans une période menacée par la pandémie. «En Suisse, on a la chance de pouvoir proposer du ski à tous les jeunes. Que ce soit pour de la compétition ou du loisir. On doit montrer qu’on est capables de relever des défis. On est d’ailleurs en train de le faire. L’avenir du ski de compétition passe par là aussi. On pourrait en ressentir les conséquences dans quelques années», termine Didier Défago, aujourd’hui président des Remontées mécaniques du Valais.
Le Nouvelliste
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