Gottéron mise tout sur Christian Dubé

Hockey sur glace » Fribourg-Gottéron aurait dû jouer un match de National League à Berne hier. Le Covid-19, qui a frappé deux membres de l’équipe bernoise et contraint le médecin cantonal à placer tous les Ours en quarantaine préventive, en a décidé autrement. En congé forcé, les Dragons en ont profité pour se reposer avant leur demi-finale de Coupe de Suisse de demain contre les Zurich Lions (lire aussi en page 21).

Si l’instabilité plombe le calendrier de National League, les dirigeants fribourgeois, eux, cherchent de la stabilité pour leur club. Sur le plan financier en invitant leurs supporters à les soutenir via le renoncement total ou partiel au remboursement de leur abonnement et en demandant des aides à fonds perdu, mais aussi au niveau sportif. Alors qu’un premier gros poisson (Diaz) aurait été ferré, Gottéron a annoncé hier qu’il avait décidé de «maintenir, pour les deux prochaines saisons, la double fonction de directeur sportif et d’entraîneur» de Christian Dubé.

Les résultats ont aidé

«Nous avons étudié trois scénarios différents. Le statu quo avec des mesures d’accompagnement, un retour à la situation initiale avec Christian Dubé comme directeur sportif et l’engagement d’un entraîneur ou alors Christian Dubé comme entraîneur et le recrutement d’un nouveau directeur sportif. Les résultats actuels nous ont simplifié les choses. Pourquoi remettre en question une situation satisfaisante?» interroge le directeur général Raphaël Berger, qui dit avoir «privilégié le pragmatisme au dogmatisme».

Après avoir annoncé en septembre dernier que la double casquette d’entraîneur et de directeur sportif était une solution provisoire, Gottéron a donc renoncé à séparer les deux postes. Une stratégie qu’il avait soigneusement évitée depuis 2014, date du licenciement d’Hans Kossmann, le dernier à avoir occupé les deux fonctions à Saint-Léonard. «Nous ne pouvons pas comparer les deux situations. Cette fois, nous avons décidé de nous réorganiser complètement. Gerd Zenhäusern épaulera Christian Dubé dans la direction sportive. Le duo sera complété par un troisième homme qui s’occupera prioritairement de la formation, mais qui possédera des compétences pour faire avancer le club», précise encore Raphaël Berger. Ancien entraîneur, devenu chef de la formation en 2016, Gerd Zenhäusern se réjouit de ce nouveau poste dans l’organigramme du Dragon: «Je vais épauler au mieux le futur chef de la formation avant de me concentrer sur la direction technique. Me recentrer sur le sport me plaît bien.»

Quelques mois après avoir rediscuté de son contrat, Christian Dubé s’est donc à nouveau assis autour de la table avec ses dirigeants pour finaliser une nouvelle entente. En position de force après un début de saison réussi, le Canadien n’a pas eu de peine à convaincre ses supérieurs de lui prolonger son double bail. «Cela fait bientôt un an et demi que j’ai repris l’équipe et cela fonctionne bien. Je me sens de mieux en mieux dans le rôle de coach. Gerd est la personne qui nous manquait. Il pourra m’épauler pour aller superviser des joueurs», réagit Dubé, désormais sous contrat jusqu’à la fin de la saison 2022-2023.

Qui décide?

Après s’être autopromu, avec un brio certain, coach ad interim l’automne dernier, Christian Dubé a fait sien le proverbe qui dit que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. «J’aurais pu redevenir que directeur sportif, mais il est dur de dénicher un coach à son image. Une des forces de la double casquette est que j’emploie les joueurs que je choisis comme je le pense et comme je le veux», résume le Québécois.

Pour Raphaël Berger, cette donnée a son importance. «Nos joueurs ont donné leur accord à Christian. Ils veulent travailler avec lui», rappelle le directeur général des Dragons, qui n’a pas cherché à faire des économies. «Nous devons faire attention, mais le critère financier n’était pas déterminant dans nos discussions.» En continuant de concentrer les responsabilités sur une seule et même personne, Gottéron prend un risque. «Il faut arrêter de croire que Dubé décide tout seul. Il y a un dialogue et des discussions. Il doit rendre des comptes. Ce n’est pas Dubé qui décide, c’est Gottéron», insiste Raphaël Berger, en rappelant que la situation est appelée à évoluer et qu’il est capable de changer d’avis comme il l’a fait pour la double casquette. Christian Dubé, lui, ne change pas. Toujours aussi à l’aise dans le rôle principal, il assume sans se défiler. «La réorganisation du département des sports va me soulager. On va pouvoir échanger avec Gerd, mais au final, c’est moi qui prendrai les décisions. Dans l’intérêt du club. Peu importe mon poste, je veux le meilleur pour cette organisation!»