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Football

Foot des talus. quand l'ES Belfaux devait composer avec la réticence de l’Eglise

Dernier membre fondateur de l’ES Belfaux, Raphaël Bossy sera à l’honneur lors des festivités du 75e

Raphaël Bossy a conservé ses chaussures de l’époque, avec lesquelles il pose… soixante-cinq ans après avoir disputé son dernier match sous les couleurs de l’ES Belfaux. © Charly Rappo

Jonas Ruffieux

Jonas Ruffieux

23 août 2023 à 00:25

Temps de lecture : 1 min

Football » Et si l’on vous disait que l’histoire de l’Etoile Sportive de Belfaux s’avère, un peu au moins, luxembourgeoise? Si le club sarinois fête cette année son 75e anniversaire, il le doit effectivement en partie à un certain M. Léon, originaire du Grand-Duché et réfugié chez des sœurs belfagiennes durant la Seconde Guerre mondiale. Un passionné de football et… gardien de l’équipe nationale du Luxembourg! «Il nous avait initiés à la pratique», sourit Raphaël Bossy, replongé dans des souvenirs vieux de près de huitante ans. «Durant la guerre, nous n’avions que peu le temps de jouer. Mes frères étaient mobilisés, alors j’héritais d’un travail encore plus important à la ferme de mes parents, je m’occupais du bétail avant et après l’école. Ce n’est qu’après 1945 que nous avons émis le souhait de jouer au football de manière plus officielle.»

Aujourd’hui, Raphaël Bossy a 95 ans et des tas de souvenirs à raconter. Tranquillement installé dans une maison qu’il habite depuis 55 ans, il nous offre le luxe aussi rare que précieux d’échanger avec un membre fondateur d’un club soufflant 75 bougies. En 1948, il créait l’ES Belfaux avec une bande de copains, dont son frère Georges, dit Loulou, en était un leader. Il y avait M. Tarchini également, le premier président, et puis d’autres jeunes motivés.

Nom inspiré du vin

De la motivation justement, il en fallait, pour créer un club de football à cette époque. «Les autorités et la société étaient opposées à la pratique du sport, réputé pour entraver une bonne pratique religieuse, raconte-t-il. Nous étions les mal-aimés. Alors pour trouver des terrains où jouer, c’était vraiment compliqué.» Car les terres appartiennent aux agriculteurs, qui se montrent réticents à la location, ou à l’évêché. «Nous étions allés voir le curé et lui avions réservé le droit de louer du terrain.» L’accord passé, les poteaux sont fixés, les bouses de vache ramassées. Mais à l’arrivée des joueurs pour le match du dimanche, surprise. «Le curé avait demandé à un paysan de labourer le champ!» L’ancien pisciculteur poursuit: «Nos règlements étaient influencés par les autorités religieuses. Nous n’avions pas le droit de jouer si une cérémonie se déroulait à l’église, et devions attendre la fin des vêpres pour disputer une rencontre.»

Outre la réticence de l’Eglise, les jeunes joueurs devaient composer avec une politique de dissuasion menée par certains conseillers communaux conservateurs, «qui voyaient d’un mauvais œil le développement de manière générale». Il sourit: «Au fil du temps, les choses ont évolué, la commune a même mis gratuitement un terrain à notre disposition.» Un soulagement, pour les membres de l’Etoile Sportive – nommée ainsi en «hommage» au fameux vin blanc de l’époque, l'Etoile du Léman, que la troupe de copains appréciait déguster à l’hôtel des XIII Cantons.

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