Lectrices et lecteurs en Liberté
Lecteur en Liberté. Jean-Daniel Nordmann, Prez-vers-Siviriez
Partager
17 juin 2022 à 13:18
Pédagogie » Après des études en mathématiques et en théologie, Jean-Daniel, 70 ans, dirige plusieurs écoles avant de fonder La Garanderie, destinée aux enfants dits surdoués. Auteur prolifique, il publie aux Editions à la Carte son 18e ouvrage, Notre temps… ou ce qu’il en reste, un recueil de chroniques parues initialement sur son blog à travers lesquelles ce disciple de Paul Valéry toise l’actualité.
Si vous nous parliez du petit Jean-Daniel que vous étiez autrefois?
Pour résumer la chose, je dirais que ma vie comporte trois tiers qui ne sont pas de longueur égale. J’ai passé le premier tiers à prendre des chemins de traverse en matière de scolarité, en sautant des classes, en ne faisant rien au collège puis en choisissant des cours qui m’intéressaient à l’université mais ne débouchaient sur aucun diplôme. Le deuxième tiers, j’ai passé mon temps à enseigner aux élèves à ne pas faire comme moi. Enfin, je passe le dernier tiers de ma vie à me demander lequel des deux premiers avait raison.
Vous suivez des études de mathématiques et de théologie à l’université de Fribourg, deux voies qu’on n’imagine pas instinctivement cohabiter…
J’ai commencé par les mathématiques puis j’ai voulu revenir à des choses plus concrètes donc je me suis orienté vers la théologie. Après, il faut avouer que je n’ai pas beaucoup contribué à l’usure des bancs. C’était l’époque des chemins de traverse, je vous l’ai dit.
À vous lire pourtant, la théologie ne vous a jamais vraiment quitté…
La théologie m’intéresse mais j’ai un peu rompu avec elle lorsque je me suis rendu compte que ce n’était pas une science, mais un art. C’est un art du récit. Dans mon dernier livre, je cite cette phrase de Christian Bobin: «La phrase de Proust se croit plus belle que l’aubépine qu’elle décrit, c’est là sa faille», j’ai tendance à dire que la théologie se croit souvent plus vraie que le dieu qu’elle est censée décrire. On reste la plupart du temps dans un discours mais l’objet demeure hors d’atteinte. Je crois que quand on n’a plus conscience que l’objet est hors d’atteinte, on tombe dans une espèce d’idolâtrie des mots. On vénère les mots qui parlent de Dieu mais plus tellement Dieu lui-même.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus