Logo

Basketball

Sean Barnette, roi de l’adaptation

Chien fou devenu caméléon, l’ailier américain d’Olympic sillonne l’Europe depuis 2008. Rencontre


 Pierre Salinas

Pierre Salinas

26 janvier 2021 à 02:01

Basketball » Jour J. Dans la «bulle» de Wloclawek, ville située au centre de la Pologne, Olympic disputera ce soir (21 h) face aux Ukrainiens de Dnipropetrovsk le premier de ses deux matches comptant pour la phase préliminaire de l’Eurocoupe FIBA. Une bulle, encore une. De savon, elle renvoie à la légèreté de l’air, aux yeux ronds et émerveillés des enfants et à la vie d’antan: insouciante. Mais lorsqu’elle est sanitaire et qu’elle exige de ne jamais sortir de son hôtel, sinon pour se rendre à la salle et s’entraîner, la bulle rappelle qu’il faut plus qu’une giclée de produit vaisselle pour effacer toute trace du Covid-19.

Déjà, les protégés de Petar Aleksic ont fait l’expérience de ces «prisons dorées», que ce soit lors des qualifications pour la Ligue des champions, en septembre dernier, ou avec l’équipe de Suisse. Sean Barnette, lui, fut avant même les étoiles de la NBA un des premiers «cobayes» à expérimenter cette façon parfaitement hermétique de continuer à pratiquer son métier. Où? Sous la «cloche» de Columbus, dans l’Ohio. Quand? En juillet dernier, à l’occasion de The basketball tournament, un tournoi qui regroupe essentiellement d’anciens universitaires et qui permet à qui l’emporte d’empocher deux millions de dollars (un seul l’an passé, pandémie oblige). Avec son équipe formée de joueurs de Caroline du Sud, Etat dont il est originaire, Sean Barnette n’a pas touché le pactole. Mais n’a pas contracté le virus non plus…

Un nom à Oradea

Pourquoi cette anecdote? Pour souligner qu’à 34 ans, l’ailier américain d’Olympic n’est pas le premier venu. Lui qui sillonne le Vieux Continent depuis 2008 s’est surtout fait un nom en Roumanie, où il a permis au club d’Oradea de gagner son premier titre national, en 2016, puis d’étrenner ses galons en Ligue des champions. «Mes deux plus beaux souvenirs», précise-t-il. Adversaire d’Olympic en Eurocoupe FIBA la saison passée, Oradea fut aussi la porte qui a permis au vétéran d’1 m 97 de revenir en Suisse, où il avait déjà évolué en 2011-2012 sous les couleurs des Lions de Genève. «Alors, j’étais jeune et beau», rigole Sean Barnette avant de se faire plus sérieux: «J’étais un joueur complètement différent, beaucoup plus athlétique, un peu chien fou. Avec l’âge, tu perds certaines qualités physiques, mais tu deviens plus sage et plus intelligent. Je crois que c’est mon cas: je lis mieux le jeu aujourd’hui, ce qui me permet de m’économiser.»

Leader sur le terrain

Si Boris Mbala est le capitaine d’Olympic, Sean Barnette en est le leader sur le terrain, ceci dit sans faire injure au Gruérien, qui est encore jeune (25 ans) malgré son statut de doyen du vestiaire. «De par mon expérience, il est de mon devoir de montrer le chemin à mes coéquipiers. C’est aussi ce que le coach attend de moi. Mais Boris est un bon capitaine», lance le natif de Rock Hill, dont les statistiques en SB League prouvent l’importance et la polyvalence: 14 points, 6 rebonds et 4 passes décisives en 30 minutes de moyenne.

Impossible de comparer Sean Barnette à Kobe Bryant, qu’il a vu évoluer et dont il dit s’être inspiré. Au «mamba noir», le trentenaire préfère un reptile plus bigarré: le caméléon, animal roi de l’adaptation. «Adaptation, j’aime bien ce mot, lâche-t-il. Mon poste (le 3, à l’aile, ndlr) exige que je sache tout faire. Quant à mon métier, il m’a emmené de part et d’autre de l’Europe. Lorsque je suis arrivé à Saint-Vallier (club basé dans la Drôme, ndlr), à 21 ans, jamais je n’avais quitté les Etats-Unis. Loin de ma famille, ce ne fut pas tous les jours facile. Mais si je suis encore là, c’est aussi parce que j’ai apprécié chaque pays dans lequel je me suis arrêté.»

Le feu sacré

Sean Barnette connaît les baskets français, roumain, allemand, bulgare, libanais et suisse mais aussi les ligues mineures américaines. Utile. Mieux: l’Eurocoupe FIBA n’a plus de secret pour lui. Elle n’est plus un mystère pour Petar Aleksic non plus, mais l’entraîneur fribourgeois a vu son contingent être largement remanié pendant l’été et seuls Paul Gravet, Boris Mbala et Brandon Garrett étaient de la dernière campagne, l’an passé. La présence de l’homme aux dreadlocks et au bouc hirsute n’en est que plus importante, pour ne pas écrire essentielle.

«La Coupe d’Europe est une des raisons pour lesquelles j’ai signé à Fribourg. Parce qu’elle permet de se frotter à de meilleurs adversaires et parce qu’elle offre une autre visibilité», reprend celui qui avoue vivre au jour le jour. Où sera-t-il dans 12 mois? «Je l’ignore. Mais une chose est sûre: si, avec la pandémie et la longue pause qu’elle a engendrée, j’ai eu un peu plus de peine à relancer la machine, je pense avoir encore de belles années devant moi.» La réponse n’est pas celle d’un sage, mais d’un passionné dont le feu sacré ne saurait être éteint par l’imperméabilité d’une bulle.

Eurocoupe FIBA

Wloclawek (POL). Programme du groupe E. Ce soir 21 h: Fribourg Olympic - Dnipro (UKR). Mercredi 18 h: Dnipro - Anwil (POL). Vendredi 18 h: Anwil - Fribourg Olympic.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus