Saint-Léonard, terre de contrastes

SB League » Fribourg Olympic a facilement gagné (91-44). En SB League, dont le qualificatif «homogène» n’est pas toujours le plus approprié, les victoires-fleuves arrivent, à la salle Saint-Léonard, garnie de 1630 spectateurs samedi, plus qu’ailleurs il est vrai. Au terme d’une soirée qui a moins tenu par son suspense que par l’ambiance de fêtes qui régnait dans les gradins puis à l’étage intermédiaire, où les joueurs ont pris le temps de la dédicace, un triste record dont Monthey, en ne marquant que 44 points, est désormais le malheureux détenteur. Jamais, cette saison, une équipe n’était apparue aussi empruntée offensivement, ce qui a fait dire à son entraîneur, Patrick Pembele, cette phrase qui vaut toutes les analyses: «La force de Fribourg, c’est de vous détruire mentalement et, par sa défense, il nous a fait vivre un enfer.»

Mots forts

«Détruire», «enfer», autant de mots forts qui résument parfaitement ce dernier match de championnat de l’année, mais de championnat seulement, les diables fribourgeois devant encore valider leur ticket pour le «final four» de la SBL Cup, demain contre Union Neuchâtel (lire ci-après). Non, les protégés de Petar Aleksic, sans Matt Milon, blessé, mais avec James Padgett pour l’avant-dernière fois sans doute, le contrat du pivot échouant au 23 décembre, non, Boris Mbala et ses coéquipiers n’ont pas été exceptionnels en attaque. Leur pourcentage de réussite à deux (48) et trois (36) points en atteste. De l’autre côté du parquet en revanche, ils se sont rappelés au bon souvenir du Fribourg Olympic des années précédentes qui, lorsqu’il colle aussi férocement au ballon, est intraitable.

«Offensivement, notre première mi-temps n’a pas été parfaite. Mais défensivement, en laissant Monthey à 16 points, c’était très très bien», abonde Petar Aleksic, dont les hommes avaient ce supplément d’âme capable de vite créer des différences. Un esprit de revanche, par exemple?

Vengeance dans l’air

C’est ça: il y avait de la vengeance dans l’air, samedi, Monthey ayant commis le crime de lèse-majesté de renverser Fribourg Olympic lors de la première journée, le 1er octobre dernier. Les retrouvailles ont été cruelles. Passé deux premières minutes brouillonnes, le quadruple champion de Suisse en titre a pris les devants (3e 6-2, 6e 14-8, 10e 20-10), mais aussi rebond sur rebond (54 au total, dont 18 offensifs), pour ne plus être gêné aux entournures.

Deux hommes, qui se sont alliés pour un alley oop dans le deuxième quart, ont permis à leurs couleurs de marquer leur territoire: Jonathan Kazadi et Natan Jurkovitz. Le premier à la baguette (14 points), le deuxième… au four et au moulin (12 points, 8 rebonds, 4 assists). Il y a trois semaines à Vevey, lors d’une défaite crève-cœur qui suivait déjà une défaite crève-cœur face à Porto, et l’un et l’autre étaient sortis des Galeries du Rivage conscients d’avoir failli à leurs responsabilités. Quatre succès plus tard, les voici dans une forme résolument ascendante, ce qui ne manque pas de rejaillir sur le reste du contingent.

«Nous avons connu pas mal de soucis de leadership mais aussi de collectif, car il y avait beaucoup de blessés. Mais maintenant que nous sommes au complet, nous nous entraînons dur et la hiérarchie se fait naturellement», observe Natan Jurkovitz avant de se pencher sur le «cas» Jonathan Kazadi, de retour à un bon niveau: «Jo, c’est notre chef d’orchestre. Nous avons besoin de lui. Le fait qu’il ait été blessé en début de saison a forcément influé sur nos performances, car tout le monde sait de quoi il est capable.»

Montée en puissance et record négatif pour des visiteurs qui couchent dorénavant sur sept revers: Saint-Léonard, terre de contrastes.