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Jérémy Jaunin, le porte-parole des joueurs à Swiss Basketball

Le meneur et capitaine du BBC Nyon, qui affronte mercredi soir Fribourg Olympic, préside aussi la commission des athlètes, nouvellement créée par Swiss Basketball

Jérémy Jaunin et Nyon ont rendez-vous ce soir à la salle Saint-Léonard. © Keystone-archives

Pierre Salinas

Pierre Salinas

18 octobre 2023 à 12:00

Temps de lecture : 1 min

Basketball » Quand, au bout du fil, il entend le mot «président», sa gorge se noue et sa voix s’étrangle d’un plaisir presque coupable. «Je n’arrive toujours pas à y croire. Cela paraît tellement énorme!» Et de se faire plus sérieux: «Je ne veux pas dire que cela m’est tombé dessus par hasard mais, dans ma vie, je n’avais pas prévu d’être président de quoi que ce soit, en tout cas pas aussi rapidement.»

Président de la commission des athlètes de Swiss Basketball, un poste créé au mois de juin dernier par la fédération à l’invitation de Swiss Olympic, Jérémy Jaunin parle encore de «grand honneur», mais aussi de «responsabilité». Celle qu’il a désormais vis-à-vis de ses homologues basketteurs, qui rêvent pour certains d’avoir la même carrière que lui, avec la même exigence et les mêmes dilemmes que lui, aussi. Capitaine du BBC Nyon, que Fribourg Olympic accueille ce soir (19 h 30) à Saint-Léonard, le Genevois de 32 ans a l’immense avantage d’avoir su tirer la substantifique moelle de son potentiel. Avant de revenir dans la salle dont il a ravi le public entre 2016 et 2020, «JJ» a accepté d’évoquer son nouveau rôle, qui vient s’ajouter à ceux de joueur de SB League, mais pour une seule saison encore, de papa, de mari et de salarié à 100% dans l’entreprise de charpenterie familiale.

Depuis le mois de juin dernier, vous êtes le président de la commission des athlètes. En quoi consiste ce poste?

Jérémy Jaunin: Je suis le porte-parole des joueurs. Je ne sais pas si le terme «imposer» est le bon. Disons que Swiss Olympic a demandé à Swiss Basketball de créer cette commission, car rien n’existait pour les joueurs en Suisse. Dans un premier temps, j’ai dû mettre sur pied un groupe de travail composé de membres qui représentent chacun un département: le sport de haut niveau femmes et messieurs, le 3x3, le sport de masse et la relève. Déjà, j’ai fait des choix, mais je vais laisser le soin à la fédération de communiquer les noms. Déjà aussi, nous avons eu une séance pour mettre les choses en place. La prochaine est prévue en novembre. Il s’agira de débattre sur des sujets que l’on estime importants, le but étant de donner la voix aux acteurs du jeu et d’aider les jeunes à prendre les bonnes décisions.

Pourquoi Swiss Basketball vous a-t-elle choisi?

Pendant la pandémie de Covid, j’ai suivi une formation proposée par la FIBA (la fédération internationale, ndlr) pour devenir en quelque sorte un mentor pour les jeunes. Caroline Turin (ancienne joueuse, qui était entraîneure assistante de Nyon Basket féminin la saison passée encore, ndlr) l’a faite avec moi. Notre travail de diplôme a porté sur la problématique du dual career: comment concilier le travail ou les études avec le sport.

Vous-même êtes bien placé pour en parler…

Je suis l’exemple même du basketteur qui évolue dans une ligue qui se dit professionnelle, mais qui a toujours dû travailler à côté. Pour garder le pied dans le métier et mettre du beurre dans les épinards. Il n’y a guère que durant ma période fribourgeoise que je me suis considéré comme un vrai pro. Sinon, j’ai toujours essayé de gagner des sous autrement, quitte à refuser de partir pour un mois et demi avec l’équipe de Suisse sous peine de ne pas pouvoir payer mes factures. Bon, peut-être que je n’étais pas le meilleur dans les négociations non plus: tant que je pouvais jouer dans des conditions acceptables, j’étais content. Mais ma réalité, c’est la réalité du basket suisse. Un jour arrivera où l’on aura des salaires décents, j’en suis convaincu.

Qu’est-ce qu’un salaire décent?

Les internationaux peuvent gagner entre 3000 et 5000 francs par mois. Je n’aime pas lâcher des chiffres, car ils fluctuent en fonction de l’appartement, de la voiture et d’autres choses encore. Mais combien sont-ils à toucher ça? En Suisse, ils sont 10, 15 au plus, répartis sur trois ou quatre clubs différents: Genève, Fribourg, Massagno et peut-être Neuchâtel. Personnellement, j’estime être un privilégié d’avoir pu vivre de mon sport, car tout le monde n’a pas cette chance.

Le salaire est-il un sujet que votre commission va aborder?

Bien sûr, au milieu de nombreux autres tels que les réseaux sociaux ou le calendrier, par exemple. Comment faire quand on rentre à 1 h du matin de Massagno quand les trois quarts de l’équipe doivent se lever de bonne heure le lendemain parce qu’ils travaillent? C’est une question que nous nous sommes posée pas plus tard que cette semaine, avec Nyon.

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