«Garder mon rêve vivant»

Basketball » Courtney Range est grande par la taille – elle mesure 190 cm – et par le talent, qui fait qu’elle est capable de tout: tirer à trois points, attaquer le panier ou jouer dos à celui-ci. Mais le monde, lui, est petit et, dimanche dernier à Monthey face à Troistorrents, le pivot américain d’Elfic Fribourg a dû se frotter ni plus ni moins qu’à sa meilleure amie, Yeinny Dihigo-Bravo, qu’elle a connue lors de son premier mais bref passage sur les bords de la Sarine, en 2019. «Un match spécial mais fun, car nous avons gagné», rigole-t-elle, assise dans les tribunes de Saint-Léonard alors que l’équipe de Suisse masculine révisait ses gammes avant son départ pour la Pologne.

Le monde est petit, exemple No 2: ce soir (19 h 30) contre Namur, dans cette même salle, Courtney Range, 27 ans, affrontera celles qui pour certaines étaient ses coéquipières la saison passée encore. Trêve de sentimentalisme, chose que le sport de haut niveau excuse mais ne tolère pas. Pour les elfes, il s’agira de faire oublier la défaite subie à domicile contre Benfica lors de la première journée d’Eurocoupe FIBA et de confirmer la victoire obtenue au Luxembourg, la semaine passée.

Une deuxième chance

Courtney Range, une informatrice toute trouvée. Sauf que Namur n’est plus le Namur dont elle a défendu les couleurs pendant deux ans. «Il y a bien quelques Belges qui sont restées, Marjorie (Capreaux), Sarah (Matthys) et (Sarah) Dossou… Mais toutes les étrangères ont changé et l’entraîneur aussi.» Et d’ajouter: «Malheureusement, je serais bien incapable de donner quelques conseils que ce soit. Je vais donc faire confiance à Romain (Gaspoz, l’entraîneur d’Elfic), qui a dû faire son travail très bien.»

La native de Mantica, ville de 70 000 habitants située à l’est de San Francisco, et son coach n’ignorent rien de l’importance de ce troisième rendez-vous d’Eurocoupe FIBA, une scène que la joueuse entend utiliser pour vanter ses mérites et, dit-elle joliment, «garder mon rêve vivant». Son rêve? La WNBA. «A ma sortie de l’université, les Washington Mystics m’avaient invitée à effectuer un essai. J’avais 22 ans. L’aventure avait tourné court mais elle avait valu la peine, car rien n’est jamais perdu», explique la Californienne, qui ne demande qu’à hériter d’une deuxième chance. «Le but est de participer à un nouveau camp d’entraînement, puis d’intégrer l’équipe, reprend-elle. Mais je suis réaliste, je sais que c’est le rêve de beaucoup d’autres filles que moi, prêtes à se battre pour le réaliser. J’ai 27 ans, je suis reconnaissante de tout ce que j’ai déjà vécu. Mais je garde espoir. C’est pour cela que je me donne à 100% chaque soir.»

Fracture de fatigue

Sur le chemin qui doit la rapprocher de son idole, la star des Brooklyn Nets Kevin Durant, Courtney Range a déjà surmonté plusieurs embûches. A commencer par une fracture de fatigue à la jambe contractée en novembre 2019 et qui avait obligé celle qui portait déjà le maillot d’Elfic Fribourg à mettre un terme prématuré à sa saison. Après quatre matches de SB League et autant de Coupe d’Europe seulement.

«En décembre, je me faisais opérer chez moi, aux Etats-Unis, se souvient-elle. Après quoi, je n’ai plus pu marcher jusqu’en février. Ce n’est que l’été suivant que j’ai retrouvé les parquets, avant de rejoindre Namur. En octobre 2020, j’ai subi une deuxième intervention chirurgicale, pour enlever les plaques, et je ne ressens plus aucune douleur depuis. C’est comme si jamais je n’avais été blessée!»

Auteure de 33 points et 10 rebonds jeudi passé à Dudelange, Courtney Range a recouvré l’entier de ses moyens, plus forte que jamais. L’avenir est devant elle. Bizarrement, le passé aussi: il s’appelle Namur.