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Basketball

Gabby Nikitinaite, collectif métissé

Née il y a 24 ans en Lituanie mais internationale britannique, la shooteuse d’Elfic Fribourg a de qui tenir

Il y a une semaine lors du match aller, Gabby Nikitinaite avait compilé 31 points et 13 rebonds contre Lublin. Et ce soir?

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

12 janvier 2023 à 02:01

Eurocoupe FIBA » Chaque match a son histoire et celui de ce soir (18 h) à Lublin, où Elfic Fribourg tentera d’obtenir son ticket pour les 8es de finale de l’Eurocoupe FIBA, ne suivra certainement pas la même pente «hoquetante» que celui de la semaine passée, perdu 68-73 par des pensionnaires de Saint-Léonard qui n’avaient cessé de courir après le score. Réagir au lieu d’agir, fendre les flots au lieu d’écoper: est-ce possible? Une chose est sûre: auteure de 31 points, 13 rebonds et 5 assists à l’aller, Gabby Nikitinaite sera surveillée comme le zurek, soupe polonaise à la farine de seigle et à l’œuf, sur le feu.

L’arrière/ailière lituano-britannique – ou doit écrire britannico-lituanienne? – ne dispute que sa première saison chez les professionnelles. Mais celle qui a terminé son cursus universitaire dans l’Illinois, diplôme métissé en communication et sociologie à la clé, a déjà trop de métier pour ignorer que le salut des elfes passera par le collectif et le collectif seulement. «Il y aura toujours quelqu’un capable de marquer. Mais tant que nous défendrons ensemble, nous aurons une chance de nous imposer», prévenait-elle mardi, à la veille du grand départ, consciente qu’il faudra aux visiteuses une victoire de 5 points ou plus pour espérer continuer l’aventure.

La Suisse n’est qu’une étape, mais Gabby Nikitinaite est trop maligne, aussi, pour revendiquer des envies d’ailleurs. Pas encore. Pas au représentant d’un journal qu’elle ne lit pas, faute de comprendre le français. «J’aimerais rester en bonne santé et terminer cette année le mieux possible avant de penser à l’avenir. Mais il est clair que mon but est d’explorer le continent autant que faire se peut avant de, pourquoi pas, frapper à la porte de la WNBA. Est-ce réaliste? J’estime que ce doit être l’ambition de toute joueuse, en tout cas», soutient-elle. Monocorde, sa voix aurait-elle gagné en volume si, cet après-midi-là, c’est la presse lituanienne qui était venue à sa rencontre?

Fille de biathlète

Car comme son nom l’indique, Gabby Nikitinaite a vu le jour il y a 24 ans à Vilnius, capitale du pays balte le plus féru de basketball. Sabonis, Marciulionis, Jasikevicius et autre Valanciunas, autant de garants, anciens ou modernes, d’une longue et belle tradition. Celle du shoot notamment. Dans la panoplie de la No 12 d’Elfic Fribourg, qui a cette faculté rare de dégainer vite et bien, il est l’atout premier. «Les gens disent que c’est mon côté lituanien… Je ne sais pas si c’est vrai, mais je prends cela comme un compliment», sourit-elle, presque gênée.

Leonidas Nikitas lui-même était un as du tir de précision, mais dans une autre discipline: le biathlon. «Papa et moi avons opté pour deux sports différents, s’amuse-t-elle, mais il a été pour moi une source d’inspiration. Partager mes expériences avec lui a rendu et rend encore mon quotidien plus excitant.»

Gabby Nikitinaite a de qui tenir. Mais le sang balte qui coule dans ses veines n’explique pas le passeport britannique. «Mes parents ont déménagé quand j’avais 3 ans afin d’avoir de meilleures perspectives dans la vie. Pour de nombreuses choses, à commencer par la nourriture, je me sens profondément lituanienne (sourire). Mais mes amis et ma culture sont en Grande-Bretagne, que j’ai représentée chez les jeunes, des U16 jusqu’aux U20.» Et de préciser, preuve que son cœur balance: «Je viens de récupérer la nationalité lituanienne. Je dois vérifier auprès de la Fédération internationale (FIBA), mais une éventualité serait que je porte les couleurs de la Lituanie chez les seniors. On m’avait invité en novembre, mais je n’y étais pas allée. Peut-être pour la fenêtre de février?»

Comme les voisins

Une joueuse, deux patries. Si c’est à 25 km de Londres puis aux Etats-Unis qu’elle a appris à dompter la balle, la petite Gabby Nikitinaite a réussi ses premiers paniers à Vilnius, où elle se rendait chaque été pour les vacances. «Un jour, j’ai vu les voisins jouer et j’ai naturellement voulu essayer. De retour en Angleterre, mon père m’a inscrit à un club, qui ressemblait à Elfic, d’ailleurs. Là, il y avait des jeunes, mais aussi une équipe d’adultes, avec des professionnelles. En les regardant s’entraîner, j’ai eu l’envie de devenir comme elles.»

On dit du zurek qu’il est une mixture aigre que tous les «étrangers» n’aiment pas. Avec quel goût dans la bouche les elfes reviendront-elles de Lublin, demain? «Le pire serait d’avoir des regrets», souffle Gabby Nikitinaite, la plus «mélangée» de toutes.

Eurocoupe FIBA

Seizièmes de finale. Match retour:

Lublin - Elfic Fribourg ce soir 18 h

(aller: 73-68)

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