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«Dominer le basket n’est pas facile»

Ex-joueuse d’Elfic Fribourg, Caroline Turin, assistante à Nyon, affronte son ancienne équipe en finale

Caroline Turin: «J’ai toujours la même passion du basket.»

 Patrick Biolley

Patrick Biolley

22 avril 2023 à 04:01

SB League dames » Elle a connu Neuchâtel, Hélios au temps de sa domination sans partage sur le basket féminin suisse, Elfic, mais aussi les championnats étrangers, en France, en Bulgarie et Slovaquie. Caroline Turin est, depuis deux ans, de retour «à la maison». La Vaudoise de 35 ans, ancienne internationale, assiste Hakim Salem à Nyon, l’adversaire des elfes dans cette finale. L’année dernière déjà, les deux formations avaient croisé le fer jusqu’au cinquième match.

Ce printemps, Elfic semble cependant plus fort. Avant l’acte No 3, qui pourrait voir les Fribourgeoises être déjà sacrées, Caroline Turin, qui a été joueuse et assistante de Romain Gaspoz à la salle Saint-Léonard de 2015 à 2017, a pris le temps de discuter de son Nyon qui se plaît à déstabiliser Elfic, de la formation de Saint-Léonard, mais aussi de l’état du basket féminin.

A 0-2 dans la série, contre une formation invaincue de toute la saison, que peut espérer Nyon?

Caroline Turin: Faire mieux sur ce troisième match. Quoiqu’il arrive, c’est déjà une grande fierté d’avoir atteint la finale, car, à la différence de la saison dernière, nous n’étions pas convaincus d’y arriver. Même si nous sommes très contents d’être là, nous ne nous fions pas au score. Chaque match a son histoire et nous voulons gagner.

La finale 2022 avait été acharnée, Nyon n’était pas passé loin de créer la surprise. Peut-on réduire vos difficultés actuelles au choix des étrangères?

Les absences de Méline (Franchina, partie à l’étranger pour les études, ndlr) et Eva (Ruga, blessée) pèsent beaucoup aussi. Nous n’avons pas de Nancy Fora ou de Marielle Giroud (rires). Mais oui, l’apport de nos joueuses professionnelles n’est pas comparable à la saison dernière et cela rend les choses plus difficiles. Par contre, nous sommes très contents de nos jeunes Suissesses. Laure Margot et Agnès Blanchard, typiquement, récoltent les fruits de leur travail.

N’est-ce pas frustrant de savoir à l’avance que l’on se battra certainement pour la deuxième place?

Ce n’est pas notre approche. Il y a de la frustration quant aux choix que nous avons pu faire, mais nous espérons toujours gagner. Nous sommes conscients que si Elfic est meilleur, alors il n’y aura pas grand-chose à faire.

Quel effet cela fait de se retrouver face à son ancienne équipe dans le microcosme qu’est le basket suisse?

C’est un petit pays… J’ai joué avec Nancy, Marielle et Césaria (Ambrosio, ndlr), mais je n’ai aucun problème à donner des instructions contre ces joueuses. Je suis très compétitive. Les filles, ça doit les agacer, j’en suis consciente (rires), mais quand je les coachais au 3x3, c’était la même chose. Quand j’étais entraîneure à Hélios, Nyon était venu jouer, j’avais envie de gagner. C’est super ce qu’on avait vécu ensemble, mais tout ce qui m’importait c’était de gagner. Quand le match est lancé, il n’y a plus de sentiments.

On vous voit très volubile sur le banc, vivre le match à fond. Coach assistante ou joueuse, qu’est-ce qui change?

J’ai toujours la même passion du basket. J’ai été professionnelle de 18 à 30 ans sans gagner beaucoup d’argent, donc c’est l’amour du jeu qui m’a toujours motivée. Joueuse aussi, j’étais très vocale. J’étais sur le terrain à fond avec la même intensité et sérénité. J’aime transmettre cela aux filles aussi.

Vous avez dominé le basket avec Hélios à l’époque, vous savez aussi ce que c’est que d’être dans l’autre camp…

Beaucoup de jeunes ont vu Hélios tout gagner, puis Elfic faire de même, mais ce n’est pas ça la vie! Dominer le basket n’est pas facile, ce n’est pas naturel de toujours gagner même quand tu es le favori, être champion n’est pas donné. Même avec Nancy, Marielle, Césaria, c’est compliqué… Nous avions dominé avec Alexia (Rol, ndlr), Sarah (Kershaw) et Marielle à Hélios, le départ d’Alexia à Elfic avait rééquilibré les choses. Dès le moment où Sarah et moi avions arrêté et que Marielle avait aussi pris le chemin de Saint-Léonard, c’était évident qu’Elfic allait dominer. C’est le cas, mais il ne faut pas dénigrer le travail réalisé pour y arriver.

Comment rebattre les cartes?

Les jeunes joueuses ont le regard biaisé par ce qu’elles ont vu et baissent vite les bras. Le problème c’est que la relève n’est pas là. Encore aujourd’hui, hormis Nancy (Fora, ndlr), qui avait le talent et qui a pu bénéficier des joueuses expérimentées pour grandir encore, les meilleures joueuses sont des trentenaires. C’est un problème. Le passage à deux étrangères (puis trois, ndlr) a promu en ligue A des joueuses suisses qui n’avaient pas le niveau. Forcément, le vivier baisse. La SB League n’est pas un championnat de formation. Nous, nous étions poussées par les étrangères et nous jouions quand même. Actuellement, le nivellement se fait par le bas.

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