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Unihockey Club Gruyère. Les quatre frères Charrière ont joué ensemble samedi

Réunis sous les couleurs du UHC Gruyère, Alexandre, Romain, Baptiste et Maximilien Charrière ont foulé ensemble le terrain samedi dernier à Bulle. Un moment exceptionnel partagé en famille.

Maximilien, Romain, Baptiste et Alexandre Charrière (de gauche à droite), une fratrie qui se consacre au unihockey.Antoine Vullioud

Marius Kamm

Marius Kamm

13 janvier 2025 à 17:37, mis à jour à 19:38

Temps de lecture : 4 min

La règle de la puissance 4 est simple: être le premier à aligner 4 pions de la même couleur, horizontalement, verticalement ou en diagonale. Le UHC Gruyère a proposé une variante du jeu samedi soir à Bulle. Pour son douzième match de la saison en 2e ligue, le club gruérien a remplacé les pions par les frères Charrière. Bingo! Quatre à la suite. La fratrie a pu évoluer au complet, pour la première fois à la maison, sous le regard fier de la famille.

«Romain, Baptiste et moi-même, on joue déjà ensemble depuis trois ans», explique Alexandre, l’aîné de 26 ans. «Maximilien, qui évolue avec les U21 de Fribourg, a activé une double licence pour nous aider deux matches.» Quatre frères dans une même équipe, un cas rare. «J’ai même demandé congé au boulot pour venir», s’exclame Romain, policier de profession. La défaite en prolongation contre Schüpfheim (4-5) n’a pas gâché le moment. Le ton est joyeux le lendemain, dimanche, au moment de la rencontre au domicile familial à Bulle, à deux minutes du terrain de jeu.

Couteau suisse

Rembobinons le film de quelques années. Alexandre, désireux de pratiquer le sport de son club de cœur Fribourg-Gottéron, doit se tourner vers le unihockey. «Ma maman ne voulait pas que je fasse du hockey», rigole l’électricien. Couteau suisse du club gruérien, Alexandre entraîne aujourd’hui la deuxième équipe, s’occupe du matériel, des licences, en sus de siéger au comité. Le cadet, Romain, a suivi les traces de son grand frère avant de s’expatrier en juniors A (plus haute catégorie) à Köniz, un des meilleurs clubs suisses. «Malgré quelques bonnes saisons, je n’avais plus l’envie de tout sacrifier pour jouer en ligue A.» Un rebond en ligue B, à Fribourg, qui s’est terminé après une saison sur une note négative. «Le courant ne passait pas avec le coach. J’avais perdu le plaisir de jouer», glisse le Bullois de 24 ans.

Le scénario est similaire pour le troisième frère. Baptiste tente sa chance du côté de Grasshopper à Zurich. «Je jouais mon meilleur unihockey, mais le Covid et une blessure à la cheville m’ont stoppé dans ma lancée.» Après une pige à Köniz, l’étudiant de 21 ans goûte à la ligue B à Fribourg, tentative qui n’aboutira pas. «Arrêter l’unihockey? Je l’avais sérieusement envisagé.» C’est alors que les parents, Isabelle et Nicolas, entrent en jeu. «Alex se battait chaque saison pour sauver Gruyère, raconte la maman. On a poussé Romain et Baptiste à soutenir leur grand frère.» Ces arrivées en 2e ligue ont porté leurs fruits et le plaisir de jouer a été retrouvé.

« Ma maman ne voulait pas que je fasse du hockey »
Alexandre Charrière

En trois saisons, Alexandre, Romain et Baptiste se sont habitués à évoluer ensemble. Maximilien a apprécié: «Au fil des années, c’était devenu un objectif de les rejoindre sur le terrain.» L’étudiant de 18 ans a sauté sur l’occasion lorsqu’elle s’est présentée. Se retrouver à quatre signifiait également un retour en enfance. «On jouait tellement devant la maison… L’un de nous pleurait à chaque fois», rigole Romain. «Je n’y allais vraiment pas de main morte avec Max», ajoute Baptiste, plaidant coupable. Le benjamin reste souriant. «Le plus grand, Alexandre, avait huit ans de plus que moi. Cela m’a appris à encaisser.»

Peur de décevoir

Maximilien a eu droit à quelques souvenirs samedi. «Physiquement, j’ai clairement vu que j’étais trop léger.» Pourtant, le dernier de la fratrie n’a pas fait pâle figure. «Avant le match, j’étais stressé. J’avais peur de décevoir la famille et l’équipe. Je voulais aussi prouver à mes frères que j’avais le niveau.» Le regard des grands, une pression qui pèse. «On débriefe tout le temps nos matches ensemble et c’est sans filtre», explique Baptiste. Il suffit un moment pour résumer l’analyse de samedi: «Fier», répond Maximilien. «Je suis extrêmement reconnaissant d’avoir pu jouer avec mes frères devant toute ma famille.»

Romain s’empresse d’ajouter: «Surtout qu’aucun de nous quatre n’était à la ramasse.» Une scène témoigne de cette fraternité. «Max a un style de jeu très rapide qui le rend vulnérable aux coups. Sur une action, un adversaire l’a poussé contre la bande à pleine vitesse, détaille Alexandre. De manière instinctive, j’ai tout de suite pris sa défense.» Romain complète: «Dans ce genre de cas, on se sent touché personnellement.» Les frères Charrière ne retiendront pas le résultat, mais plutôt le moment. Maximilien va retrouver les U21 de Fribourg, alors que ses aînés essayeront d’atteindre leur objectif avec Gruyère (voir ci-contre). «Entre frères, on a toujours été nos plus grands rivaux, mais aussi nos plus grands exemples», conclut Baptiste avec un sourire.

UHC Gruyère: des objectifs à la hausse

L’UHC Gruyère a subi samedi son quatrième revers de la saison contre Schüpfheim. Une courte défaite 4-5 en prolongation face à des adversaires qui restaient sur quatre matches perdus. Le doublé de Romain Charrière n’a rien changé. Gruyère reste tout de même accroché au wagon de tête avec une solide troisième place en 2e ligue. «Nos objectifs ont changé. Du maintien, on a passé aux promotions, sans toutefois viser la première ligue», tempère l’entraîneur, Marc Beaud (35 ans). Gruyère peut compter sur une génération – presque – dorée. Au sein de cette cuvée, les trois frères Charrière. «J’ai entraîné Romain petit, et il a toujours eu ce talent inné, se souvient Marc Beaud. Pas étonnant qu’il tourne à plus de deux points par match.» MK