Le Riazois à vies multiples
Ancien cycliste pro, vice-président de Gottéron, Yvan Haymoz aime s’investir à fond dans ce qu’il fait
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Pascal Dupasquier
28 juin 2020 à 22:31
Communes et sport » «Je ne dirais pas que je suis un hyperactif. Par contre, je suis un actif, ça oui. J’ai besoin de l’être.» Demandez à Yvan Haymoz de se plier à l’exercice de l’autodescription et voilà ce qu’il vous répondra. Il est ainsi, Yvan Haymoz, motivé, déterminé, concerné… «Quand je fais quelque chose, c’est par passion, acquiesce-t-il. Et ces choses, je les fais jusqu’au bout et complètement. Je n’ai pas peur du travail.»
Yvan Haymoz, 44 ans, marié et père de trois enfants, expert-comptable, domicilié à Riaz. Riaz? Là où sont ses racines, là où tout a commencé. «J’ai grandi à Riaz, j’y ai fait toutes mes écoles, passé toute ma jeunesse», confie-t-il. Son goût de la chose précise le pousse à cet «aveu»: «J’ai quand même été infidèle à ma commune lorsque je suis parti travailler à Genève. Mais j’y habite de nouveau depuis 2010.» Voilà qui est dit…
« J’ai besoin de cet équilibre entre la famille, le travail et le sport »
Yvan Haymoz
Yvan Haymoz, Riazois pure souche avec ce signe particulier: imperméable au mot farniente. «Je travaille dans une fiduciaire à Fribourg avec une petite vingtaine de personnes sous ma responsabilité. Je suis également membre du conseil de fondation de la Cycling Anti-Doping Foundation (CADF) à Aigle, société qui a le mandat de la lutte contre le dopage auprès de l’UCI. Je suis le responsable des finances…» Sans oublier, non plus, sa présence au conseil d’administration de Fribourg-Gottéron depuis 2013 et son poste de vice-président depuis l’an dernier. Quand on disait que l’homme est à vies multiples. «J’ai besoin de cet équilibre entre la famille, le travail et le sport», sourit-il doucement.
Dénominateur commun
Yvan Haymoz, un jeune quadra dont toutes les vies ont ce dénominateur commun: le sport. «Nous sommes une famille de sportifs, à la base de fondeurs. Mon père, mes oncles Raymond, Charly et Michel, tous en faisaient. C’était la grande époque du fond des années 1960-1970», relève-t-il avec une pointe de nostalgie. L’époque, aussi, des pionniers des Monts-de-Riaz, celle où les traces se faisaient spatules aux pieds et l’entraînement à la lampe frontale après le boulot. «Mon père et ma mère se sont occupés du Centre nordique de 1978 à 2000. Mon enfance a été un mélange de football et de ski de fond», glisse Yvan Haymoz.
Le père dont évoque le fils? Il n’est autre que Laurent Haymoz: président du HC Fribourg-Gottéron jusqu’à son décès en 2013, mais aussi ancien joueur et entraîneur de football, cycliste et, on l’a dit, fondeur.
Profession cycliste
Le cyclisme, comme la première vie d’Yvan Haymoz. «J’ai commencé le vélo à 15 ans et j’ai pris ma licence assez tard, à 16 ans», rappelle celui qui, du printemps 1998 à l’automne 1999, a porté les couleurs de Post Swiss Team, l’équipe professionnelle dans laquelle évoluaient trois autres de ses camarades de la Pédale bulloise: Pierre Bourquenoud, Daniel Paradis et Cédric Fragnière. «J’ai participé aux championnats du monde espoirs à Lugano et San Sebastian. J’ai participé à Paris-Nice, à l’Amstel Gold Race, aux tours de Suisse, d’Allemagne, d’Angleterre, de l’Avenir… C’était de jolies courses et j’ai de bons souvenirs. Cela dit, mes plus beaux souvenirs de cyclisme, c’était les cols des Alpes, des Dolomites, des Pyrénées avec mon père et en famille…»
Le Riazois marque un temps d’arrêt, puis ajoute: «Ce sport, je l’aime. J’ai appris à l’aimer grâce à mon père.»
Un seul regret
Le cyclisme, milieu qu’Yvan Haymoz a pourtant quitté après deux saisons de professionnalisme. La faute notamment au dopage. «Je deviens pro en 1998, la pire année du cyclisme, celle de l’affaire Festina…» Son regard s’assombrit: «Pour moi, c’était la douche froide. Je prends ma licence à 16 ans, je passe élite, je vais aux championnats du monde espoirs, je signe mon premier contrat pro… J’étais comme dans un rêve.» Il grimace: «Je n’étais pas naïf, je me rendais bien compte qu’il y avait des choses pas très claires. Mais pas à ce point-là.»
Bien que Post Swiss Team souhaite le garder, le jeune professionnel de 24 ans ne s’identifie plus aux valeurs du cyclisme d’alors: «Elles étaient contraires à mes valeurs d’intégrité, d’honnêteté et de science du travail, résume-t-il. Je voulais faire du vélo sainement et je me suis dit: soit le milieu change rapidement et je continue, soit j’arrête.» Il soupire: «Il a fallu au moins dix ans et une génération pour qu’il s’assainisse.»
Yvan Haymoz dit ne regretter qu’une seule chose: ne pas avoir été pro à l’époque d’aujourd’hui. «Le cyclisme est beaucoup plus sain, assure celui qui fait encore 5000 à 6000 km de vélo par année. Il y a toujours du dopage, mais largement moins grâce à des contrôles resserrés, plus stricts et beaucoup plus nombreux hors compétitions. Les fenêtres de détection des produits interdits sont également plus efficaces.»
>>> La Liberté passe sous la loupe sportive les 133 communes fribourgeoises. Quelles activités? Quels hauts faits? Quels talents? Quelles belles histoires ou revers de fortune? Autant de pistes explorées par nos journalistes de la rubrique sportive. L’ordre de publication de cette série quotidienne est aléatoire.
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