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A Chapelle, les copains d’abord

Il y a près de vingt ans, une bande d’amis fondait le club des Tigers. Elle est toujours là

Nicolas Jaquet, Olivier Dorthe et Fabien Richoz (de gauche à droite): trois Tigres chapelois de la première heure.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

27 août 2020 à 04:01

Communes et sport » Un banc voisin d’une piste de pétanque, des chaises, quelques bières artisanales et une distanciation sociale parfaitement respectée: à Chapelle, le club d’unihockey, baptisé les Tigers, a le sens de l’hospitalité, le soleil, rasant lors de l’entretien et le château d’Oron, qui trône en contrebas, en sont témoins. Aux confins du district de la Glâne – attention, jeu de mots facile –, la boule à trous a fait son trou. Elle fait aussi la fierté de la commune, qui le lui a toujours bien rendu, et bat chaque semaine le rappel de 42 membres actifs, tous issus de la région. Et dire que cette même balle à trous n’aurait jamais pu rouler…

L’histoire des tigres chapelois commence en 1993, lorsqu’une bande d’adolescents pas encore secs derrière les oreilles se trouve quelques affinités avec le hockey. Mais le «hockey de rue», avec du matériel fait de bric et de broc, comme l’époque, insouciante et bienveillante pour qui se lève tôt et est habile de ses dix doigts, le réclamait. Certes, il s’agit là d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Mais qui n’a pas taillé dans un bloc de mousse pour fabriquer des jambières ou substitué un gant de baseball à la fameuse «mitaine» du gardien? Nostalgie, quand tu nous tiens.

A pied puis en patins

«Nous avons d’abord joué à pied sur le goudron, puis sur des patins, même si, pour ma part, c’était assez litigieux (sic!). Notamment pour freiner», rigole Nicolas Jaquet, 38 ans, présent depuis le début de l’aventure. «Pour m’arrêter, poursuit-il, je me lançais par-dessus les panneaux de coffrage qui nous servaient de bandes et j’atterrissais sur le gazon. C’était assez pathétique, raison pour laquelle, sans doute, on m’a mis aux buts.» Assis en face de lui, Olivier Dorthe, son cadet d’un an, s’empresse de voler à son secours: «Il faut dire que la place derrière l’église n’était pas plate.»

Faute de se sentir à l’aise sur des roulettes, mieux valait vite refermer la parenthèse. C’est au Cycle d’orientation de Romont que la joyeuse troupe a appris à connaître le sport que, depuis, elle pratique sans relâche. Mais dans le village d’à côté, Promasens, où elle s’entraîne de manière hebdomadaire. «Nous ne rentrions pas à la maison pour dîner. Mais la salle de gymnastique du CO restait ouverte à midi et c’est là, avec d’autres gars de la région, que nous avons découvert l’unihockey», raconte Nicolas Jaquet.

La suite est à la bonne franquette, vous l’aurez deviné. «Nous avons commencé par participer à des tournois populaires. Parce que nous n’avions pas de maillots, je me souviens avoir joué torse nu, avec les numéros peints au cirage derrière le dos.» Nicolas Jaquet marque une pause puis sourit: «Des anecdotes, il y en a beaucoup. Comme le jour où l’un de nos potes avait mis de la goutte dans nos gourdes…» Et d’ajouter: «Comme nous n’étions pas trop mauvais, le moment était venu de passer à l’étape supérieure et nous nous sommes inscrits en championnat de Suisse.»

C’était l’automne 2005 et les Tigers UHC Chapelle voyaient officiellement le jour. Deux ans plus tard, ils s’étaient déjà reproduits, puisque à la bande initiale sont venues se greffer une deuxième garniture d’actifs ainsi qu’une équipe féminine, «nos copines ou nos sœurs qui nous suivaient», précise Nicolas Jaquet.

Depuis Thoune aussi

La famille au grand complet. Au fil des matches et des saisons, et malgré les départs des uns et des autres vers de nouvelles contrées, ainsi va la vie, les liens ne se sont jamais étiolés. Olivier Dorthe en sait quelque chose, lui qui, alors qu’il s’était exilé du côté de Thoune, n’hésitait pas à faire le déplacement de Chapelle chaque semaine pour suer en agréable compagnie. Une heure et quart de voiture à l’aller, la même chose au retour, mais un enthousiasme de jeune premier. Toujours.

«Les copains d’enfance, c’est irremplaçable, soupire l’agriculteur à la barbe fleurie. Tu peux voyager n’importe où autour de la planète, tu te feras de nouveaux amis. Mais ce n’est pas les copains d’enfance, ce n’est pas pareil…» Fabien Richoz, 41 ans, autre félin de la première heure qui coiffe aujourd’hui la casquette de président, abonde: «Lâcher cette équipe, c’est dur. C’est comme si nous étions liés. Le problème, c’est que nous avons tous un certain âge et je ne sais pas encore combien de temps nous allons jouer. Alors, si quelqu’un veut nous rejoindre ou intégrer l’équipe féminine, il est le bienvenu.»

L’appel est lancé. Qui y répondra favorablement fera l’apprentissage de la balle à trous mais aussi, et surtout, de l’amitié.

La Liberté passe sous la loupe sportive les 133 communes fribourgeoises. Quelles activités? Quels hauts faits? Quels talents? Quelles belles histoires ou revers de fortune? Autant de pistes explorées par nos journalistes de la rubrique sportive. L’ordre de publication de cette série quotidienne est déterminé de manière aléatoire.

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