Mondiaux de Budapest. Les maux de l’athlétisme français
Principale chance de médaille dans le camp français, Kevin Mayer a jeté l’éponge lors du décathlon
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Alexandre Lachat, Budapest
26 août 2023 à 04:01
Mondiaux » A onze mois des Jeux olympiques de Paris, l’athlétisme français s’apprête-t-il à repartir bredouille des mondiaux de Budapest? C’est malheureusement plus que probable après l’abandon de Kevin Mayer dans le décathlon, survenu vendredi matin après la deuxième épreuve déjà, le saut en longueur. «Après le 100 m déjà, j’ai su que ce serait compliqué d’aller jusqu’au bout», a avoué le détenteur du record du monde (9126 points). «A 11 mois des Jeux de Paris, je n’ai pas voulu aller dans la douleur, comme je l’avais annoncé il y a quelques jours déjà. J’ai préféré ne prendre aucun risque. Je suis en paix avec moi-même.»
En cause: une inflammation au tendon d’Achille gauche, «apparue une première fois au mois de mars après les européens en salle d’Istanbul», et qui «s’est réveillée il y a deux semaines et demie à Font-Romeu, lorsque Kevin effectuait des séries de 400 m», explique Léo Berret, son vidéaste-photographe attitré. «C’est triste, parce que je sais qu’il était en pleine forme», assure le jeune athlète de Delle, licencié en Suisse à la FSG Bassecourt.
Loin de ses standards
Vendredi matin à Budapest, Kevin Mayer a couru le 100 m en 10’’79 puis sauté 7m25 en longueur. Deux performances très éloignées de ses standards habituels. Il a préféré poser les plaques avant le lancer du poids, là où il avait prolongé la souffrance jusqu’au saut à la perche aux mondiaux de Doha, en 2019. «Au Qatar, c’était mon tendon d’Achille droit qui m’avait embêté. Là, c’est le gauche. Il va falloir que je reste tranquille un mois et demi, je pense. Et après seulement je pourrai reprendre l’entraînement.»
Le champion du monde en titre et double médaillé d’argent aux JO (2016 et 2021) a ainsi vécu une nouvelle désillusion, après ses abandons à Doha en 2019 et aux européens de Munich l’an passé. A 31 ans, saura-t-il rebondir et être présent au Stade de France début août 2024, pour ce qui doit être LE grand rendez-vous de sa carrière? «Je ne me fais aucun souci», assure son entraîneur Alexandre Bonacorsi, un gars venu de Besançon. «Vous pouvez me croire: Kevin, actuellement, a du feu dans les jambes. A onze mois des Jeux de Paris, on a simplement voulu jouer la sécurité. La décision a été facile à prendre.» Reste que l’atout No 1 de l’athlétisme français devra encore satisfaire à la limite d’admission (8460 points) s’il entend être de la partie du côté de Saint-Denis. «C’est vrai, vous avez raison», admet Bonacorsi. «Mais ce ne sera pas un problème. On va se trouver un déca en décembre ou en janvier, en Australie, en Nouvelle-Zélande ou aux Etats-Unis. Mais pas à Götzis: mi-mai, c’est trop tard.»
Pas de panique
Kevin Mayer, lui non plus, ne panique pas. «Non, je sais que je vais pouvoir soigner cette blessure et me trouver un petit déca sympa cet hiver. Je n’ai pas peur. Je garde le moral… même si là, dès que je vous aurai quittés, je sais que j’irai chialer comme un gosse. L’année 2024, je le sens, j’en suis sûr, peut être magnifique.» Le sera-t-elle vraiment pour l’athlétisme tricolore? Comme en 1983 à Helsinki, comme en 1993 à Stuttgart, le Club France s’apprête à quitter Budapest et les mondiaux sans aucune médaille dans ses bagages. «Ce qui n’est pas étonnant du tout», souligne notre confrère de L’Equipe Marc Ventouillac. «L’an dernier déjà, aux mondiaux d’Eugene, seul Kevin Mayer avait réussi à décrocher une médaille (d’or, ndlr). L’athlétisme français traverse une période creuse, se cherche une nouvelle génération de champions. Mais moi, personnellement, je ne vois rien venir, si ce n’est le jeune Yanis Meziane, très bon sur 800 m.»
Et dire qu’aux mondiaux de 2003 à Paris, la France, alors emmenée par Eunice Barber et Christine Arron, avait fait main basse sur huit médailles, dont trois d’or dans ce même Stade de France. La vie, le sport ne sont décidément qu’une histoire de cycles.
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