Logo

Athlétisme

Le CA Belfaux. la forme olympique

800, 400, 200, 100 m: drôle de relais, qui veut qu’un coureur se tape plus de la moitié du boulot

David Simonet, le dernier relayeur du CA Belfaux: «Je ne suis pas contre l’idée de courir un 100 m, à condition qu’on me donne une bonne avance.»

 jean ammann

jean ammann

28 mai 2019 à 04:01

Athlétisme » Le relais olympique obéit aux Evangiles, qui veulent que l’ouvrier de la dernière heure soit payé comme l’ouvrier de la première heure. Ainsi, dans le relais olympique qui, soit dit en passant, ne figure pas au programme des Jeux olympiques, un seul relayeur ou une seule relayeuse (soyons inclusifs) se tape les 53,33% du boulot.

Le relais olympique se décompose comme suit: 800 m (53,33% de la distance totale), 400 m (26,66%), 200 m (13,33%) et 100 m (6,66%). Sur un temps de course de 3’30 à peu près, le premier relayeur passe près de 2’ sur le stade, le coureur de 400 m entre 52 et 54 secondes, les deux sprinters courts se partagent, grosso modo, les 35 secondes restantes.

Sous les deux minutes

Autant dire que la course est très souvent jouée après le premier relais. Samedi à Bulle, lors des championnats fribourgeois de relais, qui groupaient encore le canton de Vaud et une délégation valaisanne, le CA Belfaux s’est imposé chez les hommes dans le temps de 3’28’’40 (record cantonal: 3’11’’05 en 1985, par le TV Bösingen d’Alex Geissbühler). Léon Dietrich a lancé le relais en tournant autour des 1’59 au 800 m, distançant les cadets A du SA Bulle, représentés par Max Henrotin, d’une quinzaine de mètres. Ceux-ci ne reviendront jamais, malgré un bon 400 m du prometteur Jérémy Valnet.

A l’arrivée, les relayeurs du CA Belfaux fêtaient leur titre en tout œcuménisme, sans distinction de classe, les demi-fondeurs enlaçant les sprinters dans un mélange de fibres musculaires: «C’est vrai que le coureur du 800 m est décisif. Mais le relais olympique, c’est cool», dit Léon Dietrich, 18 ans, qui a un record à 1’59’’30 sur la distance (2018), mais qui préfère le 1500 m. Il vient d’ailleurs de remporter samedi passé l’épreuve du match des six cantons (4’00’’82, record personnel). Il a été suivi par Tristan Bourquin (18 ans au mois de juillet), plutôt spécialiste du sprint court (11’’76 sur 100 et 23’’99 sur 200), qui s’est risqué au 400 m: «J’ai dû courir entre 51 et 52. Si c’est le cas, c’est un bon temps, mon record est de 53’’27.» Enfin, Jean Lambert Hétault et David Simonet, les deux seuls actifs – par l’âge – de l’équipe, se sont respectivement partagé le 200 m et le 100 m.

Il touche à tout

Il faut dire que la journée a été chargée pour les deux derniers relayeurs belfagiens: vingt minutes plus tôt, ils avaient couru le 3 x 1000 m et dans la matinée, le 4 x 100 m! Ni Lambert Hétault (23 ans), ni Simonet (24 ans) ne sont véritablement des sprinters: le premier vient du saut en hauteur – «1,91 m, il y a longtemps», dit-il – et il s’est maintenant converti au javelot (51,42 m) comme aux concours multiples: «Ce qui me plaît, c’est de toucher à tout», résume-t-il; tandis que le second dit qu’il aime surtout «les courses de montagne», avec de temps en temps une incursion dans le multiple: «Des 100 m, j’ai dû en courir trois dans ma vie, au pentathlon et au décathlon, dans les 13 secondes, précise David Simonet. Je ne suis pas contre l’idée de courir le 100 m, à condition qu’on me donne une bonne avance!» Ce fut le cas samedi, où après 1400 m, soit les 93,33% de la course, le CA Belfaux était à l’abri d’un improbable retour.

L’«olympique», avec sa logique inversée, incarne merveilleusement l’esprit des relais: une parenthèse de frater-nité dans un stade parcouru d’égoïstes.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus