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Religions

Une opération sans précédent contre des imams radicaux

Dakar • Les autorités sénégalaises ont lancé une vaste opération de prévention du terrorisme religieux, en s’attaquant, pour la première fois, au milieu sensible des imams et prédicateurs, considérés jusqu’ici comme intouchables.

Le rectorat considère que l’échange avec les musulmans représente une contribution aujourd’hui indispensable à une compréhension mutuelle et une intégration réussie.

Cath.ch

Cath.ch

5 novembre 2015 à 15:21

«Sale temps pour les imams et prédicateurs», titre le quotidien sénégalais «Wal Fadjri» le 4 novembre 2015. L’ampleur de ce coup de filet dans les milieux pro-islamistes est sans précédent au Sénégal, un pays à majorité musulmane, qui pratique un islam dit «confrérique», généralement modéré et tolérant. Au total, une trentaine d’imams et prêcheurs radicaux ont été arrêtés depuis le 27 octobre, à travers tout le pays.

L'opération a commencé au début du mois d’octobre par l’interpellation, puis l’incarcération, à Kolda, au sud-est du pays, d'Ibrahima Sèye. Ce professeur de lycée, exerce aussi en tant qu'imam, dans une mosquée de la ville. Il a été arrêté pour apologie du terrorisme religieux, insulte à des chefs d’Etat étrangers et atteinte à la sûreté de l’Etat, aux institutions et aux symboles républicains.

L'ombre de Boko Haram

Après lui, Alioune Badara Ndao, un autre imam de mosquée, ainsi que six de ses proches dont deux imams, ont été arrêtés, entre la fin octobre et le début novembre à Dakar et sa banlieue. A ces interpellations, se sont ajoutées celles d’autres religieux, connus pour le caractère fondamentaliste de leurs prêches.

Selon le quotidien dakarois «L’AS» du 3 novembre, tout serait parti de l’arrestation, il y a quelques mois, d’un ressortissant sénégalais à la frontière nigériane. L’enquête réalisée par la police du Nigeria a révélé que l'«homme entretenait des liens étroit avec le groupe djihadiste Boko Haram. A cause de cela, tous les services de renseignements du Sénégal ont été mobilisés depuis juin dernier, pour localiser ses contacts et retracer ses déplacements. Cette surveillance a permis d'interpeller son épouse et sa belle-soeur, qui appartenaient à un groupe islamique hautement radicalisé du Sénégal.

Détermination du gouvernement

Mais c’est surtout l’arrestation, il y a quelques jours, de l'imam Mamadou Sall, en banlieue de Dakar, qui a précipité les opérations, rapporte le quotidien «Libération» de la capitale. Les forces de sécurité ont en effet découvert des traces de l'envoi, par le Sénégalais interpellé au Nigeria, de plusieurs millions de francs CFA. Or, ce dernier n’exerce aucune activité lucrative légale connue.

En plus des versements, les enquêteurs ont mis la main sur plusieurs vidéos et documents «compromettants», notamment de propagande islamiste, chez les suspects.

Le journal sénégalais «Le Quotidien» du 4 novembre a souligné que l’Etat semblait désormais décidé à accroître la surveillance des imams et des mosquées. Le quotidien a cependant invité les services de sécurité, à ne pas négliger la concertation avec les imams modérés, pour éviter que certains membres radicaux de la corporation n’entrent en clandestinité et mènent leurs activités de manière plus violente.

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