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Religions

Ces jeunes qui pratiquent le jeûne

Page Jeunes - Religion • La Semaine sainte approche et avec elle, la fin du carême. Rencontre avec deux étudiants fribourgeois qui ont choisi d’observer cette tradition religieuse.


Kim de Gottrau

Kim de Gottrau

14 mars 2016 à 11:08

Quand on évoque la célébration de Pâques, inévitablement, on pense au carême: cette période de pénitence de 40 jours qui précède la fête pascale. Alors que nombre de jeunes se détachent de la religion et de ses rites, d’autres y accordent encore une grande importance. «Certains vivent aujourd’hui leur foi de manière intense et souhaitent suivre l’Evangile de façon plus radicale», constate le Père Ludovic Nobel, professeur de Nouveau Testament à l’Université de Fribourg. C’est le cas de Mihovil Buljan, 26 ans, titulaire d’un bachelor en théologie. Pour lui, pratiquer le carême signifie «suivre Jésus, tenté par le Diable, et sortir de son égoïsme afin d’affronter, combattre et espérer vaincre avec son cœur toutes nos faiblesses humaines». Il fait ici référence à l’épisode des 40 jours du Christ dans le désert, durant lesquels celui-ci a résisté aux tentations de Satan.

Mais comment réagit l’entourage, lorsqu’il apprend qu’on observe une forme d’abstinence? Alexandre Frezzato, 24 ans, étudiant en théologie et philosophie, estime que «le carême n’est pas toujours perçu comme une pratique extrême mais plutôt comme quelque chose de sain». L’expérience peut d’ailleurs prendre différentes formes: certains ont recours aux régimes, d’autres à la méditation. «Tout le monde le fait à sa façon. Le fait qu’une personne prenne du recul sur elle-même pour pointer du doigt un travers qu’elle souhaiterait rééquilibrer est déjà à mon sens le fruit d’une démarche spirituelle», précise le jeune homme.

Le corps et l’âme

Aux yeux du Père Nobel, le jeûne n’a pas forcément une connotation religieuse: «Il apprend à l’Homme à mieux se maîtriser, à éprouver ses sens pour se recentrer sur l’essentiel, à se décentrer de soi-même pour s’ouvrir aux autres.» Selon lui, la démarche doit donc commencer au plus profond de soi. C’est aussi ainsi qu’Alexandre conçoit le carême: «Jeûner exprime la volonté de remettre profondément en question mes choix de vie et d’opérer un rééquilibrage dans ma relation à Dieu en passant par la redécouverte de mon authenticité.» Alors que le jeune homme a pris tout seul la décision de faire le carême il y a trois ans, Mihovil l’observe depuis plus longtemps et principalement pour des raisons culturelles et traditionnelles: «Comme je suis issu d’une famille catholique croate, ce temps liturgique est ancré dans mes mœurs depuis ma plus tendre enfance.» Mais pour lui, le carême n’est pas seulement un acte de mimétisme. «Dans cette action, il y a l’intelligibilité de la tradition mais celle-ci est bâtie dans la foi que nous avons dans Christ-Jésus», complète-t-il.

C’est donc la foi qui a poussé ces deux universitaires à respecter cette période d’abstinence. Mais, concrètement, que font-ils? Alexandre ne boit pas d’alcool, limite sa consommation de viande et jeûne le vendredi, tandis que Mihovil tente de prendre des habitudes qu’il pourra prolonger tout au long de l’année. Cependant, pour que le carême soit complet, Alexandre considère que «cette discipline du corps doit être en étroite correspondance avec celle de l’âme». Ainsi, durant cette période, les adeptes consacrent aussi plus de temps à la prière et font attention aux autres, à travers le partage et l’aumône. Et Alexandre de conclure: «Le carême représente une sortie de sa propre zone de confort.» I

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