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Une histoire en noir et blanc

Une jeune Fribourgeoise a lancé une pétition visant à mieux intégrer l’histoire des Noirs dans l’enseignement dès l’école primaire

Kelly Da Moura Semedo a sillonné la Suisse romande pour changer la façon de traiterl’histoire des Noirs dans les programmes scolaires.

 Eléa Jacquot

Eléa Jacquot

21 juillet 2020 à 04:01

Discriminations » Neuchâtel, Genève, Fribourg… Nombreuses sont les villes où Kelly Da Moura Semedo, 21 ans, est allée faire entendre sa voix et porter sa pétition comme un étendard. «J’avais rédigé une liste avec mes questions, explique-t-elle. Je me demandais notamment pourquoi des personnes s’étonnaient encore que je parle bien français, ou que j’étudie la médecine.» Et celle qui pratique également le basket-ball d’évoquer: «Un jour, pendant un match, un spectateur m’a sommée de retourner manger mon manioc. De tels propos n’ont pas leur place ici, voilà pourquoi j’ai lancé cette pétition.»

Celle-ci propose d’intégrer, dès l’école primaire, de nouveaux aspects de l’histoire noire, que ce soit dans les domaines scientifiques ou littéraires. «Il ne faut pas limiter les cours à l’esclavage et à la colonisation, car cela donne une mauvaise image des personnes noires», continue la jeune militante.

Interrogée, la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS) reconnaît le rôle important de l’éducation dans la lutte contre le racisme. «Transmettre des valeurs sociales de respect et de prise en compte des différences fait partie des objectifs de l’école publique», rappelle-t-elle par ailleurs.

Elle pose cependant un regard différent sur le programme scolaire actuel: «La problématique liée aux personnes noires est abordée de manière multiple et à travers toutes les disciplines des sciences humaines et sociales.» Elle cite entre autres les mouvements de contestations du XXe siècle, dont la lutte contre la ségrégation raciale et l’émergence du rap aux Etats-Unis, abordés dès la 7H, mais aussi, au niveau du cycle d’orientation, le commerce avec l’Afrique au Moyen Age ou encore la position de l’Afrique durant la guerre froide. «En citoyenneté (11H), les relations entre la Suisse et le monde sont analysées en lien avec l’actualité, ce qui a évidemment été le cas en cette période», ajoute-t-elle.

Du chemin à parcourir

«La Suisse est encore trop ignorante de ses responsabilités dans la colonisation. Ça s’est passé ici aussi, il faut en prendre conscience», reprend Kelly Da Moura Semedo. «Aujourd’hui, on n’en parle pas assez tôt, pas de la bonne manière en cours d’histoire.» La jeune militante dit vouloir utiliser cette pétition pour faire du bruit et amener le débat à la table de futures votations.

La DICS prévient quant à elle de la difficulté d’intégrer cette modification en raison de la structure du Plan d’études romand (PER). «D’une part, le programme ne définit pas des thèmes à traiter, mais des apprentissages, sous forme de compétences, à travailler. D’autre part, ce changement doit émaner d’un consensus de l’ensemble des cantons romands et d’une volonté politique.»

Perspective qui ne décourage pas pour autant la jeune femme, qui entend bien mener son combat jusqu’au bout.

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