«On a qu’à se twinter!»
Avec ses trois millions d’utilisateurs en Suisse, l’application a changé les pratiques financières des jeunes. Témoignages
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Yvan Pierri
8 novembre 2021 à 02:01
Société » Trois millions de Suisses utilisent Twint, peut-on lire sur le site de l’entreprise zurichoise. Après avoir lancé son application de paiement sans contact en 2017, celle-ci est vite devenue leader du marché helvétique. Une progression qui témoigne bien de la popularité grandissante de ces moyens de paiement numériques: «Quasiment tout le monde sait ce qu’est Twint. Le fait que les banques mettent en avant l’application et associent des avantages financiers à son utilisation a permis de faire sauter le pas à de nombreux clients», explique l’économiste d’entreprise Marie Giller Zbinden.
Rapide et pratique
Le confort et la rapidité de ces applications de paiement sans contact, qui permettent d’effectuer des transactions bancaires d’un seul geste, jouent un rôle important dans leur popularité: «Twint, c’est extrêmement pratique. On n’a pas à sortir la monnaie à chaque fois qu’on va boire un verre entre amis», observe Laurie Nieva, 22 ans, étudiante en psychologie à l’Université de Fribourg. «Il suffit d’envoyer un message à quelqu’un pour se faire rembourser ou pour payer une dette.»
Les déclinaisons du concept sont nombreuses. Parmi elles, Tricount, très prisé par les colocations pour son outil de gestion des dépenses de groupe: «Tricount permet de visualiser les dépenses de chacun pour le groupe et de calculer ce que doivent les autres pour équilibrer le total», analyse Océane Bürgy, étudiante en sociologie et en anthropologie sociale. «C’est typiquement le genre de choses qu’on utilise en voyage dès qu’il faut payer le logement ou le restaurant», ajoute son amie et camarade Sanaé Arnoud, 20 ans.
Si l’adoption de Twint, Tricount ou Splid est un phénomène global, ces applications s’invitent majoritairement dans les portables des jeunes, constate Sergio Rossi, professeur d’économie à l’Université de Fribourg. «Les personnes de moins de 30 ans utilisent particulièrement ces applications. A mesure que l’âge des personnes augmente, on constate une diminution de leur utilisation.» Les anciennes générations encore habituées au paiement en espèces seraient ainsi plus méfiantes à l’égard de ces nouveaux moyens de paiement que les jeunes ayant grandi avec le numérique.
Mais dans un monde où les mesures sanitaires de lutte contre la pandémie de Covid-19 ont favorisé l’essor du paiement sans contact, c’est tout notre rapport quotidien à l’argent qui s’est modifié. «Nous perdons le rapport à l’argent. Le geste est quasiment le même lorsqu’on achète une voiture à 50 000 francs ou un bonbon à deux francs», regrette Marie Giller Zbinden. De là à penser que les paiements en espèce vont disparaître, il n’y a qu’un pas, que franchit Sergio Rossi: «Les prochaines générations vont probablement faire appel de manière exclusive à ces applications, auxquelles elles vont s’habituer durant leur enfance déjà.» Pour lui, le changement est en marche…
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