Le retour de Spirou dans Pacific Palace

Dans cette reprise du grand classique belge, on retrouve l’emblématique duo Spirou et Fantasio, créé par Franquin. Pacific Palace est une bande dessinée de 80 pages qui promet une vraie immersion dans un univers énigmatique. Elle fait partie de la collection « Le Spirou de »et cette fois c’est Christian Durieux qui se munit de son crayon pour donner vie au légendaire personnage. Pour l’occasion, il a mis en place un mélange entre fable politique et une romance. 

Pacific Palace est le genre de lecture qui se fait d’une traite, on le dévore tant on est captivé. Une lecture qui nous mène là où nous nous y attendions le moins. Christian Durieux réinterprète le duo Spirou-Fantasio. La bande dessinée se tasse dans un monde fermé, un huis clos où le Spirou que l’on connaît, habituellement montré comme un aventurier, est groom de l’hôtel. Il est un observateur et non plus un acteur du récit. Cette approche permet d’accentuer de mettre une vie dans un hôtel désert.  En contraste avec Spirou, plus sur la réserve, il y a Fantasio, vrai gaffeur.

Le titre, Pacific Palace, suggère l’ambiance, articulée autour d’’un hôtel de luxe entouré d’un lac et de son directeur très pointilleux, qui va donner maille à partir à Spirou et Fantasio. La trame se compose en deux histoires parallèles: d’un côté les arrangements politiques, provoqués par l’arrivée du dictateur d’un pays fictif à l’hôtel, et de l’autre la romance entre Spirou et la fille du tyran Elena. 

Le ressort comique de l’ouvrage s’appuie largement sur le personnage de Fantasio, véritable gaffeur, que Spirou regrette assez vite d’avoir fait embaucher Fantasio. En effet, il a une vraie attitude de grognon et ne fait rien comme il faut. Le métier de groom n’est vraiment pas faite pour cet ancien journaliste. Son goût pour le journalisme, d’ailleurs, le suit tout au long de la bande dessinée. Fantasio retrouve très rapidement ses réflexes de reporter et va chercher à comprendre ce qu’il se trame. Bien qu’il soit malin, Fantasio ne se départ pas d’une certaine naïveté. Il croit très vite ce qu’il voit sans se questionner, jusqu’à penser avoir un scoop de génie à la fin de la BD alors qu’il n’en est rien.

Cette BD offre de belles planches, des dessins aux teintes pastel qui renforcent l’impression de se retrouver enfermé, en tant que lecteur, dans ce palace. Les pages dans lesquelles Elena, la fille du tyran, se baigne dans la piscine intérieure sont d’un bleu profond qui évoque l’odeur de chlore, la chaleur qui émane de l’eau et la lumière tamisée du soir: tous ces éléments sont si bien reflétés par ces illustrations qu’on s’y croirait. Une certaine douceur se dégage des pages. Aussi, le clair-obscur amène à cette bande-dessinée un aspect d’autant plus immersif.