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Récit sportif

Récit sportif. la photo-finish, de Salt Lake à Beyrouth

C’est au détour d’un voyage que Michaël Perruchoud découvre le biathlon, magnifique sport s’il en est


 Michaël Perruchoud

Michaël Perruchoud

8 août 2022 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Récit sportif (1/6) » Un écrivain, un sportif, une journaliste se remémorent l’un de leurs plus beaux souvenirs sportifs. En collaboration avec les éditions Cousu Mouche, la démarche Rien de plus fort débute avec l’écrivain passionné de sport Michaël Perruchoud.

Je me suis passionné pour le biathlon à Beyrouth, en février 2002. J’étais arrivé de nuit, sans lit réservé. L’hôtel «pas cher» devant lequel le chauffeur de taxi m’a déposé était un sympathique boui-boui branlant qui bordait la gare routière et servait surtout aux ouvriers syriens. Piaule spartiate et douche à l’étage. Mais comme je partais tôt, avide de visiter Byblos, Tyr ou Tripoli, que je rentrais tard et que la télé fonctionnait, je n’avais pas à m’en plaindre. En parlant de la télé, je n’ai rien compris au bouquet satellite du coin. A part les chaînes d’informations en arabe, j’avais le choix entre du sport et du porno. En de telles circonstances, et même en cas de déséquilibre hormonal sévère, on finit par atterrir sur une chaîne sportive.

Il avait la classe

A l’autre bout du monde, à Salt Lake City, se déroulaient les Jeux olympiques d’hiver. Je quittai donc un narguilé, le backgammon et le café à la cardamome des bords de la Méditerranée pour du bob ou du saut à skis. Le choc mental, à défaut d’être thermique, m’amusait fort, mais me passionnait peu. Pour tout dire, je regardais le spectacle du bord des yeux, une petite heure avant de dormir, comme une gentille série B. Et puis, sans prévenir, il y eut Bjoerndalen et le biathlon. Je n’étais pas franchement prédestiné à m’y intéresser. Pour tout dire, un truc avec un fusil, je cataloguais ça dans les sports de fachos. Mais voilà, dans l’onguent d’une nuit du Liban, au gré d’un début d’insomnie, je me suis laissé prendre à la magie de cette curieuse discipline, à cet équilibre entre effort et précision. Et surtout, j’ai vu un concurrent glisser sur la neige avec une improbable facilité: Ole Einar Bjoerndalen. Je n’ai pas eu besoin des discours des commentateurs pour comprendre que cet homme-là avait ce petit quelque chose en plus, ce qu’on appelle la classe. Il y avait alors quatre courses olympiques dans la discipline. Il les remporta les quatre. Un grand chelem inédit forgé au fil de l’élégance.

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