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Évasion

Dol-de-Bretagne, lieu névralgique

La cité, qui fut la capitale religieuse de la Bretagne, voit son histoire liée au pays de Galles et à l’Ecosse


 Gérard Blanc

Gérard Blanc

6 novembre 2019 à 02:01

Ille-et-Vilaine » Lors d’un séjour à Saint-Malo, l’occasion est belle de rayonner aux alentours pour découvrir des trésors d’authenticité à la ronde. Il y a bien sûr Cancale et ses parcs à huîtres, ou les rugissants du cap Fréhel, mais dans d’autres lieux moins connus l’on découvre un patrimoine historique cher aux Bretons. Dol-de-Bretagne a comme particularité d’avoir accueilli des héros qui y ont laissé une trace indélébile.

La Bretagne a connu plusieurs capitales administratives – Nantes, Vannes ou Rennes –, mais aussi des capitales religieuses. Tel fut le cas de Dol-de-Bretagne du VIe siècle à la Révolution française de 1789. Toute visite de cette petite ville de 5800 habitants, classée petite cité de caractère de Bretagne, doit commencer par la cathédrale Saint-Samson, sur le parvis de laquelle se dressent deux statues évoquant les périodes clés de la ville.

La première représente la Maen Vag, une barque en granit de Lanhélin issue d’un bloc de 35 tonnes et représentant, selon la légende, la barque en pierre qui aurait permis au moine saint Samson de rejoindre la côte bretonne pour y prêcher la parole divine. Il arrivait du pays de Galles avec d’autres religieux, tels saint Suliac ou saint Maclew, celui-là même qui donna son nom à Saint-Malo. A cette époque, Dol se trouvait au bord de la mer, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

La seconde statue représente le roi Nominoë qui, au IXe siècle, accompagné de ses troupes, tint tête aux Francs de Charles le Chauve lors de la bataille de Ballon en 845, et créa la nation bretonne. Il fut sacré roi en la cathédrale de Dol en 848. Pour le poète breton Théodore Hersart de La Villemarqué, il est le plus grand roi que la Bretagne ait connu.

Un incendie et le diable…

Mais revenons au moine gallois saint Samson qui fonda un monastère lorsqu’il débarqua en Bretagne. Il fit ensuite bâtir une cathédrale et devint le premier évêque de Bretagne. En 1203, Jean sans Terre et les troupes anglaises arrivèrent à Dol et brûlèrent la cathédrale. Pris de remords, mais aussi par superstition, Jean sans Terre contribua, après-coup, à la reconstruction de l’édifice.

Lorsqu’on fait face à l’entrée de la cathédrale romane en granit du XIVe siècle, on a l’impression qu’entre les deux tours la statue de saint Samson nous regarde. Si la tour de droite est terminée, celle de gauche demeure inachevée. La légende dit que le diable se serait saisi d’une pierre et l’aurait lancée en direction de la cathédrale. Le caillou aurait heurté la tour. La vérité est plutôt que le manque d’argent aurait empêché de l’achever.

A l’intérieur, on découvre un autel en terre cuite émaillée, sculpté sans moulage, ainsi que la verrière la plus ancienne de Bretagne. Un vitrail décrit la vie de saint Samson et son arrivée en Bretagne. Dans la chapelle, le gisant du saint est posé sur l’autel. Sur le côté nord de la cathédrale, on remarque que celle-ci a été construite comme une forteresse, ce qui indique qu’elle a fait partie intégrante des remparts et qu’une de ses tours a servi de tour de guet.

Dol et l’Ecosse

A la droite de la cathédrale il faut s’engouffrer dans la rue Ceinte. Ceinte car ses deux extrémités étaient fermées pour interdire aux moines de s’échapper de l’espace qui leur était réservé, à savoir des maisons individuelles en granit jalonnant la rue. Unique solution pour les religieux: se rendre à la cathédrale!

La rue Ceinte débouche sur la Grande-Rue-des-Stuarts. Un nom rappelant que Dol forme l’origine de la dynastie des Stuarts. En effet au Xe et au XIe siècle, Dol était régi par des sénéchaux. Le sénéchal de Dol fut recruté par le fils de Guillaume le Conquérant et partit à la conquête de l’Angleterre pour s’y installer. Il eut quatre fils dont l’un se lia d’amitié avec le roi d’Ecosse David Ier. Il épousa Marjorie Bruce, princesse d’Ecosse et fille de Bruce Ier, dont elle eut un fils qui devint Robert II, roi d’Ecosse. Le sénéchal de Dol fut nommé, pour services rendus dans des batailles, grand intendant d’Ecosse (High Stewart of Scotland) et utilisera le nom de Stuarts comme nom de la dynastie. En d’autres termes, l’arrière-grand-père du premier des Stuarts était dolois. Une plaque de marbre apposée par l’alliance France-Ecosse sur la place de l’Hôtel de Ville rappelle cette origine.

Sur cette même artère s’élève encore une superbe maison datant du XIe siècle et portant le nom de Maison des Petits Palais, avec trois arcades en plein cintre. La bâtisse, inscrite aux monuments historiques, est la plus ancienne de Bretagne en pierre de taille. Elle date des invasions normandes…

Ce reportage a été réalisé grâce à l’invitation d’Atout France et de Tourisme Bretagne.

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