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Russie. Russie: musée du Goulag à Moscou fermé "temporairement"

Le musée de Moscou sur l'histoire du Goulag, consacré à la mémoire des répressions et du système concentrationnaire soviétiques, est fermé "temporairement" depuis jeudi. Officiellement pour manquements à la sécurité incendie.

La veuve de l'écrivain russe Alexandre Soljenitisne, Natalya, à l'ouverture du musée du Goulag à Moscou, en 2015. Son mari avait écrit sur son expérience de l'univers concentrationnaire russe.KEYSTONE/AP/ALEXANDER ZEMLIANICHENKO

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 11:43, mis à jour à 11:48

Temps de lecture : 2 min

"Le musée de l'histoire du Goulag suspend temporairement son travail à partir du 14 novembre 2024", a annoncé le musée dans un communiqué.

Des inspections ont mis au jour "des violations de la sécurité incendie" qui "présentent une menace" pour les visiteurs, selon le musée, qui ne précise pas de date envisagée pour une éventuelle réouverture.

Site internet plus consultable

Le contenu du site internet de l'établissement n'était plus consultable jeudi, seule l'annonce de la fermeture étant disponible sur la page de garde ainsi qu'un accès à la librairie en ligne, a constaté l'AFP. Contactée par l'AFP, l'administration du musée s'est refusée à tout commentaire.

Créé en 2001, ce musée réunit de nombreuses archives officielles et familiales, des objets et photos ayant appartenu à des victimes, gens ordinaires ou célébrités comme les écrivains Alexandre Soljenitsyne et Varlam Chalamov.

Histoire des camps soviétiques

Il abrite une exposition permanente consacrée à l'histoire des camps soviétiques de 1918 à 1956, ainsi que des expositions temporaires. Des spectacles, concerts et conférences y sont régulièrement organisées.

Le musée abrite également un centre de documentation qui aide les visiteurs à trouver des informations sur les membres de leurs familles, victimes du stalinisme.

Crimes staliniens minimisés

En Russie, la figure de Staline, responsable de répressions gigantesques ayant fait des millions de morts, est ambivalente. Si le président russe Vladimir Poutine condamne de temps à autre les excès du stalinisme, la ligne politique suivie par le Kremlin consiste généralement à les minimiser.

Les millions de victimes des répressions politiques sont réduites à la portion congrue des manuels d'histoire. Staline y est en premier lieu présenté en héros de la Seconde guerre mondiale et en tombeur du nazisme, dans un contexte d'exaltation patriotique et de glorification de la puissance militaire de l'URSS, en particulier depuis l'attaque contre l'Ukraine.

Le "retour des noms"

Ceux dénonçant cette approche tombent dans le collimateur des autorités. Memorial, la grande ONG recensant à la fois les répressions soviétiques et celles du régime actuel, a été classée "agent de l'étranger" puis interdite fin 2021.

Memorial a créé le "retour des noms", une journée annuelle lors de laquelle des citoyens viennent égrener chaque 29 octobre le nom de victimes des répressions. Mais elle ne peut se tenir normalement en Russie depuis 2020: les autorités invoquent la pandémie de Covid pour interdire tout rassemblement.

Le 30 octobre dernier, le musée du Goulag de Moscou avait organisé une action similaire : pendant toute la journée des personnes avaient lu les noms de personnes tuées lors de la terreur soviétique.