Diplomatie. Russie et l'Iran renforcent leur alliance avec un nouveau pacte
Vladimir Poutine et son homologue iranien Massoud Pezeshkian ont signé vendredi un accord de partenariat stratégique renforçant notamment leur "coopération militaire". Cela dans le cadre de leur alliance voulue comme un contrepoids à tout "diktat" de l'Occident.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 16:12, mis à jour à 18:32
Soumis à de lourdes sanctions internationales qui affectent leurs économies, la Russie et l'Iran ont opéré un rapprochement accéléré ces dernières années, en particulier depuis l'assaut contre l'Ukraine.
Les deux pays ont également essuyé, en décembre, un échec commun et une perte d'influence avec la fuite de Syrie de leur allié Bachar al-Assad.
Multiples domaines couverts
Vendredi, Vladimir Poutine et Massoud Pezeshkian ont signé un "accord de partenariat stratégique global", un pacte couvrant de multiples domaines.
Il s'agit d'un texte "aux objectifs ambitieux", a vanté Vladimir Poutine, en affirmant que Moscou et Téhéran s'opposaient ensemble "à tout diktat venu de l'extérieur". Massoud Pezeshkian s'est lui satisfait d'un accord qui ouvrira des "horizons" entre les deux pays.
Faire face aux "menaces sécuritaires"
L'accord prévoit notamment de "développer la coopération militaire" et de se soutenir face à des "menaces sécuritaires", selon le contenu de l'accord en 47 articles publié par le Kremlin après la signature.
D'après le document, si la Russie ou l'Iran faisait face à une "agression", l'autre pays ne fournirait aucune "aide" au pays agresseur. Ce point ne prévoit toutefois pas que les pays signataires s'apporteraient une assistance militaire dans ce cas de figure.
Différence avec la Corée du Nord
Moscou a conclu un texte portant le même nom avec la Corée du Nord l'an dernier. Un article de ce document prévoit lui "une aide militaire immédiate" en cas d'agression armée d'un pays tiers.
Mais le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, cité par des médias russes, avait affirmé cette semaine que le traité avec Téhéran ne visait pas à "créer une alliance militaire" similaire à celle scellée entre Moscou et Pyongyang.
La Corée du Nord est accusée par Kiev et les Occidentaux d'avoir envoyé combattre des soldats avec l'armée russe contre les forces ukrainiennes. Moscou et Pyongyang n'ont ni confirmé ni démenti.
Drones et missiles
Téhéran est pour sa part accusé par les Occidentaux de fournir des drones explosifs et des missiles de courte portée à la Russie, aidant ainsi l'armée russe en Ukraine. Des accusations rejetées par l'Iran.
L'accord signé vendredi prévoit aussi des échanges "dans le domaine des utilisations pacifiques de l'énergie atomique", notamment "la construction d'installations d'énergie nucléaire".
Contrepoids à l'influence américaine
Téhéran et Moscou se veulent des contrepoids, avec Pékin et Pyongyang, à l'influence américaine. Ils ont tissé des liens étroits et se soutiennent dans de nombreux dossiers internationaux, du Moyen-Orient au conflit en Ukraine.
Cette signature intervient quelques jours avant le retour au pouvoir à Washington de Donald Trump, artisan d'une politique dite de "pression maximale" envers l'Iran durant son premier mandat (2017-2021).
Ukraine
Le président élu américain a aussi promis de rapidement mettre un terme au conflit en Ukraine, sans préciser comment.
Vendredi, Massoud Pezeshkian a lui appelé durant sa conférence de presse commune avec Vladimir Poutine à "des négociations et la paix" entre Moscou et Kiev, trois ans après le début de l'assaut lancé par le Kremlin.
Une précédente traduction en russe de ses propos évoquait un "règlement politique" de ce conflit.
Proche-Orient
Les deux dirigeants ont dit avoir aussi évoqué l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, Vladimir Poutine disant espérer une "stabilisation à long terme".
"Nous espérons qu'un cessez-le-feu permanent sera établi à Gaza et que les agressions sur cette terre cesseront", a dit Massoud Pezeshkian.
"L'Iran et la Russie, conscients de leur responsabilité historique, construisent un nouvel ordre", a écrit Abbas Araghchi, le chef de la diplomatie iranienne, dans un article publié cette semaine par l'agence de presse russe Ria Novosti.
Il a affirmé qu'il s'agissait de remplacer "l'hégémonie" - sous-entendue occidentale - par la "coopération".
Consolider la "dynamique positive"
Massoud Pezeshkian, arrivé vendredi matin à Moscou, avait plus tôt déposé une gerbe de fleurs devant la tombe du Soldat inconnu et a rencontré le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine.
La dernière rencontre entre MM. Pezeshkian et Poutine remontait à octobre, lors du sommet des BRICS en Russie. Vladimir Poutine avait alors appelé à consolider la "dynamique positive" concernant leur coopération économique.
La Russie souhaite notamment développer un projet de corridor logistique - rail et maritime - entre Moscou, Bakou et Téhéran, sur un axe nord-sud.