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Vaud

Pour le PS vaudois, la lutte des classes est prioritaire

En se profilant sur le pouvoir d’achat, le Parti socialiste vaudois a réussi à rassembler largement


Achille Karangwa et Grégoire Mottet

Achille Karangwa et Grégoire Mottet

24 octobre 2023 à 12:20

Temps de lecture : 1 min

Politique » «C’est notre meilleur score depuis au moins trente ans!» La formule revient à la bouche des cadres, élus et militants socialistes depuis dimanche soir. Et pour cause: avec 24,2% des suffrages vaudois dans la course au Conseil national, le parti à la rose a été couronné premier du canton par l’électorat.

Une forte poussée du PS (+4,9%) qui lui a valu un siège supplémentaire (6). Mais qui s’accompagne également d’un effondrement de ses alliés écologistes (-6,2%), qui perdent un siège à Berne (3). Répondre aux fins du mois plutôt que thématiser la fin du monde: la stratégie est assumée.

Le parti du pouvoir d’achat?

«C’est clair que l’inflation et l’augmentation des primes nous ont portés», admet sans ambages Romain Pilloud, président du Parti socialiste vaudois. Le député au Grand Conseil continue: «Nous sommes même premiers dans une grande partie de la campagne, alors que c’est un fait que nous sommes un parti urbain. Nous voyons d’autant plus l’intérêt de porter ces thèmes de pouvoir d’achat, réforme de l’assurance-maladie et logement, qui dépassent le traditionnel clivage ville-campagne.» La rançon d’un choix de campagne clair, selon lui: faire de la formation celle qui «prend parti pour le pouvoir d’achat», selon la formule retenue pour ces élections.

«Nous avons choisi un message simple mais pas simpliste. Multiplier les thématiques, c’était courir le risque de s’éparpiller et de noyer notre thème prioritaire», explique Romain Pilloud, convaincu que c’est ce qui a payé aux urnes. Le PS délaisserait-il ses autres thématiques progressistes? «Nous restons un parti qui défend la cause environnementale et celle des minorités, mais la question de la lutte des classes les précède toutes: pour que les gens puissent s’intéresser au climat, il faut déjà qu’ils puissent payer leurs factures», dit-il en faisant une allusion à peine voilée à l’opposition entre «fin du mois» et «fin du monde» née durant la crise des gilets jaunes, en France voisine.

Complémentarité avec les Verts

Quitte à être en opposition avec leurs alliés écologistes, perdants ce coup-ci? «L’objectif n’est pas de leur prendre un siège, comme ça n’est pas le leur lorsqu’ils en gagnent un à notre détriment», poursuit le Montreusien. Qui poursuit: «heureusement que les Verts sont là pour maintenir les questions environnementales sur la table, mais nos sensibilités électorales et enjeux de campagne ne sont pas les mêmes.» Ils sont plutôt complémentaires: les fondamentaux du PS assurent un socle à la gauche, alors que les votes verts peuvent s’envoler lorsque les ventres sont pleins.

Rien de très étonnant pour la politologue au FORS Line Rennwald, spécialiste des clivages politiques. «C’est un agenda classique du PS, qui n’est pas dû qu’à la conjoncture: le parti y travaille depuis longtemps et a des projets concrets en lien avec le pouvoir d’achat à proposer», explique la chercheuse. Avec comme tête d’affiche le patron de l’Union syndicale suisse Pierre-Yves Maillard, la section vaudoise a su capitaliser sur cette ligne jusqu’au succès de dimanche – qui contraste avec le destin du parti national. «Avec cet agenda syndicaliste, c’est peut-être d’autres types d’électeurs, d’habitude davantage abstentionnistes» qui se seraient déplacés, en conclut Line Rennwald.

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