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Une colonne érigée sur des os

L’obélisque de Morat, monument d’importance nationale qui commémore la bataille, fête ses 200 ans

200 Jahr-Feier des Obelisken von Murten. Foto: FN / Charles Ellena, Murten, 18.11.2023CHARLES ELLENA/Charles Ellena

Nicole Rüttimann

Nicole Rüttimann

19 novembre 2023 à 14:15

Temps de lecture : 1 min

Morat » On y accède depuis Morat par un chemin forestier. Aux abords de la route, entre deux arbres, sa silhouette pyramidale se dévoile, sobre, telle «l’épée fichée en terre d’un Confédéré tombé à la bataille», image le conseiller d’Etat Olivier Curty. Cette œuvre, c’est l’obélisque de Morat. Un «monument d’importance nationale» qui commémore la bataille de Morat remportée en 1476 par les Confédérés et leurs alliés sur les Bourguignons. Et qui fête cette année ses 200 ans, d’où cette cérémonie, organisée samedi par le musée et la commune de Morat. Une vingtaine de personnes, dont des représentants des autorités et institutions fribourgeoises et moratoises, ont bravé le froid pour venir lui rendre hommage et lever quelques mystères planant autour du monument.

Celui-ci est en effet riche en surprises. De par son emplacement, déjà: situé à Meyriez, mais en territoire moratois, l’obélisque se trouve sur une parcelle propriété du canton de Fribourg. La colonne a été érigée par le canton à la suite de la démolition, en 1798, du précédent monument qui se trouvait à cet emplacement: un ossuaire. Il abritait les ossements des Bourguignons tombés sur le champ de bataille, explique le directeur du Musée de Morat, Denis Decrausaz.

De l’ossuaire à l’obélisque

«L’ossuaire a été construit entre 1481 et 1483, à l’initiative d’un moine qui était alors le recteur de l’Hôpital Sainte-Catherine de Morat», relate l’historien moratois Stefan Matter. Des individus y ont déposé les squelettes collectés sur le champ de la bataille, bataille qui «aurait fait plus de 10 000 morts», selon les estimations basées sur les archives. «L’ossuaire a été financé avec l’accord des Etats de Fribourg et Berne, alors coresponsables de Morat. On pouvait d’ailleurs y voir une plaque où figuraient les armes de Berne et Fribourg. Si son aspect extérieur est bien connu, la façon dont l’intérieur était divisé n’est pas documentée: il devait y avoir une chapelle et probablement un appartement pour l’aumônier. Et il y avait certainement deux piles d’ossements à l’intérieur, qui, cependant, n’auraient probablement pu être vues de l’extérieur qu’à travers les grandes grilles.»

Mais les os étaient visiblement à portée de mains de visiteurs, relève Denis Decrausaz, puisque selon plusieurs témoignages écrits, le lieu était devenu une attraction touristique: «Les passants se servaient, emportant des os en souvenir. Morat était d’ailleurs inscrite jusqu’à la fin du XVIIIe siècle comme une étape clef du «Grand Tour» touristique de l’époque, non pour sa cité, mais son ossuaire!»

Si bien qu’au XVIIIe, le tas d’ossements, selon les témoignages, avait considérablement diminué, et que l’on retrouvait des os partout dans la région, relate Stefan Matter. «Les rumeurs disent que des marchands venaient même en prendre pour les vendre à Lausanne, transformés en bijoux!» Cependant, la disparition de l’ossuaire n’est pas due à ce «pillage». Mais, et cela est attesté, au passage des troupes de Napoléon en 1798. Elles ont détruit ce «lieu de mémoire symbole de leur défaite», expose l’historien.

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