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Cycle d’orientation de La Tour. Sylvie Bonvin-Sansonnens ne pensait pas en arriver là

Pour la conseillère d’Etat, la collaboration avec le directeur du CO de La Tour, qui a été licencié après 20 ans d’activité à ce poste, n’était plus possible

La conseillère d’Etat Sylvie Bonvin-Sansonnens répond aux critiques visant ses services. © Jean-Baptiste Morel

Magalie Goumaz

Magalie Goumaz

2 février 2024 à 19:20

Après avoir reçu un avertissement fin 2023, le directeur du Cycle d’orientation de La Tour-de-Trême a été licencié la semaine dernière. Frédéric Ducrest occupait ce poste depuis 20 ans et l’annonce a créé des remous. Alors que dans un premier temps, la Direction de la formation et des affaires culturelles (DFAC) a refusé de commenter sa décision, sa directrice, la conseillère d’Etat Sylvie Bonvin-Sansonnens a accepté de livrer quelques éléments et de répondre aux critiques visant ses services.

Le licenciement du directeur du CO de La Tour soulève de nombreuses questions. Or, vous vous réfugiez derrière la procédure et la confidentialité des relations entre l’employeur et l’employé. Est-ce tenable?

Sylvie Bonvin-Sansonnens: C’est la règle dans ce type de procédure. Communiquer reste toujours un exercice périlleux, s’agissant d’un dossier du personnel. Mais dès lors que des enseignantes et des enseignants se sont plaints auprès de nous de subir des pressions médiatiques, je me dois d’expliquer certains éléments. Le directeur du CO de La Tour a reçu un avertissement. Cela n’est pas inédit dans le monde du travail. Il n’était alors pas question de licenciement et nous ne souhaitions pas en arriver là. Nous voulions poursuivre la collaboration mais en lui demandant d’améliorer certains aspects de son management. Monsieur Ducrest n’a pas poursuivi les discussions avec nous.

Mais de là à le licencier, il y a un pas… Le directeur est apprécié, il occupe ce poste depuis 20 ans. Cette issue n’est-elle pas aussi un échec pour vous?

On peut parler de gâchis, oui. Mais nous n’avions plus le choix. Nous sommes dans le cadre d’une relation entre un collaborateur et son employeur. Or, M. Ducrest a choisi de donner un caractère public à cette affaire personnelle, en convoquant une sorte de tribunal populaire, en sélectionnant les données et en déviant le débat vers un prétendu musellement. Il a fait croire aux enseignants que la DFAC en voulait à leur approche pédagogique, ce qui les a déstabilisés. Je regrette infiniment que ce dossier ait connu un emballement politique et médiatique basé sur une méconnaissance des informations. Dans ces conditions houleuses, poursuivre la collaboration avec M. Ducrest est devenu impossible.

Une majorité des enseignants et l’administration du CO de La Tour soutiennent le directeur. Ont-ils reçu des consignes pour les empêcher de parler?

Non, absolument pas, mais comme dans toute entreprise, les collaborateurs sont soumis à un cadre réglementaire. Communiquer comporte toujours des risques, surtout quand les faits sont délicats ou concernent des élèves, des familles, des collègues ou des partenaires de l’école. Afin d’alléger leur responsabilité, la communication à la DFAC est organisée selon les règles de l’Etat de Fribourg. C’est pour cette raison du reste que les enseignants se tournent vers nous pour connaître leur marge de manœuvre, par exemple s’ils peuvent refuser de parler aux médias.

Les enseignants ont-ils eu des pressions pour supprimer des propos publiés sur les réseaux sociaux?

Je ne suis pas au courant de telles pressions. Encore une fois, l’ordonnance que je viens de mentionner indique clairement qui peut prendre la parole publiquement et dans quelles circonstances. Nous n’empêchons pas un enseignant de témoigner si le sujet entre dans sa sphère de décision. Enfin, tout n’est pas permis sur les réseaux sociaux non plus. Les propos haineux ou malveillants peuvent, par exemple, être réprimés sur le plan pénal.

En décembre, le Conseil d’Etat a anticipé le vœu des députés en lançant un audit sur le Service de l’enseignement obligatoire de langue française, le SEnOF, accusé notamment d’abus d’autorité et de mobbing. On peut en conclure que vous avez conscience qu’il y a un problème de fonctionnement dans ce service?

Pas du tout. Mais les termes utilisés par des députés laissent entendre des faits graves. Nous devions rapidement engager une analyse de la situation pour établir la vérité. Le SEnOF lui-même a appelé cet audit de ses vœux.

Les collaborateurs de la DFAC pourront-ils spontanément livrer leur témoignage aux auditeurs?

Le mandat pour l’audit est prêt et respectera la volonté des signataires. Je réserve cependant sa teneur aux députés.

Votre collègue Didier Castella a déclaré aux enseignants de La Tour qu’ils risquaient d’être déçus par cet audit. De tels propos ne trahissent-ils pas un parti pris du Conseil d’Etat pour protéger le SEnOF?

M. Castella a précisé que l’audit porterait essentiellement sur le management du SEnOf et non pas sur le domaine des politiques éducatives car ces dernières dépassent largement le cadre cantonal. Elles s’inscrivent en effet, dans un contexte plus général: la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction, la Conférence intercantonale de l’instruction publique ou encore le Plan d’études romand. C’est en lien avec cette précision qu’il a dit «vous risquez d’être déçus». Ce n’est pas un parti pris, c’est la réalité. J’ai l’impression que dans cette affaire, on attribue de fausses intentions au SEnOF et un pouvoir de décision qu’il n’a pas. Ce service évolue dans un cadre fixé par des lois, le Plan d’études romand et un cadre budgétaire strict. C’est le politique qui décide. C’est vers lui qu’il faut se tourner.

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