Bulle. Les Veillées à la maison fêtent 30 années de rencontres
Les membres du comité d’organisation des Veillées à la maison célèbrent vendredi leur 125e édition. Rencontre avec ces infatigables animateurs.
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Aujourd’hui à 11:16
Ils en parlent avec l’enthousiasme communicatif d’un groupe de jeunes qui viendrait de monter un projet. Le rendez-vous qu’ils animent fête pourtant ses 30 ans. Les membres du comité d’organisation des Veillées à la maison célèbrent vendredi la 125e édition de ces soirées d’un genre particulier, où le public est invité à écouter une personnalité parler d’elle et de son parcours dans le foyer de particuliers. Un succès qui ne se dément pas. Rencontre avec un groupe d’organisateurs avide de rencontres.
Univers variés
«Ces soirées font référence aux veillées d’antan au coin du feu, où les gens partageaient des anecdotes», expose Dominique Sudan, présent depuis les origines. «Tout est parti à l’initiative d’Yves-Alain Repond, art-thérapeute aujourd’hui décédé. Il m’a dit un jour qu’il avait entendu parler d’un événement appelé les Veillées et qui se déroulait à Vevey. Il n’y avait pas d’inscription, les gens venaient spontanément», explique le directeur retraité de l’Ecole professionnelle de Bulle.
C’est à la suite de cette découverte qu’ils décident de transposer le concept dans la région bulloise. «A la différence de ce qui était proposé à Vevey, nos veillées changent à chaque fois de lieu», complète Anne-Marie Gremaud, enseignante retraitée.
Du champion de handisport Jean-Marc Berset au cantonnier Michel Simonet en passant par l’écrivaine Marie-Claire Dewarrat, les veillées ont vu défiler nombre d’invités aux profils variés. L’occasion de proposer au public des causeries autour de thèmes tels que l’aventure, les arts visuels, le sport, la littérature, l’éducation, la musique, la santé, l’humanitaire ou encore la nature.
«Nos veillées ne sont en aucun cas politiques ou religieuses», précise Anne-Marie. Pas question non plus de promouvoir une cause ou un produit. Ce qui n’empêche pas des partages autour de valeurs. Comme avec l’écrivain et militant Samy Manga en mai dernier. «Il a parlé de son engagement et a slamé un texte tiré de son livre», explique Anne-Marie.
«Le but est aussi de connaître une personne connue d’une autre manière», souligne Myria Albrici, la galeriste retraitée de Sorens. Chaque membre du comité suggère des invités en fonction de ses affinités et intérêts. «Ce n’est pas un souci de trouver des invités», assure Dominique Sudan. Le défi des organisateurs réside plutôt dans la recherche, pour chacune des quatre éditions annuelles, d’hôtes.
Cette quête d’un foyer familial prêt à ouvrir ses portes le temps d’une soirée n’est pas aisée. «Certains hôtes ont souvent la crainte d’ouvrir leurs portes, mais une fois la veillée terminée, ils sont enchantés et se demandent parfois pourquoi ils n’ont pas accueilli de veillée plus tôt», poursuit-il.
«Nous n’avons jamais ressenti que les gens venaient par voyeurisme», ajoute Danielle Elamari-Sudan, autre enseignante retraitée engagée au sein de ce comité bénévole.
Cadre intimiste
Car le charme du concept tient aussi au cadre intimiste des lieux choisis, souvent propice à ce que les invités révèlent des facettes moins connues de leur personnalité.
Si les soirées attirent une moyenne de 30 à 35 personnes, l’affluence a parfois atteint des pics, avec quelque 120 personnes pour écouter Erhard Loretan, il y a une vingtaine d’années, ou lorsqu’une centaine de personnes assistèrent à la veillée en compagnie de l’artiste naturaliste Dominique Cosandey, de retour d’Islande. De quoi poser des défis d’organisation. «C’était terrible, mais fantastique», se souvient Dominique Sudan.
La magie opère aussi. Comme lorsque la poétesse Mousse Boulanger est invitée à une veillée dans une ferme qui ne lui était pas étrangère. «En arrivant, elle s’est aperçue qu’elle entrait dans la maison où avait vécu l’écrivain Alexis Peiry qu’elle avait connu. Elle avait été très émue», se remémore Danielle. Les bons souvenirs foisonnent. Dominique cite un petit concert improvisé par Pascal Rinaldi, venu avec sa guitare. Mais tous ces souvenirs ont le même fil conducteur.
Car chaque veillée commence par l’introduction de l’invité par l’animateur de la soirée, rôle qu’endosse tour à tour chaque membre du comité. Une bougie est ensuite allumée qui représente le feu d’un foyer de l’époque. «Elle symbolise aussi la chaleur de la rencontre», ajoute Myria. Les soirées se terminent autour d’un apéritif sucré-salé, façon pique-nique canadien, qui permet de poursuivre l’échange. Une trace de chaque soirée est consignée dans un livre d’or sous la forme de photos et de commentaires des participants.
«On s’est posé la question de débaptiser les veillées, à cause d’une confusion avec les veillées funèbres», indique Dominique. Mais l’attachement à ce qui est quasiment devenu une tradition l’emporte.
Se pose néanmoins la question d’un passage de flambeau. Que les organisateurs ont évoqué en fin d’année dernière. «On nous a dit: mais vous ne pouvez quand même pas arrêter», rapporte Anne-Marie. «Et puis, on a toujours du plaisir», admet Dominique. Le comité, qui compte depuis peu une nouvelle recrue, ouvre lui aussi ses portes.
Une paella, de la musique et un récit à vélo
C’est un format particulier que les organisateurs proposent vendredi pour fêter la 125e Veillée à la maison. Cette soirée anniversaire se déroulera dans les locaux de l’association La Porte à côté, à la rue de la Léchère 10, à Bulle. Elle débutera par une paella à 18 h 30, suivie d’un concert du duo Zita Félixe, qui interviendra avant et après le témoignage de la famille Crausaz de retour d’un voyage de deux ans à vélo sur les routes du monde (La Liberté du 8 août).
CG