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Économie Régionale

Tracteur hippomobile pour la voirie

A La Tour-de-Trême, un petit atelier travaillant le métal a conçu un véhicule tiré par un cheval


 Thibaud Guisan

Thibaud Guisan

5 octobre 2020 à 04:01

Construction métallique » «C’est notre contribution en faveur de l’écologie.» Claude Dupasquier, 71 ans, et Léo Lambert, 22 ans, exploitent un atelier spécialisé dans la construction métallique et la fabrication de machines spéciales à La Tour-de-Trême. Ce printemps, durant le semi-confinement, ils ont mis au point un étonnant véhicule de voirie hippomobile. «Nous avions peu de travail, alors nous nous sommes lancés», sourit Claude Dupasquier.

Attelé à un cheval, l’engin est conçu comme un tracteur. A l’arrière, il est possible de fixer une saleuse, une arroseuse pour les fleurs, un épandeur d’engrais ou de désherbant ou encore un petit pont pour le transport de matériel ou d’autres accessoires. Le véhicule est également équipé d’un crochet de remorquage pour y atteler une petite remorque ou autre. «C’est peut-être de l’utopie, mais il faut revaloriser le cheval de trait», martèle Claude Dupasquier, ancien maréchal-ferrant. «Le but n’est pas de remplacer les camions, mais d’utiliser le cheval là où il est utile. Un cheval, pour sabler un trottoir, c’est idéal. Il ne fait pas de bruit, il ne pollue pas et ne risque pas de patiner», énumère cet amoureux de la race des Franches-Montagnes.

Avec panneaux solaires

Deux panneaux solaires, placés au-dessus des pare-boue, servent à recharger une batterie qui alimente un moteur électrique, lequel fait fonctionner les machines fixées à l’arrière du véhicule. Le tracteur hippomobile, équipé d’un feu tournant, pèse environ 250 kilos.

Fiers de leur prototype, les deux compères espèrent le répliquer et convaincre des communes de s’équiper. En début d’année, la ville de Fribourg avait eu recours à un étalon de la race des Franches-Montagnes pour collecter des sapins de Noël en Basse-Ville. Un test qui répondait à un postulat déposé en 2016 au Conseil général. «L’utilisation du cheval permettrait d’établir un lien supplémentaire avec la nature en ville. Et pour les communes touristiques, ce serait un atout», ajoute Léo Lambert, 22 ans.

Le tracteur hippomobile peut également servir aux travaux de la vigne comme le sulfatage, sur des domaines biologiques. Ses deux concepteurs indiquent que plusieurs vignerons adeptes de méthodes naturelles ont fait part de leur intérêt.

Le prix de vente de l’engin n’a pas encore été déterminé. «Nous n’allons pas vivre de ça, mais c’était joli de se lancer dans ce projet. Si nous n’arrivons pas à vendre notre véhicule, nous aurons eu le plaisir de le réaliser», philosophe Claude Dupasquier.

Pour vivre, les deux hommes misent sur les travaux de serrurerie. La petite entreprise, dont l’atelier est installé au bord de la Trême, dans la zone artisanale de la Parqueterie, s’est notamment spécialisée dans la réalisation de hangars agricoles et dans leur équipement. Actifs dans toute la Suisse romande et parfois outre-Sarine, Claude Dupasquier et Léo Lambert ont récemment achevé deux édifices à Villeneuve (VD), avant la crise du Covid-19.

Travaillant également dans la rénovation de toitures, les deux hommes ont aussi développé un système permettant d’ouvrir et de fermer à distance les cornadis, ce dispositif destiné à limiter les mouvements des animaux lorsqu’ils sont en train de manger dans les étables. Le mécanisme est piloté à l’aide d’une radiocommande d’une portée de 80 mètres. Il a été développé l’an dernier pour un agriculteur de Vuarrens, dans le Gros-de-Vaud. «Nous avons fait une demande de brevet. Et avec une amélioration du système, nous arrivons à le commander depuis le téléphone portable sans limitation de distance», précise Léo Lambert.

Machine à caramels

La petite entreprise est également spécialisée dans la conception de diverses machines. Dernièrement, les deux compères travaillaient à la confection d’un support à chaudron pour la production de caramels pour un particulier. «Nous modifions aussi des machines», expose Léo Lambert, qui évoque la transformation de ce grappin à bois pour tracteur en une pince à fumier. Dans cet atelier singulier, la plupart des projets naissent sur un tableau noir, avec quelques schémas à la craie, retravaillés ensuite sur une planche à dessin ou sur ordinateur.

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