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Économie Régionale

Ces robots déplacent des montagnes

Les machines destinées au traitement des fromages de JNJ, à Romont, s’exportent toujours plus loin

Plus de deux tiers des robots fromagers produits à Romont sont exportés. Jusqu’aux Etats-Unis et au Canada.

 Thibaud Guisan

Thibaud Guisan

14 octobre 2019 à 04:01

Alimentaire » C’est une entreprise qui voit de plus en plus grand. Cinq ans seulement après avoir inauguré des bases flambant neuves à Romont, JNJ vient de lancer un nouveau gros chantier. Les travaux permettront de doubler le volume de la halle qui se dresse à l’impasse de la Maladaire.

L’investissement est devisé à environ 5,5 millions de francs. Il permettra au groupe spécialisé dans l’équipement de fromageries de disposer de davantage de place pour la production, sa partie administrative et le stockage. L’extension – un bâtiment de 35 mètres de long totalisant 3830 m2 de surface – abritera encore le service après-vente, aujourd’hui basé dans la zone industrielle En Raboud, dans les anciens locaux de Sugnaux SA, une entreprise intégrée l’an dernier. «Il faut compter quatorze mois de travaux. Nous espérons que tout sera fini pour fin 2020», exposent Sébastien Jaquier, Joël Jaquier et Jérôme Nicolet, qui forment la direction de JNJ.

Déjà à l’étroit

Les trois associés ont racheté en 2008 l’entreprise fondée en 1977 par Claude Jaquier à Prez-vers-Siviriez. Cette année-là, la structure employait dix-huit collaborateurs. Ils sont aujourd’hui près de huitante. «Nous sommes à l’étroit», remarque Sébastien Jaquier, président du conseil d’administration du groupe JNJ, en indiquant que le site de Romont avait été conçu pour réunir soixante employés. Les patrons auraient-ils vu trop petit? «Nous avons fait avec les moyens financiers que nous avions à l’époque», répond Sébastien Jaquier, en notant que le nouveau bâtiment a aussi contribué à l’impressionnant développement de l’entreprise. «Il nous a apporté de la crédibilité vis-à-vis de notre clientèle.»

Une fois son extension réalisée (un projet soutenu par la Promotion économique du canton de Fribourg), JNJ entend continuer à embaucher. Il est même prévu que le cap des 100 collaborateurs soit franchi d’ici à 2024. «Nos carnets de commandes sont pleins jusqu’en mai 2020. Notre défi, c’est de raccourcir les délais de livraison», explique Joël Jaquier.

A armes égales

Si le groupe JNJ est actif dans l’équipement complet de fromageries (lire ci-dessous), la production de robots fromagers reste sa spécialité. «C’est notre vache à lait», reconnaît Sébastien Jaquier, qui explique que le principal concurrent de JNJ dans ce domaine est également basé en Suisse. «Nous luttons à armes égales», relève le responsable financier, qui fait notamment allusion aux aléas de la force du franc.

Installés dans les caves à fromages, les robots permettent de retourner entre 120 et 450 meules à l’heure, selon le modèle. Leur prix de vente varie entre 220 000 et 380 000 francs. «Les machines sont construites de A à Z à Romont», expose Jérôme Nicolet, qui présente par exemple le châssis d’une installation qui sera livrée d’ici à la fin de l’année à Val-d’Illiez (VS) pour l’affinage de fromages à raclette.

Actuellement, JNJ produit une trentaine de robots par année. Plus de deux tiers sont exportés. En France et en Europe principalement, mais également vers des pays de plus en plus lointains. «Le bouche-à-oreille est très efficace. Ce sont les clients qui nous contactent», assure Joël Jaquier, qui évoque par exemple des discussions en cours pour un projet en Equateur. L’homme s’est aussi rendu en Turquie pour visiter une importante fromagerie en construction. «En Suisse ou en France, une commande peut être finalisée en deux ou trois mois. Dans certains pays, les choses prennent beaucoup plus de temps», remarque Joël Jaquier, qui évoque encore des contacts noués au Brésil et en Pologne.

Un pied en Russie

Si deux robots sont en fonction aux Etats-Unis et deux autres ont été livrés au Canada, JNJ est particulièrement fière d’avoir exporté une première machine en Russie. Depuis mai 2018, un robot travaille dans les caves à fromage d’une ferme toute moderne, située près de la ville de Kalouga, à un peu plus de 150 km au sud-ouest de Moscou. «Les barrières à l’entrée sur ce marché sont importantes. Maintenant que nous y sommes, nous espérons que cette commande en appellera d’autres», glisse Sébastien Jaquier.

L’exploration de nouveaux territoires n’est pas le seul défi de JNJ. Le groupe, dont le chiffre d’affaires s’élève à plus de 12 millions de francs, continue à développer de nouvelles machines pour le soin et la manutention des fromages ou le conditionnement de produits alimentaires. D’ici la fin de l’année, un système permettant le nettoyage automatisé des planches à fromages doit être livré dans le Jura français.

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