Un horaire stable, avant la tempête

Mobilité » L’horaire des transports publics 2024, qui entrera en vigueur le 10 décembre prochain, est désormais en consultation jusqu’au 11 juin sur www.tp-info.ch. Il n’impliquera que trois changements en terres fribourgeoises, expliquaient le directeur de la Mobilité Jean-François Steiert et le chef du Service de la mobilité Grégoire Cantin, hier après l’inauguration de la gare de Pringy (lire ci-contre). Rien à voir avec l’horaire 2025 qui, lui, impactera fortement le canton.

L’horaire 2024 d’abord. La principale nouveauté réside dans l’introduction dès le 10 décembre d’une ligne de bus locale à Estavayer-le-Lac, entre la gare et les quartiers les plus denses – une communication ad hoc aura lieu fin novembre. Cette ligne sera cofinancée par la commune et par le canton, grâce à la nouvelle loi sur la mobilité. Dans le futur, cette formule devrait permettre d’ouvrir d’autres lignes à Romont et Morat – où «les réflexions sont avancées», selon Grégoire Cantin –, voire à Châtel-Saint-Denis.

Autre changement en 2024: en raison de travaux, Bösingen et Laupen seront reliés dès le 4 septembre 2024 par une navette qui garantira les correspondances avec la ligne S2 Berne-Laupen et s’ajoutera aux bus Laupen-Bösingen-Düdingen. Le troisième changement, lui, concernera Montbovon, qui bénéficiera de cinq paires de courses supplémentaires, grâce au prolongement de certains trains du MOB.

«La stabilité de l’horaire 2024 est liée aux mesures d’économie de la Confédération», explique Jean-François Steiert. «La deuxième raison de cette stabilité, c’est que l’on s’achemine vers un horaire 2025 qui va susciter d’énormes changements. Des modifications majeures étaient prévues en 2024 déjà, mais les cantons ont fait front commun et négocié «la moins mauvaise» solution.»

Décalé de 15 minutes

L’horaire 2025 découle d’une volonté de stabiliser l’horaire et la ponctualité sur un réseau qui vivra sous le régime de gros chantiers jusqu’en 2035. Il allonge en particulier le temps de parcours des grandes lignes. Le trajet entre Berne et Lausanne prendra entre 3 et 4 minutes de plus pour l’IC1 et l’IR15, respectivement. Conséquences: pour garantir des correspondances à Palézieux, la ligne Payerne-Palézieux-Lausanne, et par effet de domino, celles de Fribourg-Yverdon et de Fribourg-Morat, seront décalées de 15 minutes par rapport à l’horaire 2024.

«L’axe Chiètres-Morat-Payerne sera touché». A Morat, une ligne de bus devra certainement compléter l’offre pour tenir les correspondances. A Palézieux, une fois par heure, le voyageur en provenance de Châtel-Saint-Denis devra attendre 15 minutes pour rejoindre Lausanne ou Berne – une attente rédhibitoire. «Nous évaluons la possibilité d’ajouter des bus intercalés avec le train, entre Châtel-Saint-Denis et Palézieux. Cela permettrait de prendre l’un ou l’autre transport pour éviter l’attente à Palézieux», note le conseiller d’Etat. Le risque: ce doublon dispersera la clientèle et diminuera les soutiens fédéraux. Certains craignent également que cette formule pénalise le développement d’autres lignes en Veveyse (LL du 6 mai).

Ce changement «d’ossature» se répercute sur le trafic régional, qui s’en trouvera chamboulé: «Les 2/3 des horaires de bus du canton vont devoir changer en 2025, tout comme les horaires de cycles d’orientation. C’est un gros travail d’adaptation à faire dans les régions. Nous avons une année», relève Jean-François Steiert.

Aussi de bons côtés

Jean-François Steiert signale aussi les «bons côtés» de l’horaire 2025. «Une nouvelle liaison entre Palézieux et Vevey – le train des vignes – rapprochera Fribourg de Vevey (10 minutes gagnées) et de Sion (5 minutes).» La ligne Fribourg-Yverdon (S30) «donnera des bonnes correspondances à Yverdon et de meilleures correspondances à Fribourg». Sur les lignes S20 et S21, la liaison entre Fribourg et Neuchâtel passera à une cadence à la demi-heure et les trains Fribourg-Romont pousseront jusqu’à Lausanne sans changement. Romont sera desservie trois fois par heure en direction de Lausanne – de même pour Palézieux en direction de Fribourg.

Parmi les développements futurs, le conseiller d’Etat évoque notamment l’aménagement d’une halte ferroviaire à Agy, à l’entrée de Fribourg, entre 2026 et 2030. Il espère en outre un nouveau tracé entre Fribourg et Villaz-Saint-Pierre – un tunnel estimé à plus de 1,5 milliard de francs, sur lequel la Confédération et le parlement devraient se prononcer en 2026.