Un grand oui en faveur des aînés
Dimanche, les Gruériens ont débloqué 136 millions de francs pour construire les 4 EMS de demain
Partager
Stéphane Sanchez
26 septembre 2022 à 04:01
Votations » «Il s’agit d’un jour faste pour la politique de nos aînés dans le district de la Gruyère», se réjouissait hier Vincent Bosson, président du Réseau santé et social de la Gruyère (RSSG) et préfet du district. Le peuple gruérien a approuvé massivement les trois crédits de construction des EMS de Pringy (83,72% de oui), Sorens (82,58%) et Vuadens (82,39%), ainsi que le crédit d’extension de l’EMS de Charmey (82,66% de oui). Soit une dépense totale de près de 136 millions de francs. La «vision EMS Horizon 2030» du réseau santé repose désormais sur une base solide, le taux de participation avoisinant 43,5%.
Dans les extrêmes, l’EMS de Charmey (22 mio de francs) est plébiscité par Châtel-sur-Montsalvens (91,8% de oui) et a la moins bonne presse du côté de Sâles (69,4% de oui). L’EMS de Pringy (33,5 mio de francs,) fait trépigner les citoyens de Gruyères (90,7% d’avis favorables), mais moins ceux de La Roche, enthousiastes à 74%. Les Sorensois (89,6% de oui) sont les plus attachés à leur futur EMS (32 mio de francs), qui ne récolte «que» 73,4% de suffrages positifs à Sâles. Enfin, les Vuadensois, avec 89,4% de oui, sont les meilleurs fans de leur futur home (48,3 mio de francs), plus modestement goûté par les Rochois (72,9% de oui).
Pas de résistance
Un brin fâchés, les Sâlois? «C’est que leurs résidents devront se rendre à Vuadens», explique Vincent Bosson – mais il n’est pour l’instant pas exclu que le site sâlois devienne un home complémentaire, passé 2030. «Quant aux Rochois, ils ont déjà un excellent home». Le préfet président considère que la segmentation obligatoire du concept du RSSG en quatre crédits «a pu favoriser à certains endroits un vote régionaliste. C’est aussi ce qui peut expliquer ce 18% de non». Bulle, en particulier, s’est moins mobilisé sur ces objets qui ne touchaient pas directement le chef-lieu. Le taux de participation y avoisine 35%, mais les votes positifs oscillent entre 84% et 85,7%. Et le préfet de rappeler qu’il n’y a pas eu d’opposition constituée et organisée contre ces projets.
En fait, «la population du district a pleinement compris et pris en compte l’urgence démographique», estime le préfet président. A l’horizon 2045, la Gruyère comptera entre 6600 et 6700 aînés de 80 ans et plus (contre 2166 en 2021), selon des projections du Service de la statistique fribourgeois d’avril dernier. Les 341 chambres de ces quatre foyers, jointes à celles des homes qui subsisteront à Bulle, La Roche, Villars-sous-Mont et Broc, boucleront le quota de 601 lits requis pour 2030.
C’est que seuls 16% environ des seniors de 80 ans et plus vivront dans ces murs médicalisés. Ils y entreront toujours plus tard (autour des 85 ans aujourd’hui) et pour des durées toujours plus courtes (environ deux ans). «La population âgée vieillit en meilleure santé», résume David Contini, directeur du RSSG.
Pas de plan B
N’empêche, le temps presse et le planning est d’ailleurs serré: la mise en service des EMS de Sorens et Vuadens est prévue en 2026, celle de Charmey en 2028 et celle de Pringy en 2029. Quid en cas de retard? «Tous les projets respectent les exigences constructives. S’il y a des oppositions, nous resterons souples dans la planification. Cette souplesse est notre plan B», indique Patrick Vallat, architecte et coordinateur des projets, tout en insistant sur le respect des budgets.
Vincent Bosson regarde aussi les votes d’hier comme le feu vert à un changement de paradigme, où l’EMS ne sera plus «le dernier maillon d’une chaîne thérapeutique». Pour les résidents, les chambres, individuelles, auront un petit air de domicile, avec des sonnettes, des armoires, des frigos et de vrais sanitaires. On pourra y manger, prendre part à un repas à l’étage («service par casserole») ou encore descendre au rez, «comme au restaurant». Les animations se feront par groupe, «un peu comme dans une colocation de seniors».
Pour les non-résidents, ces homes seront «ouverts sur la cité», avec des animations et des salles polyvalentes accessibles aux sociétés. Ils serviront de pôles de compétences (lire ci-dessous) et abriteront notamment des services d’aide et de soins à domicile.
Ces homes fonctionneront également à proximité d’une offre résidentielle adaptée. Les citoyens de la vallée de la Jogne ont à ce titre plébiscité hier la transformation de l’ancienne partie du Home de la vallée de la Jogne en appartements protégés, pour un montant global de 5 millions de francs. Et là, le verdict est encore plus clair: 89,5% de oui à Châtel-sur-Montsalvens, 86,6% à Crésuz, 85,4% à Val-de-Charmey et 88,7% à Bellegarde. Bref, «la marche est ouverte», «la direction est donnée», résume Vincent Bosson.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus