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Canton

Un garage primé pour son ouverture

Basée à Matran, l’entreprise familiale Lacilla vient de recevoir le Prix Migration et Emploi 2019

Réfugié kényan, Winstone (à dr., avec le chef d’atelier Domingos Cerquera) effectue son apprentissage à 34 ans.

 Thibaud Guisan

Thibaud Guisan

27 mai 2019 à 18:46

Intégration » Winstone, 34 ans, vient du Kenya et bénéficie du statut de réfugié politique depuis 7 ans. Originaire d’Angola, Christopher, 20 ans, est né en Suisse et a effectué toute sa scolarité à Fribourg. Les deux hommes effectuent aujourd’hui leur apprentissage au sein du Garage de l’Autoroute J.-F. Lacilla SA, à Matran.

L’entreprise vient de recevoir le Prix Migration et Emploi 2019. Dotée de 5000 francs et décernée pour la cinquième fois depuis 2011, cette distinction est remise tous les deux ans par la Commission pour l’intégration des migrants et la prévention du racisme (CMR). «Ce prix vise à valoriser et à récompenser des actions favorisant l’intégration des migrants et luttant contre la discrimination à l’embauche sur le marché du travail», relève Patrice Borcard, préfet de la Gruyère et président de la CMR.

Sollicité par Caritas

Le garage de Matran emploie 24 personnes, dont 40% de nationalités étrangères. L’entreprise est récompensée en particulier pour son engagement en faveur de la formation de jeunes migrants arrivés tardivement en Suisse. Sollicitée en 2017 par Caritas Suisse département Fribourg, qui assure le suivi des réfugiés du canton, l’entreprise avait accepté d’engager un jeune Erythréen, qui a pu effectuer sa formation d’assistant en maintenance d’automobiles: un apprentissage de deux ans, qui débouche sur une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP).

« La motivation d’apprendre un métier n’a pas de frontière. »

Jean-François Lacilla

Si tout va bien, Winstone achèvera cette même formation dans un an. «La motivation d’apprendre un métier n’a pas de frontière. La présence de migrants amène une ouverture d’esprit aux collaborateurs et aux autres apprentis», remarque Jean-François Lacilla, patron, avec son épouse Corinne, du garage familial fondé en 1997. Le chef d’entreprise dit ne pas avoir rencontré de difficultés particulières, à l’exception de quelques petits problèmes de langue et quelques différences culturelles, «à prendre avec recul et humour». «A la fin, ce sont de petits réglages», relativise-t-il.

Aussi pour le Kenya

Winstone, qui parle anglais et swahili, les deux langues nationales du Kenya, mais aussi le français, appris en Suisse, est au bénéfice d’un permis B de réfugié. Lorsque son conseiller en intégration lui a proposé de suivre une formation professionnelle, le migrant a opté pour la mécanique dans le domaine automobile. «J’avais envie d’apprendre un métier qui m’aide non seulement en Suisse, mais aussi chez moi, au Kenya, où je vais peut-être rentrer un jour», expose ce père de trois enfants.

L’apprenti se dit à l’aise dans l’atelier de Matran. «J’aime travailler en équipe, résoudre des problèmes et effectuer des tâches manuelles», énumère le mécanicien kényan, qui profite de perfectionner son français au contact de ses collègues de travail ou de ses camarades de cours (un jour par semaine).

Autre apprenti du garage Lacilla, Christopher effectue, lui, un apprentissage de gestionnaire de commerce de détail de trois ans, qui débouchera sur un certificat fédéral de capacité (CFC). Le jeune homme d’origine angolaise gère le stock de pièces détachées et enregistre les commandes des clients. Après une scolarité un peu difficile, le jeune homme cherchait sa voie. «J’avais des problèmes à savoir ce que je voulais faire», expose-t-il.

Speed dating décisif

Christopher finit par intégrer la PréFo, le programme d’accompagnement d’adolescents et de jeunes adultes de l’association REPER. Le jeune homme, qui dit avoir envoyé, en vain, une cinquantaine de demandes pour obtenir une place d’apprentissage, fait la rencontre des patrons du garage Lacilla lors d’une soirée speed dating permettant aux jeunes de rencontrer des employeurs potentiels. «Beaucoup d’entreprises n’entrent pas en matière pour un jeune qui a suivi la voie exigences de base au cycle d’orientation. Pour nous, dès le moment où un jeune a la passion du métier, il doit avoir sa chance. Christopher a tellement insisté que nous avons accepté de lui proposer un apprentissage», confie Corinne Lacilla.

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