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Canton

Un écrivain passeur d’histoires

Claude Maier, écrivain, poète et «rêveur» est trésorier de la nouvelle bibliothèque de Cressier

L’écrivain et poète Claude Maier vient d’être nommé trésorier pour l’association de la bibliothèque de Cressier.

 Nicole Rüttimann

Nicole Rüttimann

25 mars 2023 à 02:01

Cressier » On le sent ici comme à la maison. Le romancier, poète et «rêveur» Claude Maier évolue tel un poisson dans l’eau dans ce lieu chaleureux invitant au voyage: la bibliothèque Le Cheval Savant, à Cressier, et son association du même nom dont il a été nommé trésorier. L’espace rouvre aujourd’hui ses portes au public dès 16 h, sous une nouvelle forme, et avec un comité motivé à entendre le romancier: «J’aimerais y lancer des ateliers d’écriture et soirées lecture avec mes écrits ou ceux de collègues de la Société fribourgeoise des écrivains», sourit-il. A 74 ans, il ajoute ainsi une nouvelle corde à un arc étoffé, du journaliste-photographe au manœuvre, du volontaire en Colombie à l’employé de l’Office de la statistique, jusqu’à l’écrivain, qui vernira son 7e ouvrage le 29 avril.

Littérature-évasion

Au départ, il y a la passion de la littérature qui libère un enfant timide mais à l’imagination foisonnante. «Avant même de savoir écrire, j’écrivais en phonétique!» rit-il. Un moyen d’évasion pour le jeune Claude, troisième d’une fratrie de quatre, qui naît et grandit à Berne dans un milieu «un peu rigide», cadré par des parents fervents catholiques. Bilingue de par sa maman suisse allemande et son père francophone, Claude en hérite aussi sa prédisposition pour les lettres: sa mère travaille dans une papeterie et son père, juriste à la Confédération, adore lire et créer des histoires: «Nous baignons dans les récits de Robinson Crusoé et feuilletons de La Liberté qu’il découpait et lisait.»

Après sa scolarité primaire à Berne, il entre à l’internat à Fribourg, dans la communauté des Missionnaires de Bethléem: «Mon père aurait voulu que je sois missionnaire.» S’il apprécie la vision des Pères de Bethléem, il tournera un temps le dos à la religion, «dégoûté» par des aspects allant à l’encontre de ses convictions, soit une église cultivant l’amour du prochain et luttant contre les injustices. «Dieu n’est pas injuste et n’est pas là que pour les catholiques, il veut pour tous la même chose.»

Au sortir du Collège Saint-Michel, il cherche à concrétiser son rêve de devenir reporter-photographe et allier ainsi ses passions du voyage, de l’humain et de l’art. Il obtient en 1970 un certificat à l’Institut de journalisme à Fribourg et travaille pour des illustrés romands avant de s’engager dans le travail social, à Fribourg, en France, et durant 6 ans en Colombie à raison de deux séjours. Entre-temps, il travaille dans une institution religieuse pour filles, au Service information Tiers-Monde à Berne, ou encore réalise un documentaire «sensible» sur l’impact du barrage d’Itaipu, au Brésil. En Colombie, il œuvre à un projet de coopération à Policarpa, au sud du pays, avec les Pères de Bethléem et Frères sans frontière. Féru d’histoire, il rédige celle de Policarpa, se bat contre les discriminations, et cofonde un centre pour enfants. Mais tout n’est pas rose dans un pays où la confrontation avec la mort est quotidienne, note-t-il. «Cette expérience a marqué mes activités littéraires.» Il s’occupe aussi de l’administratif et comptabilité, tâches qui lui seront souvent attribuées: «J’ai fait 25 ans à la Commission financière de Cressier et me voilà trésorier de la bibliothèque alors que je déteste les maths», s’amuse-t-il.

Retour difficile

D’autres difficultés l’attendent à son retour, à 36 ans. Séparé, il est seul avec ses trois enfants, dont une fille adoptée. Il se lance comme journaliste pour la première radio locale de Fribourg, Radio Sarine. Il jongle entre bulletins d’informations, soins à ses enfants et traductions pour arrondir ses fins de mois. «Nous avons eu faim certains Noëls.» Il travaille comme manœuvre sur un chantier. Puis, en 1987, c’est le Graal: un emploi stable à l’Office fédéral de la statistique, à Berne, puis à Neuchâtel. «Je touchais pour la première fois un salaire vivable.» Il peut enfin profiter de ses loisirs pour s’adonner à l’écriture.

Il sort un premier roman en 2003, suivi de six autres publications allant de la poésie et photos aux «fictions basées sur des rêves». «Heureux retraité depuis 2013, il assure se retrouver enfin», et profiter de la vie avec sa compagne. «Chaque étape m’a aidé à me connaître mieux, il fallait passer par là pour comprendre.» Ses rêves désormais? Faire le vernissage de son livre accompagné en musique par son fils aîné. Et peut-être sortir un recueil de nouvelles autour de sa récente expérience des sites de rencontres, avance-t-il, souriant: «Contrairement à quand j’étais enfant, je n’ai plus peur de m’exprimer ou de faire le premier pas. L’écriture a été un vecteur. J’espère pouvoir contribuer à transmettre cela aux visiteurs de la bibliothèque de Cressier.»

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