Projet de centre de biomasse à revoir
La Confédération refuse l’extension d’un site de compostage à Galmiz. Des variantes sont à l’étude
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Lise-Marie Piller
23 mars 2021 à 02:01
Recyclage » Parfois, des projets liés au développement durable se cassent les dents sur la loi. C’est ce qu’indique la réponse du Conseil d’Etat à une question posée par les députés André Kaltenrieder (plr, Sugiez) et Katharina Thalmann-Bolz (udc, Morat). Tous deux s’interrogeaient sur l’avenir du projet de centre de biomasse et de parc énergétique envisagé à Galmiz par la société Installation de compostage Seeland SA, estimé entre 10 et 20 millions de francs. Pour rappel, l’idée est d’étendre le site existant, qui est la plus grande zone de compostage à ciel ouvert en Suisse, selon son patron Christian Haldimann. La surface passerait de 17 500 m2 à 66 000 m2, ceci afin de produire de l’énergie durable pour 20 000 personnes par année.
Bien que le canton soit très favorable au projet, la Confédération l’a rejeté lors de son examen de la fiche qui lui est attribuée dans le plan directeur cantonal. Car cette extension ne respecte pas le droit fédéral en matière d’aménagement du territoire. En clair, elle aurait dû être planifiée dans une zone d’activité en continuité des zones à bâtir existantes. Or, le site de Galmiz se trouve dans un lieu isolé.
Touché mais pas coulé
Si le projet d’extension est touché et s’il a déjà été retiré du plan directeur cantonal, il n’est pas coulé pour autant. Diverses variantes sont étudiées. «Certains secteurs du site de Galmiz sont déjà en zone, ce qui rendrait possible une partie de l’extension. On peut dès lors se demander s’il est envisageable de subdiviser l’activité de la société sur deux sites: à Galmiz et ailleurs», explique Jean-François Steiert, conseiller d’Etat chargé de l’Aménagement, de l’environnement et des constructions. Il n’en dit pas plus sur les autres emplacements potentiels.
Le canton n’aurait-il pas dû voir la non-conformité avec le droit fédéral? «La réponse de la Confédération nous a surpris. Nous l’avions consultée et elle nous avait demandé une étude d’évaluation des différents sites possibles, ce qui a été fait. Nous pensions que l’entreprise et la région avaient suffisamment justifié l’emplacement. Mais la Confédération a été d’un autre avis», explique Giancarla Papi, cheffe du Service des constructions et de l’aménagement.
Pour sa part, Christian Haldimann reste confiant. «Nous avons du temps, ce n’est pas un projet qui doit se réaliser tout de suite», assure-t-il, précisant que l’idée a été lancée il y a dix ans. Il n’en dit pas plus sur les pistes étudiées et trouve dommage que le projet soit mis à mal par un problème légal alors qu’il s’agit d’un engagement pour le futur et le développement durable. Le montant investi jusqu’à maintenant? Environ 1 million de francs. «Nous avons fait 1000 pages d’études», précise le patron. Rappelons que le projet, actuellement suspendu, fait l’objet de deux oppositions de Pro Natura Fribourg concernant l’extension en elle-même et la modification de l’accès routier au site.
Un postulat déposé
Le canton est désormais sur le qui-vive concernant les installations liées à la gestion des déchets. Comme le rappelle Jean-François Steiert, le projet d’une centrale de biogaz à Franex a aussi été stoppé par le Tribunal fédéral pour des raisons d’aménagement du territoire. «Nous avons préparé un postulat avec la conseillère aux Etats Johanna Gapany», indique le conseiller d’Etat. Le texte a récemment été accepté et le Conseil fédéral va y répondre, explique Giancarla Papi, qui ajoute: «Nous voulons savoir si des extensions ou des mises en zone sur des sites isolés sont envisageables pour certaines entreprises actives dans la gestion de déchets.»
Car ces entreprises sont souvent mal-aimées alors qu’elles sont nécessaires. Il faut dire qu’elles occupent beaucoup de surface, génèrent peu d’emplois et décourageraient l’implantation d’autres sociétés, selon la cheffe de service: «Un voisin qui stocke des déchets ne représente pas la meilleure image de marque.» Il y a aussi d’éventuelles nuisances sonores ou olfactives. Selon Giancarla Papi, si certaines communes étaient réticentes à accueillir de telles entreprises dans leur zone d’activité, elles n’auraient en revanche aucun problème à leur créer une zone isolée. La réponse aux deux députés indique également qu’une coordination intercantonale sera intensifiée pour des projets comme celui de Galmiz.
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