«Nos diplômés ont tous du travail»
La Haute Ecole de santé de Fribourg a remis hier ses premiers masters en ostéopathie
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Nicolas Maradan
6 décembre 2019 à 02:01
Santé » La Haute Ecole de santé de Fribourg a remis hier ses vingt premiers diplômes de master en ostéopathie. Interview de Pierre Frachon et Sandro Fossetti, doyens de la filière.
Il y a deux ans, au moment de lancer ce master, la Suisse avait besoin de 1500 ostéopathes supplémentaires. Connaissons-nous toujours la même pénurie?
Pierre Frachon: Il ne s’agit pas de trouver 1500 ostéopathes supplémentaires mais bien du besoin pour ces prochaines années en tenant compte du renouvellement des ostéopathes qui sont déjà installés et qui vont partir à la retraite.
Il y a tout de même une pénurie?
PF: Il y avait une pénurie, car il n’y avait plus d’école en Suisse. Désormais, l’offre de formation répond davantage aux besoins.
Les Romands sont plus friands d’ostéopathie que le reste de la Suisse. D’après l’Office fédéral de la statistique, 21% de la population y recourent côté francophone, contre respectivement 6% et 5% en Suisse alémanique et au Tessin. Pourquoi?
PF: Historiquement, l’ostéopathie s’est d’abord implantée en Suisse romande durant les années soixante. Et n’est arrivée outre-Sarine qu’au début des années nonante. Aujourd’hui, deux tiers des ostéopathes exercent en Romandie, ce qui couvre plus ou moins les besoins. Mais un rattrapage se fait en Suisse alémanique, où la demande est très forte.
Les vingt étudiants qui viennent de recevoir leur diplôme ne vont donc pas avoir de mal à trouver du travail?
Sandro Fossetti: Tous ont déjà trouvé une place et ont déjà commencé à travailler, en l’occurrence dans des cabinets privés.
Cette formation est unique en Europe. Les diplômés ne risquent-ils pas d’être convoités par l’étranger?
PF: C’est effectivement la seule école en Europe qui soit une école publique. Du coup, les frais d’écolage sont nettement inférieurs à ceux d’un établissement privé. Pour une année, cela représente 1200 francs. Dans le privé, c’est dix fois plus. Cela dit, ces écoles privées forment suffisamment d’ostéopathes en Europe. Le risque que nos diplômés partent à l’étranger est donc faible.
SF: En outre, l’ostéopathie est très bien reconnue en Suisse. Et elle le sera encore plus avec la nouvelle loi fédérale sur les professions de la santé. Dans le reste de l’Europe, notre discipline ne bénéficie pas de la même reconnaissance.
Que va amener ce changement législatif au niveau fédéral?
SF: La nouvelle loi exige de détenir un master pour pouvoir pratiquer l’ostéopathie. Cela va apporter davantage de sécurité, à la fois pour le patient et pour le praticien. Au départ, l’ostéopathie était tolérée, puis elle a été officiellement autorisée. Désormais, notre profession sera régie par une loi. Et c’est vraiment un grand pas en avant.
Ce nouveau diplôme va-t-il permettre de rapprocher l’ostéopathie du monde médical, qui la toise parfois avec un brin de condescendance?
SF: Nous avons voulu construire notre master de manière innovante en nous rapprochant des institutions du domaine de la santé. Nos étudiants peuvent ainsi faire des stages dans des hôpitaux ou des établissements médico-sociaux (EMS), par exemple.
PF: Avant, l’ostéopathie n’était absolument pas présente dans les institutions du domaine de la santé, au contraire d’autres disciplines comme la physiothérapie. Depuis deux ans, c’est en train de changer. Notre profession commence à s’implanter dans ces milieux-là.
Est-ce que dans un futur proche l’ostéopathie pourrait être reconnue par l’assurance de base?
PF: Pour pouvoir intégrer le cadre de la loi fédérale sur l’assurance-maladie, il faut pouvoir prouver l’efficacité économique de la prise en charge ostéopathique pour des cas bien particuliers. Ce qui implique de faire de la recherche. Et justement, en étant intégrés à une haute école, nous pouvons maintenant développer un pôle de recherche. Mais tout cela va prendre du temps.
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