Logo

Canton

«Mes larmes ont sauvé ma douceur»

L’aumônière Corinne Gossauer-Peroz, qui habite à Faoug, publie Au creux de l’être, vivre sans enfant

Corinne Gossauer-Peroz n’a pas pu avoir d’enfant. Elle est passée par des années sombres avant de retrouver l’apaisement.

Delphine Francey

Delphine Francey

23 février 2022 à 19:37

Temps de lecture : 1 min

Broye » Après avoir abordé le monde des personnes âgées dans Garde-moi vivant! Vieillir et le dire, l’aumônière en EMS Corinne Gossauer-Peroz publie son troisième livre intitulé Au creux de l’être, vivre sans enfant. La Franco-Suisse âgée de 57 ans, qui s’est établie depuis cinq ans à Faoug et qui a été protestante avant de devenir catholique, partage son cheminement de femme sans enfant en alternant réflexions et textes poétiques. Sans avoir été confrontée aux fausses couches, l’auteure relaie également les témoignages des initiatrices de l’équipe vaudoise Des étoiles dans le cœur, qui propose un accompagnement non confessionnel des deuils périnataux. Son discours se veut universel, il n’est donc pas religieux.

Vous avez choisi d’aborder le sujet délicat de l’infertilité et de la stérilité, source de souffrances. Pourquoi ce choix?

Corinne Gossauer-Peroz: Parce que c’est un sujet délicat, qui reste tabou. Il est donc important d’en parler. Beaucoup de femmes vivent cette épreuve douloureuse. Ce sujet reste tabou car il touche à la sexualité, à l’intime. Nous vivons aussi dans une société axée sur la performance où tout doit fonctionner. L’infertilité est une non-performance, qui peut être vécue comme un échec et comme un deuil à traverser. Aujourd’hui encore, à 57 ans, on me demande si j’ai des enfants. C’est une question récurrente d’une société qui érige la parentalité comme modèle. J’ai mis du temps à en parler, mais lorsqu’on commence à le faire, la charge émotionnelle diminue.

Comment avez-vous vécu cette vie sans enfant?

Les premières années de vie de couple, vous êtes observés par l’entourage qui guette l’annonce d’une grossesse. Les tentatives d’avoir un enfant sont infructueuses. C’est le désert. Ce désir devient ensuite une obsession. Les proches ont un avis, un conseil ou une légende urbaine sur ce blocage inconscient et mystérieux. Le plus dur est d’affronter le regard des autres et de garder le dialogue au sein du couple. On se sent anormal, coupable, seule. On ne répond pas à une norme. A la quarantaine, il faut faire face à l’épreuve de l’horloge biologique. L’espoir d’avoir un enfant s’amenuise. Après des années sombres auxquelles s’est ajouté le divorce, j’ai retrouvé l’apaisement en écrivant pour moi. J’ai également pu parler de sexualité avec des femmes plus âgées. Les souffrances des autres ont rejoint la mienne.

J’ai toujours aimé la vie, et j’ai soigné ce qui est vivant en moi en allant par exemple visiter les musées et me baigner dans les sources d’eau chaude pour sentir mon corps. Pleurer, et donc extérioriser mes émotions, m’a également beaucoup aidé. Mes larmes ont sauvé ma douceur et ma sensibilité. J’ai aussi réalisé qu’on idéalise la vie des autres. On peut souffrir même en ayant des enfants. Bien entendu, la spiritualité m’a beaucoup aidée, mais je ne l’aborde pas dans mon livre.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus