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Lothar, 20 ans plus tard

Les forêts, un avant et un après

Après Lothar, les forêts se sont globalement bien reconstituées, mais elles ont changé de visage


 Nicole Rüttimann

Nicole Rüttimann

22 juillet 2019 à 21:45

Lothar, 20 ans plus tard (2/6) » Tout l’été, La Liberté arpente les forêts du canton, vingt ans après la «tempête du siècle».

Il y a 20 ans, des milliers d’arbres étaient détruits par la tempête Lothar dans le canton de Fribourg, l’un des plus touchés. Que sont devenues ces forêts? «Au vu de l’ampleur de la catastrophe, nous nous en sommes bien sortis! L’effet a été globalement positif», constate Bertrand Zamofing, forestier au 1er arrondissement de la Sarine. «Nous avons beaucoup appris de Lothar.» Aujourd’hui, «90% des surfaces forestières sont reconstituées, grâce notamment à l’investissement des pouvoirs publics et des propriétaires». Et des réserves ont été créées à certains endroits, interdisant toute exploitation durant 50 ans. Les forêts, estime Bertrand Zamofing, «sont davantage prêtes à répondre aux événements et attentes de la société».

«Lothar a provoqué de nombreux changements, fait écho Dominique Schaller, chef du Service des forêts et de la nature (SFN), dans la gestion forestière, dans l’exploitation des bois, avec l’arrivée d’une mécanisation plus importante, mais aussi dans les essences forestières.» Si avant «nous avions entre 70 et 80% de résineux dans les forêts du Plateau fribourgeois, la proportion s’est presque inversée avec aujourd’hui 60 à 70% de feuillus». Ce en raison de diverses mesures prises: les forestiers ont autant que possible «favorisé le rajeunissement naturel des forêts en lieu et place de plantations. Et ont développé de nouvelles techniques de soins aux jeunes forêts, favorisant les individus stables et les essences adaptées à la station.»

Au niveau gestion, l’ouragan a donné un «coup d’accélérateur» dans la concrétisation de la nouvelle organisation forestière du canton, relève Dominique Schaller. Forestiers et propriétaires forestiers publics se sont unis pour être plus efficaces, et «collaborent pour permettre aux forêts fribourgeoises de remplir leurs fonctions de production de bois, de protection des populations et des infrastructures, refuge de la biodiversité et d’accueil du public».

« Nous sommes mieux préparés à affronter de tels événements »

Dominique Schaller

La gestion des forêts privées reste plus délicate, le propriétaire n’étant pas tenu d’exploiter, note Dominique Schaller: «Cela donne une grande disparité dans la gestion et peut poser parfois problème, notamment lorsqu’il y a une nécessité d’intervenir à la suite d’un coup de vent ou d’attaques par le bostryche.» Mais les privés rejoignent peu à peu les corporations forestières, relève Bertrand Zamofing: «En un an, 150 d’entre eux se sont inscrits à Forêt Sarine.»

Des essences ad hoc

Faire face au bostryche ou au vent, c’est la situation qu’ont connue les acteurs de la forêt après Lothar, et qui a conduit à un changement d’essences. Avant l’ouragan, en effet, des épicéas ont été plantés «un peu partout sur le Plateau suisse», dans une visée de rentabilité: leur bois pousse vite et ses usages sont multiples, explique Bertrand Zamofing. Mais l’épicéa, qui pousse dans les Préalpes et Alpes, mal adapté à la plaine, souffre. Et composée de cette seule essence, la forêt est plus vulnérable, notamment face au bostryche typographe, qui s’attaque aux arbres affaiblis.

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