Logo

Canton

Les enfants exposés à la violence domestique

La violence conjugale affecte aussi les enfants, et leur statut de victime est aujourd’hui pris en compte. Faut-il dès lors retirer les droits de visite du parent violent? Débat

Lors de ses interventions, lorsqu’un enfant est présent, la police cantonale lui offre un ours en peluche.

 Magalie Goumaz

Magalie Goumaz

5 janvier 2023 à 12:24

Temps de lecture : 1 min

Famille » L’autorité parentale conjointe et le droit de garde sont en train de tomber de leur piédestal. Ces principes sont en effet remis en question dans les situations de violences conjugales. «La coparentalité est louable mais inapplicable dans ces cas-là», estime Géraldine Morel, collaboratrice scientifique au Bureau de l’égalité et de la famille du canton de Fribourg.

Le débat est d’actualité. Géraldine Morel a participé à la rédaction d’un guide, Violence domestique: quel contact après la séparation des parents, présenté récemment lors d’un colloque organisé à l’Université de Fribourg. L’ouvrage s’adresse notamment aux juges, curateurs et assistants sociaux. Il a été réalisé sur mandat des Conférences des directeurs cantonaux de justice et police et des affaires sociales. Il donne aux professionnels des outils pour être capables de prendre des décisions dans l’intérêt de l’enfant. «Nous ne disons pas qu’il faut supprimer tous les droits d’un parent, mais les questionner et être plus exigeant. Si on ne le fait pas, un jour on devra s’excuser auprès des enfants qu’on a forcés à voir un parent», poursuit la spécialiste.

«Je n’oublierai jamais»

«Nous ne disons pas qu’il faut supprimer tous les droits d’un parent, mais les questionner et être plus exigeant»
Géraldine Morel

«Papa a frappé maman avec l’oreiller. J’ai des images en tête que je n’oublierai jamais», «A chaque fois que je revenais à la maison, j’avais peur qu’il explose». «Mon père a toujours menacé de nous tuer. J’étais convaincu que je ne valais rien.» Ces témoignages ont été enregistrés par la fondation Protection de l’enfance Suisse afin de montrer à quel point les enfants sont marqués, même si la violence n’était pas directement dirigée contre eux.

L’enfant est affecté de multiples manières, explique Géraldine Morel. «Il est confronté à la mort dans un endroit qui devrait être protecteur. Les conséquences sur sa santé physique et psychologique sont nombreuses. Une étude démontre que son état de stress et d’angoisse peut être comparable à celui d’un enfant dans une ville en guerre», détaille-t-elle. Troubles alimentaires ou du sommeil, dépressions, difficultés relationnelles avec ses parents et son entourage, etc. «Même s’il n’est pas visé, même s’il n’est pas témoin direct, l’enfant vit dans une dynamique familiale négative, qui va marquer sa vie et qu’il risque de reproduire», poursuit la spécialiste.

Dans ce contexte, maintenir à tout prix le contact entre un enfant et le parent qui s’est rendu coupable de violences peut avoir plusieurs effets: prolonger la souffrance de l’enfant alors qu’il aurait besoin d’un cadre sécurisant, mais également maintenir une certaine dépendance au sein du couple.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus