Les élus font un petit pas pour le climat
Le Grand Conseil est unanime sur le Plan climat cantonal mais se déchire pour en faire davantage
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Magalie Goumaz
11 septembre 2021 à 04:01
Réchauffement » Le canton de Fribourg a son Plan climat cantonal, doté d’une enveloppe de 22,8 millions pour cinq ans. Depuis hier, les députés reconnaissent également l’imminence de la menace que représentent le réchauffement climatique et la pollution, et ont adopté une résolution à ce propos. Mais ils ont refusé d’en faire plus et rejeté des propositions plus ambitieuses, au grand dam des militants de la cause climatique. Récit d’une matinée qui a commencé dans l’harmonie pour se terminer par un combat entre la gauche et la droite.
1. Le Plan climat et ses 115 mesures
Le Plan climat cantonal contient 115 mesures. Quelque 22,8 millions de francs y seront consacrés, dont 1,8 million a déjà été engagé pour l’année 2021. Hier, le Grand Conseil a accepté par 93 voix contre une de libérer les 21 millions restant nécessaires jusqu’en 2026. Présidente de la commission qui s’est penchée sur le projet, la verte Christa Mutter (Fribourg) a fait le calcul: ce montant représente près d’un millième du budget annuel de l’Etat pour une tâche jugée prioritaire.
Les députés ont reconnu que le montant était modeste alors que les objectifs sont ambitieux: réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030 et parvenir à la neutralité carbone pour 2050. Un bilan carbone sera effectué tous les cinq ans pour ajuster le tir où c’est nécessaire.
Au nom du groupe UDC, Roland Mesot (Châtel-Saint-Denis) estime que le premier paquet présenté est «équilibré et pragmatique» et a averti que son parti n’approuvera pas un projet qui va au-delà. A l’opposé, François Ingold (v-cg, Fribourg) s’est dit déçu. «La maison brûle, et nous sommes en train de choisir le modèle d’extincteur», lance-t-il.
Au milieu, Susanne Aebischer (Le Centre, Courgevaux) a rappelé l’importance de soutenir ce premier Plan climat cantonal à l’unanimité.
Une proposition de Bruno Marmier (v-cg, Villars-sur-Glâne) d’augmenter le crédit de 15 millions a ainsi été rejetée par 59 voix contre 37 et une abstention. De même que l’idée défendue par Christel Berset (ps, Fribourg) d’accélérer la mise en œuvre en concentrant les dépenses prévues jusqu’en 2023, et de renouveler le crédit pour la suite. Au final, c’est donc le projet du gouvernement, également défendu par la commission, qui s’est imposé. Mais Antoinette de Weck (plr, Fribourg) aurait souhaité que ce Plan climat soit soumis en même temps que le futur projet en faveur de la biodiversité. Son collègue de parti Jean-Daniel Schumacher (Fribourg) l’a dit encore plus clairement: «Zéro carbone, c’est une bonne idée. Mais il nous faudra trouver des solutions qui ne passent pas par des pales.»
2. La motion à 500 millions
Les militants pour le climat avaient conscience que leur motion populaire demandant d’investir 500 millions de francs sur dix ans pour des mesures en faveur du climat avait peu de chance de passer la rampe. D’autant plus que le Conseil d’Etat leur a répondu qu’en tenant compte de toutes les sommes investies en faveur des transports publics et de la mobilité douce, de l’assainissement des bâtiments ou encore de la durabilité, le canton y était presque.
Chef du groupe UDC, Nicolas Kolly (Essert) a cependant vivement réagi. «Ce que vous demandez se fait déjà. Ce qui bloque cette transition, ce ne sont pas les moyens financiers mais les écologistes extrêmes qui s’opposent à la future route Marly-Matran alors qu’elle promeut la mobilité douce, au rehaussement des barrages, aux éoliennes dans les Préalpes, au nucléaire qui génère peu d’émissions. Ils ont aussi tenté de mettre à genoux notre agriculture avec leurs initiatives. Un peu moins de cris effarouchés et un peu plus d’introspection ne leur ferait pas de mal», a-t-il lancé.
«Je ne peux pas laisser Nicolas Kolly dans un tel état de stupeur et d’excitation, lui a répondu le socialiste Pierre Mauron (Riaz). L’heure de la tisane calmante a sonné, et même deux», lui a-t-il conseillé. Au final, la motion a été rejetée par 52 voix contre 33 et une abstention.
3. Des résolutions face à l’urgence
Deux résolutions étaient également à l’ordre du jour, hier matin. Celle de la gauche proposait que le Grand Conseil proclame l’urgence climatique. Tout simplement. «Cette résolution n’implique ni changement ni interdiction. Elle vise à reconnaître l’urgence. C’est une manière de dire: nous vous entendons», a expliqué David Bonny (ps, Prez). La proposition a été refusée par 41 voix contre 30 et une abstention.
Au nom du club de la durabilité, Susanne Aebischer a présenté une autre résolution, moins alarmiste, suggérant que le Grand Conseil déclare «l’urgence d’agir contre la menace qui pèse sous forme du réchauffement climatique et de la pollution sur notre habitat et notre biodiversité, et privilégie les solutions qui prennent en compte les dimensions de la durabilité». Elle a été acceptée par 48 voix contre 8 et 7 abstentions.
Jean-Daniel Schumacher a regretté cette double démarche, «qui donne une mauvaise image»… à quelques semaines des élections cantonales.
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