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Canton

Les anges gardiens de la réserve

Les ambassadeurs-nature parcourent la Grande Cariçaie à vélo pour sensibiliser les visiteurs

Gilbert Bavaud et Carmen Sangin vont à la rencontre des visiteurs dans la Grande Cariçaie pour leur rappeler les règles, les informer ou encore répondre à leurs questions.

 Chantal Rouleau

Chantal Rouleau

25 août 2023 à 04:01

Lac de Neuchâtel » Dans la Grande Cariçaie, la faune et la flore cohabitent avec les touristes, les baigneurs et autres amoureux de la nature. Pour que les réserves naturelles – qui abritent quelque 800 espèces végétales et 10 000 espèces animales – soient préservées, certaines règles doivent être respectées. Afin de sensibiliser la population, l’Association de la Grande Cariçaie, qui gère les réserves et informe le public, a engagé des ambassadeurs-nature, qui vont au-devant des visiteurs et servent d’interface avec le public.

Les ambassadeurs interviennent sur trois zones de la rive sud du lac de Neuchâtel, ce qui correspond à 2300 hectares, sur les 3000 que comptent les réserves naturelles. La première zone s’étend d’Yverdon-les-Bains à Cheyres, la deuxième, de Font (commune d’Estavayer) à Chevroux, puis de Gletterens à La Sauge (Cudrefin). Neuf ambassadeurs, un binôme par jour durant la belle saison, se partagent le territoire et agissent tels des anges gardiens. Ce jour-là, Gilbert Bavaud, enseignant de maths et de sciences à la retraite, et Carmen Sangin, qui a une formation en sciences de l’environnement avec une spécialisation en biodiversité, parcourent à vélo la deuxième zone. Cela correspond à une vingtaine de kilomètres (l’aller et le retour) sur une journée, qui commence à 11 h pour se terminer vers 19 h. La Liberté les a accompagnés depuis Estavayer-le-Lac jusqu’à la plage de Forel.

Chiens en laisse

Après avoir traversé la Vieille-Ville staviacoise, les deux guides, qui font ce travail pour la deuxième année consécutive, descendent au bord du lac et traversent la Nouvelle Plage sans s’arrêter – puisqu’elle ne fait pas partie de la réserve naturelle – avant d’emprunter un chemin dans la forêt. Prochain arrêt: la plage de la Corbière. Carmen Sangin sort une fiche sur laquelle elle note le nombre de personnes présentes, indique s’il y a eu des infractions et différentes observations. «Cela permet d’avoir une vision globale de ce qui se passe dans la réserve, ainsi que l’affluence», explique-t-elle. A moyen terme, cela permettra d’avoir une idée de l’influence des ambassadeurs sur le comportement des gens.

Carmen Sangin emprunte un petit sentier longeant la plage avant de revenir rapidement sur ses pas. «Gilbert, peux-tu m’aider? Il y a un chien, et je ne sais pas s’il est en laisse ou non», demande-t-elle à son binôme, avant de préciser en aparté: «Je ne suis pas très à l’aise avec les chiens.» Son collègue prend donc les devants, puis tombe face à face avec un énorme spécimen canin qui aboie et s’approche de plus en plus. Allongée sur la plage, sa propriétaire lui indique de se calmer, avant de se lever pour le maîtriser. Gilbert Bavaud lui explique qu’étant dans une réserve naturelle, les chiens doivent impérativement être tenus en laisse, afin de ne pas effrayer la faune. «Désolée, je n’étais pas au courant. Je ne pensais pas que c’était un problème puisque je suis seule», assure la fautive en attachant son toutou. «Il est sûrement très gentil, mais il fait un peu peur», commente l’ambassadeur, avant de revenir sur ses pas.

Paddle dans les règles

Les ambassadeurs-nature n’ont pas un rôle de police et ne donnent pas d’amende. «Notre but est d’informer les gens, de les sensibiliser. Souvent, ils ne savent pas qu’ils sont dans une réserve naturelle ou ne connaissent pas les règles», souligne Carmen Sangin. Et son collègue d’ajouter: «Il n’y a plus beaucoup de roselières en Suisse. Pour les oiseaux migrateurs, c’est l’un des seuls endroits où ils peuvent s’arrêter. Les gens doivent être conscients que c’est exceptionnel. Ils peuvent s’amuser, mais tout en sachant qu’ils sont dans un sanctuaire dédié à la nature.»

Retour sur les vélos pour se rendre à la plage d’Autavaux. Personne à l’horizon à l’exception de quelques harles et d’un goéland leucophée. Carmen Sangin s’installe sur la plage pour noter ses observations, puis examine le lac à travers ses jumelles. «Je regarde s’il y a des paddles qui sont trop près des roseaux et si les bateaux sont bien dans la zone de navigation», indique-t-elle. Les paddleurs, qui sont de plus en plus nombreux chaque année, font partie du public cible des ambassadeurs. Souvent, ceux-ci ne sont pas au courant des règles, qui sont les mêmes que pour toute autre petite embarcation. Ils ne doivent notamment pas s’approcher à moins de 25 mètres des roseaux et rester en dehors des zones délimitées par les bouées.

Le job idéal

A la plage de Forel, le binôme tombe justement sur un couple qui gonfle une planche. «Vous connaissez les règles à suivre en paddle?» demande Gilbert Bavaud en distribuant des prospectus. Un peu plus loin, un groupe d’amis partage un repas. Après leur avoir demandé d’attacher leur chien en laisse, l’enseignant retraité leur rappelle, après avoir observé les restes grillés de leur repas, que les grillades sont interdites. «Nous avons utilisé les grills à disposition. Nous sommes de la région, nous connaissons les règles», répondent les pique-niqueurs.

Après avoir noté leurs observations, Carmen Sangin et Gilbert Bavaud reprennent leur vélo pour se rendre à la prochaine destination. «Nous sommes à l’extérieur, dans la nature, et nous rencontrons des gens. Pour moi, c’est le job idéal», sourit Carmen Sangin avant de partir en pédalant.

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